Changement de décor
10 février 2006Nouvelle carosserie, moteur flambant neuf… mais le pilote est toujours aussi barré. Bienvenue à la maison dans Un soir de pluie et de vent nouvelle formule.
La photo du bandeau a été prise à New York, après la pluie, une fin d’après-midi de l’été 2002.
Attention, l’adresse de ce carnet a changé, pensez à mettre à jour vos liens et votre agrégateur. Une redirection est en place sur les anciennes adresses.
Exuviation
2 février 2006Le jour s’est levé. Le soleil m’a tiré d’un sommeil, dernier sommeil près de toi. Ce matin mon corps est lourd, gourd. Je le traîne hors du lit, lesté d’absence, pesant de souvenirs. Avec peine, je file sous la douche salvatrice. Tu t’es rendormie, un peu.
Je m’habille, péniblement. Bientôt prêt. Prêt à partir. Le ventre noué par l’instant qui approche. Je m’asseois près de toi, au bord du lit, pour un au revoir.
– Ça va ?
– Moyen…
J’ai besoin de te serrer dans mes bras. Les mots se bousculent dans ma tête. Ils planent, vautours verbaux, et je te serre contre moi en silence.
J’ai envie d’une vie écrite à quatre mains, d’une vie tracée à deux. Oui, je sais, tu ne peux pas m’offrir cela. Je ne peux pas te le demander. Je ne te le demande pas. Il faut juste que je parte. Besoin d’ailleurs.
Je cherche tes yeux du regard. Les miens débordent, ça y est. Je pleure sans bruit sur ton épaule.
C’était le contrat. Nous le savions dès le départ. Faisons, chacun, ce qu’il faut pour être heureux. Prends soin de toi.
Un dernier sourire échangé, un regard encore, et puis je file. Vite, sans me retourner, sans réfléchir, parce que j’ai besoin de sentir l’air glacial du matin me fouetter le visage. Parce que j’ai besoin que le vent endorme ma peau brûlée par les ruisseaux de larmes.
Putain que ça fait mal de faire ce qu’on sait devoir faire pour être heureux.
Secondes intercalaires
29 janvier 2006Lundi d’il y a deux ou trois semaines, sortie du bureau. La journée a été éprouvante, mais au moins je ne rentre pas trop tard. Mes jambes savent m’emmener toutes seules dans les couloirs du ventre de la ville. Tant mieux, ma tête est occupée à autre chose.
Un escalier mécanique. Un niveau après l’autre, je m’enfonce sous la terre à la lumière artificielle. Un coup d’œil à peine au tableau des trains au départ, quai trente-deux dans cinq minutes.
J’ai le temps de remonter le train à quai pour être près de la sortie à la prochaine station. Je lève rituellement les yeux vers le panneau lumineux. Départ, dix-neuf heures zéro sept.
Un escalier mécanique. Tiens, cette fois-ci, il monte. C’est étrange.
D’habitude, avant d’être sur l’escalier qui monte, il y a le signal sonore, les portes qui claquent, le train qui roule dans le tunnel. Il y a l’arrêt en station, descendre du train, croiser les voyageurs qui montent et la flaque d’eau sous la voûte qui fuit.
Mais là il y a juste le quai avant de partir. Et puis plus rien. Jusqu’à cet escalier qui monte. Je cherche les panneaux des lignes en correspondance. Manifestement, je suis bien arrivé. Il est dix-neuf heures onze. J’ai le mal de mer. Ça arrive, parfois, quand le temps est agité.
Ça arrive aussi à Jun.
La ligne cinq vers le Sud
22 janvier 2006Tu viens de croiser les visages matinaux de la gare de l’Est. Comme toi, les autres voyageurs ont des restes de nuit dans les yeux.
Accusés de réception
22 janvier 2006[…] une comédie musicalissime et drôlesque – L’écho des ragots
Le mystérieux Monsieur P., aventurier richissime, sera-t-il de la partie ? La réception du Grand Chambellan est l’événement stratégique du moment, car c’est là que Jack Collin-Parker espère obtenir le financement de sa pièce pour les grandes festivités royales. Mais Monsieur P. a bien d’autres soucis. Découvrira-t-il le secret de ses origines ? Et son amour de jeunesse, que fait-elle ici ce soir ?
La Grange et Compagnie est de retour à Paris pour sa saison hivernale 2006. Chic ! Ils présentent cette année une comédie musicale originale, Accusés de réception.
Ce sera les samedi 18 février à 20:30, dimanche 19 février à 17:30 et lundi 20 février à 20:30 au Théâtre de Ménilmontant[1].
Plein tarif : 9,50 € / étudiants, chômeurs, moins de 18 ans : 6,50 € / tarif de soutien : 12,50 €.
Informations et réservations : Jean-Sébastien 06 86 97 6408 / le site du spectacle.
Accusés de réception a été retenu parmi les 6 meilleurs scripts au concours SACD 2006 du festival de comédies musicales de Béziers, Les Musicals.
Notes
[1] 15, rue du Retrait – Paris XXe – métro Gambetta
Nous sommes tous des pornographes
18 janvier 2006C’est l’histoire de Garfieldd.
Garfieldd avait un blog. Il y avait, en ce temps-là, un lien qui pointait d’ici vers là-bas. Un lien qui voulait dire « je te lie parce que je te lis », parce que j’aimais lire le blog de Garfieldd. J’y trouvais sous chaque mot la trace de ce qu’il était : un humain.
Il me parlait, il nous parlait, de ses doutes d’humain, de ses désirs d’humain. Il nous parlait des garçons qui lui plaisaient, parfois. Oui, Garfieldd aime les garçons. Il l’a dit, comme chacun d’entre nous, blogueurs, avons pu dire nos envies, nos fantasmes, nos espoirs. Il l’a dit avec délicatesse, avec finesse, et jamais sous sa plume n’a coulé la vulgarité ou le déballage pour le plaisir du spectacle.
Garfieldd nous racontait son métier, aussi. Son métier de proviseur. Je ne connais pas les établissements dans lesquels il a exercé. Il ne les nommait pas, d’ailleurs. Je sais seulement qu’il vivait ce métier avec passion, avec engagement, avec à cœur de servir ses élèves et ses enseignants. Bien sûr, souvent il doutait. C’est inévitable lorsqu’on est constamment exigeant envers soi-même. Il était apprécié et respecté.
Aujourd’hui, Garfieldd est sous le coup d’une mesure de révocation prononcée par le ministre de l’Éducation nationale, au motif que son blog serait « pornographique » et que par conséquent Garfieldd aurait manqué au devoir de réserve.
Si parler de soi, avec de vrais bouts d’humanité dedans, c’est de la pornographie, alors je suis, comme Garfieldd, un pornographe.
Une pétition adressée au ministre de l’Éducation nationale pour lui demander de faire droit au recours gracieux déposé par Garfieldd est actuellement en ligne. Signons-là nombreux.
Laurent recense les billets évoquant cette décision inique.
Ajouté le 3 février 2006 : Le Ministre de l’Éducation nationale a annulé la décision de révocation. Garfieldd retrouvera à la rentré de septembre ses fonctions, ce métier qui lui tient à cœur. C’est bien pour lui. Et c’est mieux encore, je n’en doute pas, pour ceux qui le côtoieront dans son prochain établissement.
Old soul
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Un an plus tard Thomas, ce texte...