Archive pour novembre 2007

2007, année 30 — Gamin

dimanche 18 novembre 2007

Je tire toujours la langue sur les photos. Je fais toujours du vélo sous la pluie. Je suis toujours capricieux et inconstant. J’aime toujours les câlins et les gratouilles entre les oreilles. Je lis toujours des bandes dessinées. Mes amis collent des centaines de post-its dans tous les coins le soir de mon anniversaire. On liquide deux paquets de chamallows et une boîte de bonbons chimiques en lançant des cotons-tige sur le toit des voisins.

Aujourd’hui, j’ai trente ans.

Dernier de trente petits cailloux.

2006, année 29 — Pris de vitesse

dimanche 11 novembre 2007

J’étais arrivé seul au rendez-vous. Illes étaient presque tou-te-s là. On allait ensemble au spectacle. J’étais ravi de les revoir. Eux et elles. On est entrés et on s’est répartis dans les rangs successifs de fauteuils, rouge velours. Elle m’a attendu, s’est assise près de moi. Rien encore n’était dit, un regard extérieur n’aurait vu que deux spectateurs sur deux sièges voisins.

À la sortie le groupe a rejoint un bistrot du quartier. Il y a eu un instant suspendu avant qu’on prenne place tous autour de la table. Du coin de l’œil essayer de prédire chacun quelle place l’autre choisirait. S’attacher à ce que fortuitement l’on se retrouve côte à côte.

Puis on a commandé nos bières et parlé de choses et d’autres. J’ai souri, sans doutes. J’élaborais des stratégies subtiles, évaluais les signes, conjecturais les réactions prochaines. Je me demandais si…

C’est à ce moment-là qu’elle a posé sa main sur la mienne.

Vingt-neuf de trente petits cailloux.

2005, année 28 — Les âmes errantes

dimanche 4 novembre 2007

C’est la nuit. Elles et moi dans l’ombre, la lumière seule des écrans qui nous bercent, et nos mains caressent des claviers de plastique au lieu de s’attarder sur la peau nue de nos semblables. Envoie des mots comme des bouteilles à la mer. Rejoue du Polnareff, avec juste Internet à la place du Minitel.

Quand l’écran s’allume je tape sur mon clavier
Tous les mots sans voix qu’on se dit avec les doigts
Et j’envoie dans la nuit
Un message pour celle qui
Me répondra OK pour un rendez-vous

Et parfois on se rejoignait le temps de quelques nuit.

Jusqu’à l’été. Alors µ m’a présenté Dorine. Nous avons couru comme des enfants ce soir-là au pied du campus de Jussieu, mus par l’urgence de serrer nos corps, radieux de rire de l’envie simple l’un de l’autre. Nous avons profité ensemble de la lumière qui s’appelait Septembre et qui caressait Paris, les bords du canal Saint-Martin, les terrasses de Belleville et quelques autres coins qui n’étaient qu’à nous.

Dorine est partie, ensuite, pour d’autres cieux. Elle m’a laissé un bout d’elle et elle a emporté un fragment de moi. On n’a rien promis, on n’a rien prévu, et je suis resté là, suspendu seul au milieu de l’histoire. Toujours lié malgré la liberté dite.

Vingt-huit de trente petits cailloux.