Archive pour novembre 2005

Édulcorant de synthèse

lundi 28 novembre 2005

Novembre fuit, novembre meurt. L’automne s’étiole, transi : il a neigé avant-hier. Pluie aujourd’hui. Elle m’envoie de loin des mots qui sentent la poussière rouge et le sable chaud. Je reste ici, une dernière bulle de lumière à mon bureau. La rue et la maison bruissent du silence de la nuit.

Je vis comme en-deça, ou peut-être à côté, du monde tangible d’ici et maintenant. À peu de distance, j’observe la vie qui glisse et je reste là, sans comprendre. Ça bouge, les gens vont, viennent, me voient me débattre et pensent que je m’agite comme l’un des leurs, sans doute. Je demeure au milieu de la foule, saisi de stupeur.

J’apprends le goût de l’absence, chaque jour. Il ressemble à la liberté comme un mauvais édulcorant. Une fois qu’on l’a en bouche, on ne sait plus que faire, attendre qu’il s’estompe ou tenter, si l’on peut, d’en pallier l’amertume par quelque autre saveur.

Au bord de la nuit

mercredi 23 novembre 2005

Dans le plat pays il y a un champ. Près du champ venteux se dresse un hôtel. Dans l’hôtel morne se trouve une chambre. Dans la chambre glaciale, un lit double où j’étais étendu. Seul.

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Paris, Atlanta, Paris

samedi 19 novembre 2005

Vol Air France 304, Paris – Atlanta, au moment des plateaux repas.

– Poulet ou poisson ?
– Poulet, s’il vous plaît.
– Et comme boisson ?
– Je prendrai du vin rouge.
Vous avez plus de seize ans ?

Hin hin. Rire jaune. Oui, ça fait un bon moment. Allez, dites un chiffre. Vous ne devinez pas ? Et si, déjà tant que ça.

Le steward est tellement surpris que plus tard il interpellera sa collègue lorsque je viendrai à la cambuse demander une tasse de café :

– Tiens, tu lui donnes combien ?
– Vingt-quatre, vingt-cinq ?

Elle est gentille, je prends ça comme un compliment.

Vol Air France 307, vingt-quatre heures plus tard, Atlanta – Paris. J’entre dans la cabine. Tiens, le même équipage !

– Bonsoir !
– Bonsoir Monsieur, oh, mais on se connaît, qu’est-ce que vous faites ici ?
– Ben, et vous ?

Moi, je rentre à Paris. Et dans quelques jours je fêterai mes vingt-huit automnes.

Roissy avant de partir

lundi 14 novembre 2005

Dimanche après-midi. Je me retrouve seul à la maison pour les derniers préparatifs de ce voyage-éclair aux États-Unis. Il faut aller vite, préparer mes affaires, ne rien oublier. Bien sûr ce n’est que pour 36 heures, tout tiendra dans le petit sac à dos, et pourvu que je n’emporte pas par erreur un objet nterdit, je pourrai même éviter le bagage enregistré.

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L’adieu aux larmes

mercredi 9 novembre 2005

Sept heures, le bip-bip du réveille me vrille les tympans. Dorine dort encore près de moi. Je me lève sans bruit, la laisse profiter d’encore un peu de sommeil.

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Heurt d’hiver

mardi 8 novembre 2005

J’ai la chance d’avoir un sommeil de bébé. Peletonné sous la couette en position fœtale, bien calé contre mon oreiller chéri, je m’abandonne sans crainte à l’étreinte de Morphée. Le plus souvent, il ne tarde pas à m’emmener dans un sommeil profond.

Seulement, depuis une semaine, je suis fatigué. Épuisé, même ; et à cause de celà, tout désorienté, et à moitié à côté de mes pompes. Et pour cause : depuis une semaine, nous avons changé d’heure. Le temps a insidieusement dérapé pendant que je dormais, et comme les bébés, j’ai le plus grand mal à m’adapter aux perturbations arbitraires de mon rythme nycthéméral.

Le fil du temps se tend, se déchire, se casse, et ma chair rétive s’insurge et fait la grêve. Je ne veux pas dormir, je ne veux plus me lever. Je ne sais plus quand je suis.

Il faudra bien des grasses matinées pour doucement glisser de nouveau dans le tic-tac huilé des heures qui s’égrènent.

Le retour de la Berryer (au Palais)

mardi 1 novembre 2005

Depuis quelques semaines, une angoisse sourde tenaillait le peuple de Berryer. Une justice aveugle, à la sévérité implacable, d’une dureté d’airain sous la robe herminée, allait-elle reléguer la réunion rituelle hors les murs du Palais ?

Hé bien non ! Vaillament représentée et défendue par Benoît Boussier, quatrième secrétaire de la Conférence du stage du barreau de Paris, la conférence Berryer revit ! Maître Boussier, grâces lui soient rendues, a sans nul doute plaidé avec brio la cause de la Berryer auprès de Monsieur le Premier président de la Cour d’appel, de sorte qu’il nous annonce aujourd’hui la tenue de la prochaine conférence ce jeudi, en salle des criées.

Toutes les informations (importantes) sont récapitulées chez Eolas.