Archive pour mai 2005

Nous sommes ici par la volonté du peuple

mardi 31 mai 2005

La Nation souveraine s’est exprimée. Elle a refusé d’approuver le projet de loi autorisant la ratification du Traité établissant une constitution pour l’Europe.

Lire la suite de cet article »

Défenestration

samedi 28 mai 2005

Je viens de me faire une hollandaise. Elle est bonne.

Lire la suite de cet article »

Le médecin maudit

vendredi 20 mai 2005

Daniel a garé sa voiture dans le grand parking. Il passe l’unique grille principale, montre son laissez-passer au factionnaire. À une centaine de mètres s’élève le béton du bloc J. Là où sont enfermés les condamnés : le couloir de la mort. Dans sa poche, le fax froissé lui indique l’heure et le lieu où il doit se présenter. 06:30, gate number J10.

Lire la suite de cet article »

My lady solitude

mardi 17 mai 2005

Il y a deux semaines à peine, j’ai refait le vide autour de moi. Elle croyait peut-être en moi. Ou peut-être pas. Elle rêvait peut-être de moi. Ou peut-être pas. Mais j’ai pris soin de briser son rêve encore jeune, de le tuer dans l’œuf. Sa question, était-ce la dernière nuit, n’était pas posée pour les bonnes raisons. Ma réponse, « je ne suis pas amoureux », était cruelle à dire et cruelle à entendre. C’est le prix que coûte la vérité.

La liqueur huileuse de la solitude coule dans mes veines. C’est ma fée, mon absinthe, mon eau de vie. Mon pouvoir, ma folie. C’est un poison lent qui me garde en vie à petit feu. C’est une drogue addictive. On y goûte sans le vouloir, sans y penser, sans même l’avoir cherché. La première dose est gratuite.

Bien vite cependant, trop vite, s’installe la dépendance. L’accoutumance apprend au corps à apprivoiser la substance délétère. Elle devient partie de lui, et il se tord de douleur quand il en est privé trop longtemps. La torture, la fée grise, devient nécessité, aliment nécessaire d’un sommeil sans rêves.

Quatre ans j’ai cru être désintoxiqué. Être débarrassé d’elle. J’aimais, j’étais aimé, nous vivions ensemble, nous habitions chez nous un monde que nous avions fait à notre image. Je croyais être là mais j’étais absent à toi. Tu avais apprivoisé la bête, ma solitude, au point de pouvoir cohabiter avec elle, mais le monstre était toujours là, instillé dans mon cœur depuis combien d’années. J’avais réussi à être seul alors que tu étais à mes côtés chaque jour, chaque nuit. De cela tu as souffert, je crois. Mais c’est ainsi que je suis.

Je ne sais pas dormir avec quelqu’un dans mes bras. J’aime ce câlin du soir, cet instant d’une inifinie tendresse, pouvoir sentir ta tête là, tout contre mon cœur. Mais le sommeil ne vient, rédempteur, m’enlever qu’une fois mon corps rendu à moi-même, à moi seul.

Morphée ne partage pas.

Recuit mobilier

lundi 9 mai 2005

Il suffit de pas grand’chose pour définir l’ambiance d’un chez-soi. Dans l’entrée, depuis deux ans, le bureau était le long de ce mur, là où je l’avais installé le jour de printemps, quand les copains étaient venus prêter main-forte pour le trimballer dans l’escalier. On avait partagé comme de juste la bière et le saucisson au milieu des cartons, épuisés, suants, et contents d’être là.

Depuis ce premier jour, depuis ce premier mai, c’était en deux mille trois, il restait ces boîtes d’archives à même le sol, ces deux tiroirs félins (ils doivent avoir neuf vies, ils m’ont accompagné dans quatre logements et quand je les ai eus ils étaient déjà vieux) dormant au pied du bar. Le pourtour de la pièce était cet entassement, et au centre un grand vide. Un grand vide encombré, transitoire. Illogique. Une pièce qui résumait que les choses étaient là un peu par hasard, et donnait l’impression, vingt-quatre mois après, que je venais juste d’arriver.

Et puis il a suffi de quelques bouts de câble, d’un après-midi rare où l’envie et l’énergie coïncident par chance, de bouger les tas de boîtes ici, les caisses de vin là, de mettre le bureau à la place, dans le coin, et de faire un saut chez le marchand de meubles scandinave pour mettre de jolies planches de bois clair autour des moches trucs qui traînaient.

Le bureau ne trône plus, absurde, au milieu d’un mur. Dans son coin, il a compris qu’il devait être là la bulle où je travaille, où je rêve, où j’écris. Je lui ai enseigné, avec une lumière douce pour éclairer mes mains quand je suis au clavier qu’il se fasse plus discret, et laisse à d’autres jeux le reste de la pièce.

Et l’âme de cet endroit semble se réveiller. Le vide est encore vide, mais maintenant il sait pourquoi il est là. Il recevra la table, et la table, les amis, le soir pour dîner, boire, et puis refaire le monde.

Comme un avion sans A, I, L

jeudi 5 mai 2005

Texte concocté pour être envoyé sur Co… …tus, un jour proche.

Une nef emporte en des nues embrumées une cohorte de jeunes sous-chefs bourrés de compétence. C’est fête ce jour, et un jour encore. On est prêt pour bronzer : bob, verres obscurs et tube de crème. On veut conserver en tête cette journée comme concept, comme un succès dépourvu d’ombre.

C’est fermer ses yeux un peu trop sur un sujet dont dépend ce déport : notre nef, dépourvue des choses dont procède son essor que porte Zéphyr, demeure scotchée sur terre, comme une mouche démembrée.

Quelques notes de la Passerelle avant de faire le pont

jeudi 5 mai 2005

Jeudi à l’aube du matin… Quatorze heures… Le cri strident du réveil déchire, implacable, la pénombre de la chambre. Je m’arrache à regrets à l’étreinte de la couette pour faire taire le coupable appareil. J’ai promis, je serai à l’heure dite chez l’amie qui déménage. Une dernière fois avant que je file, tu te blottis dans mes bras. C’est tendre et doux.

Je me lève, j’arrive sous la douche. L’eau chaude sur mon corps le rappelle lentement au monde des vivants, noie les derniers effluves des alcools d’hier soir. Les pintes et le bordeaux de la Passerelle ont nimbé la soirée d’un voile vaporeux. Ça et là, les phrases et les images entendues le transpercent.

« Arrête de me regarder comme ça, t’as un air trop bizarre ! » (Fûûlion, pardon, je le fais pas exprès)

La discussion avec Batims sur les roues de voiture. On dit que je me pose beaucoup de questions, mais c’est un euphémisme. Je (me) questionne comme je respire, comme l’indispensable battement qui égrène le temps où je suis en vie.

« J’ai besoin d’un exorciste ! » (Tatou)

Une escale dans un fauteuil profond, à la table de Laure, Veuve Tarquine et Kozlika.

« Tu es bi ? Ça, ça me troue le cul ! » (Sok, qui m’a posé la question après en avoir parlé à un sien camarade, me dit-il)
Je suis content de l’avoir incité à venir, il avait l’air de passer une bonne soirée.

Juliet », j’ai oublié de lui dire que j’avais aimé ses photos de Cracovie. Rencontré encore son amie Sskizo, que j’imagine imperturbable, exposant sa passion pour Phèdre devant un parterre d’étudiant-e-s fasciné-e-s (mais par qui ?)

« La marmotte, elle prend le papier, et elle confectionne un gode en origami. » (mmm, je suis en veine ces jours-ci)

L’effet small world. Cossaw s’approche du bar, tombe sur un copain de lycée.

« Un bisou ? » (Solveig)