Archive pour octobre 2006

Le temps des noyaux

mardi 31 octobre 2006

Ça a commencé il y a huit presque neuf ans, j’avais vingt ans et toutes mes dents, tralala. Lire la suite de cet article »

Passage à l’air d’hiver

lundi 30 octobre 2006

Rentré tard hier nuit. Après l’apéro, le miam, puis le Trivial Pursuit jusqu’à pas d’heure chez sœurette, j’ai sauté dans le taxi pour redescendre les Buttes-Chaumont, franchir la tranchée des voies de la gare de l’Est, et regagner la couette qui m’attendait fidèlement. La course payée, j’ai marché les quelques dizaines de mètres qui me séparaient de ma porte.

L’air était froid et vif. Ça sentait déjà bon la vieille nuit d’hiver. J’ai pris de grandes goulées de cet air glacé qui réveille et qui soigne tous les maux qu’on pourrait souffrir au mitan de l’obscurité. Ça y était, on était à l’air d’hiver. Demain le ciel serait pur.

Piscine, semaine 15

lundi 23 octobre 2006

Sorti du boulot l’âme éreinté, le dos endolori, avec l’envie pressante de l’eau qui supprimerait d’un coup la pesanteur du corps. Pas envie de forcer, juste nager tranquille en ne pensant à rien.

Ça marche. Les chiffres habituels, tiens je ne les mets pas cette fois. Ils n’ont pas changé depuis la fois d’avant ni celle d’encore avant. Régulier comme un métronome. Une prochaine fois peut-être j’ajouterai un ou deux aller-retours, juste pour changer un peu et pour voir ceux qui suivent.

Et puis après l’eau, le dédale de béton clair du Forum des Halles, et l’épreuve des escaliers du RER. Jamais l’escalator, par principe. Pour le plaisir de vraiment sentir dans les cuisses la délicieuse ivresse de la fatigue du corps. Rien de tel pour nimber l’épuisement de l’âme.

Me prends pas pour un con, mec

lundi 23 octobre 2006

Ce soir il y avait coupure de courant prévue à la maison. EDF bla bla intervention bidule améliorer réseau de distribution tout ça. Bref, ça allait couper. Quelque part entre vingt-trois heures et minuit. J’avais déjà descendu les machines proprement – les utilisateureuses avaient été prévenu-e-s par une circulaire rédigée avec le délice des termes choisis qui fleurent bon l’exploitation bien huilée des grands réseaux modernes. Je n’avais guère envie de me caler au fond du canapé en attendant, tendu, le moment où le noir se ferait, probablement à l’instant précis où la soirée télévisuelle se serait apprêtée à présenter un regain d’intérêt aussi improbable qu’éphémère.

Bref, je ne tenais pas à mettre en scène soigneusement l’interruption inopinée d’un larvage télévisuel en règle qui n’aurait pas manqué d’être source d’une frustration de beau calibre. J’ai donc chaussé mes pompes, revêtu blouson et écharpe, saisi le bouquin qui m’accompagne ces jours-ci, et me suis mis en quête d’un endroit où poser mes fesses au chaud pour une petite heure avec un vieil alcool et le livre susdit.

Le Caffè Lafayette[1] me semblait convenir. Je m’y suis installé, calé dans un fauteuil, un armagnac pour réchauffer la lecture. Un chapitre puis deux, et puis ce fut minuit, la coupure devait être finie, si tout allait bien, le moment était venu de régler ma consommation et de retrouver le chemin de mes pénates pour aviser lesquelles de mes horloges s’étaient mises à clignoter 00:00 et vérifier que le congélateur n’avait pas eu le temps de trop décongeler.

Je paye donc donc au loufiat les huit euros demandés. Je termine mon verre quand mon regard glisse juste par habitude sur la carte posée sur la table voisine. Tiens, l’addition a été généreusement majorée. Non, nulle surtaxe n’est prévue pour les heures tardives. Oh, et comme c’est bizarre, ma monnaie est bien revenue, mais sans ticket.

C’est curieux, d’ailleurs, il n’a pas fait de difficultés pour rendre le pourboire qu’il s’était octroyé d’autorité. Une malencontreuse erreur, sans doute. Sans aucun doute.


  1. Angle des rues Lafayette et de Saint-Quentin – Paris Xème.

Odeurs de Paris

vendredi 20 octobre 2006

Je préfère ma cambrousse à ce remugle bruyant qu’est Paris…

Paris, ça pue, ma ville ?

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Piscine, semaine 14

mercredi 18 octobre 2006

Mes soirées se remplissent à une vitesse faramineuse, et je prends du retard dans la relation de mes barbotages hebomadaires.

Ce n’est pas une grande perte, cela dit, tu vas voir ça de suite : ce lundi donc, comme à l’accoutumée, je suis arrivé à la piscine un peu après vingt heures. Et là, ce fut précisément la même chose que la semaine passée : 1,6 km (brasse) en 42 minutes, et puis un exténuant 100 m (crawl) en trois minutes. Rien de nouveau sous le soleil l’eau, c’est d’un monotone…

Tout ceci n’est pas si mal, dans l’absolu. Je pourrais me targuer de régularité, c’est toujours ça de pris.

Oui, mais. Normalement, en crawl, nage où je me fatigue tant, je devrais quand même aller un poil plus vite qu’en brasse, non ? Or c’est ici tout le contraire : non seulement je ne parviens à éviter l’essoufflement qu’aux prix d’une discipline mentale de fer (autrement j’aurais tôt fait de partir à toute vitesse et je ne tiendrais pas un aller-retour), mais en plus je n’avance pas. Tout porte donc à croire que je crawle avec le style d’un fer à repasser qui aurait perdu son hélice… Zut.

Bon, il faudra travailler ça. Un jour.

Une connaissance aperçue sur le quai du RER

dimanche 15 octobre 2006

C’était l’autre soir, je rentrais du spectacle. J’avais salué l’ami qui m’avait invité, félicité les acteurs pour leur prestation, peu de temps mais beaucoup de travail, cela avait payé.

Je ne m’étais pas attardé. Pas la force d’essayer de socialiser, plutôt l’envie de fuir très vite cette sensation aiguë de n’avoir personne à qui parler. J’avais sauté dans le PC Porte de Versailles, au milieu de la foule du Salon de l’Auto, comme un corps étranger et silencieux brinquebalé dans la marée humaine. Plongé dans mon bouquin jusqu’à la Cité U.

Arrivé là, je venais d’arriver sur le quai du RER quand elle est passée devant moi. Je l’aurais reconnue du coin de l’œil. Je me suis arrangé pour regarder ailleurs le temps qu’elle me dépasse.

J’aurais pu la saluer, ç’aurait été urbain, papoter de tout et de rien, prendre des nouvelles des uns et des autres que sans doute elle continue de voir chaque semaine et que j’ai perdus de vue. Mais j’étais bien trop las pour chercher laborieusement quelque bon résumé de mes derniers mois. Elle n’aurait pas manqué de s’enquérir, bien sûr : « Et toi, tu deviens quoi ? Tu fais quoi, en ce moment ? »

Et rien ne m’effraie plus que ce genre de question. Je me sens faible et vide quand je me sens tenu d’avoir une vie passionnante. Je n’aurais pas pu l’émerveiller, qui voyage sans arrêt, intrépide et fantasque, jamais à court de rencontres improbables. Réfugié dans ma bulle de silence, j’ai préféré la laisser filer sans faire de bruit.