Archive pour juin 2006

Un cri dans la nuit

mardi 27 juin 2006

Vingt-sept juin. Après un printemps pourri, l’été a fini par arriver. Le soir, il fait tiède dehors, et la fenêtre est ouverte pour évacuer un peu de chaleur stagnante. Assis au bureau, je musarde sur le réseau dans un doux courant d’air frais. Tout est calme.

Soudain une clameur s’élève. Un cri de joie, primal. Une exclamation brève mais reprise par la foule dans chaque rue de la ville. Ouaaaaaaaaaaaais ! Un peu plus tard un autre, puis un troisième encore.

Maintenant cent mille gorges hurlent à la victoire. Cent mille bouches aux dents exhibées déchirent l’atmosphère. La meute s’enflamme et vocifère. Les cris de joie se muent en grondements. Le bruit dehors sent la haine et la violence déchaînées, et la peur ancestrale des hordes en furie étreint mon corps entier.

J’ai refermé la fenêtre, dernier rempart bien mince. Rentré dans mon cocon, à l’abri d’eux. Seuls leurs klaxons, maintenant, me rappellent que dehors, ils sont là qui ont pris possession de la rue. Ce sera une nuit en état de siège.

Le triomphe de l’homme contre les éléments

lundi 26 juin 2006

Malgré l’adversité et les mauvais augures. Passant outre le fait que j’avais oublié mon bonnet de bain tout neuf à la maison (maintenant, du coup, j’en ai un second en secours)… j’ai triomphé des pièges tendus par l’Univers tout entier, déjoué les chausse-trape et vaincu les destinées contraires !

Piscine, semaine 1 : 1 km en 30 minutes chrono, je suis content ! Les 50 m de crawl en guise de dessert ont encore été laborieux, mais j’étais déjà moins totalement épuisé à l’issue de l’ultime longueur de bassin. Et cette fois, je suis rentré avec mon sac à dos. Il s’agit maintenant de rentabiliser la carte de dix entrées dont j’ai fait l’acquisition. Si je me tiens à mes bonnes résolutions, elle ne devrait pas passer l’été.

Anima dangereuse

lundi 26 juin 2006

Mon âme est vagabonde, elle flotte et fuit toujours. Chienne errante, sans maître ni collier, elle divague de plus belle, rétive à toute amarre. Elle ne sait toujours pas où se trouve son bonheur et regarde autour d’elle, hagarde.

L’anima indocile tire sur son entrave. Féroce, toujours sauvage, pour l’apprivoiser il faut la museler. Malgré les tentatives de la domestiquer elle demeure insoumise, et ses crocs sont aigus. Prêts à mordre les cœurs qui passent à leur portée, à se planter dedans et à les déchirer. Ta main qui la caresse, prends garde qu’elle ne la morde. C’est une bête dangereuse.

Vivement ce soir qu’on se couche

mardi 20 juin 2006

À une heure passée du matin, après avoir dévoré un morceau généreux de bon gruyère suisse[1], je me pose un instant devant le clavier, un déca brûlant parfumant les parages. Malgré l’épuisement d’une courte nuit suivie d’une longue journée, je viens encore une fois sacrifier devant vous au rituel d’écriture. Qu’importe l’heure, en fait, qu’importe la fatigue. Je me condamne moi-même à vivre sans repos tant qu’il ne sera pas temps. Je n’ai pas un instant à perdre, j’ai une vie à vivre, et je ne peux me résoudre à dire au revoir aux vivants pour rejoindre les ombres d’un sommeil sans rêves.

Qu’importe la fatigue. Un jour je serai mort et là je dormirai.


  1. le vrai, celui qui n’a pas de trous

Brasse coulée

lundi 12 juin 2006

Après une journée de boulot caniculaire, le cerveau et les yeux à bout de fatigue, un peu de motivation qui passait opportunément par là  c’était l’occasion rêvée d’enfin mettre en pratique mes bonnes résolutions. Je me réjouissais d’avance à l’idée de ce billet que je signalerais chez Adrien.

Dont acte. Piscine[1], semaine zéro : 1 km, en une quarantaine de minutes, plus 50 m de crawl (25 pendant lesquels je me disais woah, trop facile, quelle endurance, 25 autres interminables où c’était plutôt tendance pitain c’est long cinquante mètres, où il est le mur, rhaaaa ?).

Charmante surprise : croisé Édouard dans les douches, qui se trouve habiter non loin et fréquenter assidûment l’établissement.

Mauvaise surprise : arrivé à la maison, heu, où est mon sac à dos ? Mystère. On saura demain matin si c’est aux vestiaires ou dans le RER que je l’ai oublié. Si d’aventure (on ne sait jamais !) toi lecteur tu l’as trouvé, sache qu’il y a dedans un maillot de bain, des lunettes de piscine, un bonnet de bain en silicone pas trop usagé et un Moleskine plein de notes intimes qui sont d’un intérêt limité pour tout autre que moi mais auquel je suis affectivement attaché. C’est bête, hein. Alors je te propose un deal. Tu gardes le matos de piscine, c’est cadeau pour ta peine. Et tu me permets de récupérer le carnet par tout moyen à ta convenance. Ça me consolerait, vraiment.

Un jour j’achèterai un neurone qui ne s’arrête pas dès qu’on le trempe dans l’eau, aussi.


  1. Suzanne-Berlioux, au Forum des Halles, car elle est ouverte à mes heures le soir.

Banlieue chaude

dimanche 11 juin 2006

L’après-midi se termine, écrasé de soleil. En face de moi, la vieille femme tricote un gilet de laine qui détonne par ce temps. Laide, trop maquillée. Le rouge s’étale en veinules capillaires dans les sillons des rides de sa bouche. Trop parfumée, c’est entêtant.

L’homme fatigué porte un costume sombre fatigué de forte laine. Comment fait-il pour tenir, par trente degrés à l’ombre, avec son chapeau épais ? C’est peut-être pour ça qu’il somnole. De son soulier s’échappe un lambeau de sac plastique de supermarché déchiqueté, en manière de chaussette. Il s’appuie sur sa béquille.

Des hommes et des femmes de toutes les couleurs tripotent leurs téléphones mobiles. Ça leur donne une contenance dans l’air surchauffé. L’enfant blonde raconte à sa mère blonde ses futurs voyages. Sa poupée blonde les observe, impassible.

Bus 304, Gennevilliers, juin 2006.

Cabaret

lundi 5 juin 2006

CabaretBerlin, début des années 30. Un écrivain désargenté amoureux d’une chanteuse de cabaret, leur logeuse fiancée à un marchand de fruits juif allemand. Comédie musicale sucrée-salée, où le brillant des années folles passe inexorablement avec la montée de l’ordre nouveau nazi.

Avant même les Folies-Bergères l’automne prochain, vous pouvez la découvrir cette semaine à l’École : c’est la nouvelle production du Théâtre anglais. Mardi 6 juin, mercredi 7 juin et jeudi 8 juin à 20:00 à Télécom Paris[1].


  1. 49, rue Vergniaud – Paris XIIIe – métro Corvisart ou Glacière, RER Cité universitaire