Archive pour février 2008

Comme elles disent

jeudi 28 février 2008

L’une ne veut pas croire que je suis un mauvais garçon.
L’autre m’explique que je ne sais pas écouter, pas donner signe de vie, ni donner des nouvelles. Ou en prendre. Et dépose un baiser sur mes lèvres.
L’une rit que dans le bar mon regard vagabonde sur la brune au pull rouge de la table à côté. Joue à surprendre mon regard.
L’autre note que laisser mon regard glisser sur la brune à lunettes de la table à côté, vraiment, je ne devrais pas. Essaie de me consoler de toutes les vérités dures qu’elle sait qu’elle peut me dire.
L’une dépose un baiser sur mes lèvres.
L’autre voudrait me serrer dans ses bras.
L’une file au matin.
L’autre s’en va.

Et moi je reste là. Je ne sais pas qui j’attends.

Purée de pois

mercredi 27 février 2008

Veuillez me pardonner cette interruption temporaire de nos émissions. Je m’en voudrais de vous (oui, vous, là, je sais qu’il y en a qui lisent !) servir la bouillie parano-misérabiliste qui me démange le bout des doigts les soirs de grande lassitude, alors je préfère laisser mon petit carré de bitume en jachère. On verra bien quelle folie le printemps arrivera à y faire pousser.

Les montagnes russes

dimanche 10 février 2008

Ça semblait avoir bien commencé. De son regard elle m’a fait exister. De ses lèvres elle m’a emporté. Elles avaient un goût de menthe fraîche. Je m’étais confié, c’est une merveille, elle, et j’en tombe amoureux. C’était bien et terrible de réapprendre l’attente anxieuse d’un signe. Se rappeler la douleur exquise de l’être qui vous manque. Elle m’a emmené plus haut et plus bas que là où d’autres depuis si longtemps…

Mais elle n’a pas laissé à l’embrasement soudain le temps de la brûler. Pas même le temps de l’effrayer. J’ai l’impression qu’on a rien à se dire m’a-t-elle dit avant de m’avoir donné le temps de parler. Ça m’a fait mal comme rarement auparavant. Je ne suis pas prête à faire des efforts, à être disponible…

– Tant pis pour moi, alors…
– Tant pis pour nous.

La diva

samedi 2 février 2008

Elle faisait l’ouverture de la soirée « Cabaret ». Mixité, métissage, le folklore lusophone, le hip-hop parisien et le conte d’Afrique noire se donnaient rendez-vous. Le rideau s’est ouvert, elle est entrée en scène.

Le regard bien caché dans l’ombre de son panama, elle chantait presque juste sur les instrumentaux enregistrés par d’autres, ces accompagnements faits pour durer plus long mais qu’on coupe avant terme en fade out absurde. On applaudissait pourtant. Au moins pour l’effort de la prestation.

Un nouveau morceau commence. Elle engage le public à frapper dans ses mains. Trop tôt, trop vite. « Allez, tout le monde, avec moi ! » La mayo prend mollement. On y va pour la forme, plus pour lui faire plaisir qu’autre chose. La salle est loin d’être déchaînée.

D’un coup sa voix s’étiole. Encore davantage. S’étrangle dans une quinte. De toux. Elle s’excuse, c’est fini. Au milieu de son tour, elle abandonne la scène et la lumière des projecteurs. Sans doute ce public-là n’était-il pas assez bien pour elle.

Au moins, le spectacle continue.