Exuviation
Le jour s’est levé. Le soleil m’a tiré d’un sommeil, dernier sommeil près de toi. Ce matin mon corps est lourd, gourd. Je le traîne hors du lit, lesté d’absence, pesant de souvenirs. Avec peine, je file sous la douche salvatrice. Tu t’es rendormie, un peu.
Je m’habille, péniblement. Bientôt prêt. Prêt à partir. Le ventre noué par l’instant qui approche. Je m’asseois près de toi, au bord du lit, pour un au revoir.
– Ça va ?
– Moyen…
J’ai besoin de te serrer dans mes bras. Les mots se bousculent dans ma tête. Ils planent, vautours verbaux, et je te serre contre moi en silence.
J’ai envie d’une vie écrite à quatre mains, d’une vie tracée à deux. Oui, je sais, tu ne peux pas m’offrir cela. Je ne peux pas te le demander. Je ne te le demande pas. Il faut juste que je parte. Besoin d’ailleurs.
Je cherche tes yeux du regard. Les miens débordent, ça y est. Je pleure sans bruit sur ton épaule.
C’était le contrat. Nous le savions dès le départ. Faisons, chacun, ce qu’il faut pour être heureux. Prends soin de toi.
Un dernier sourire échangé, un regard encore, et puis je file. Vite, sans me retourner, sans réfléchir, parce que j’ai besoin de sentir l’air glacial du matin me fouetter le visage. Parce que j’ai besoin que le vent endorme ma peau brûlée par les ruisseaux de larmes.
Putain que ça fait mal de faire ce qu’on sait devoir faire pour être heureux.
3 février 2006 à 10:44
Je crois, mais c’est tout personnel et je ne présume de rien, que j’ai une idée assez précise de ce que tu veux dire… Oui, il faut parfois s’écorcher de l’intérieur « pour son bien ».
3 février 2006 à 10:55
c’est triste…
dommage que l’on ne puisse pas être seul pour décider de son bonheur, dommage qu’il y ait « les autres » qui choisissent à ta place ce qui est « bien » pour toi.
3 février 2006 à 11:02
Greuh, il ne s’agit pas de ça. J’ai choisi, décidé, fait cela. Cf. Mitt : s’écorcher. De l’intérieur.
4 février 2006 à 01:27
La vie, la vraie… Je crois que cette histoire t’aura aidé à te trouver. Curieux l’accord au masculin au début… m’a fait m’intérroger
J’M.
Moi aussi, le bon accord des verbes pronominaux me pose toujours questions… Corrigé ici. — Th.
5 février 2006 à 11:23
on est tous maitre de notre destin (plus ou moins :o) grace aux histoires on grandit, on apprend, on s’apprivoise
les pieges du coeur sont fourbes mais prouvent que nous sommes humains :o)
5 février 2006 à 11:51
je pense qu’on est seul a decide de son bonheur c’est avant tout quelque chose qu’on trouve en soi une fois qu’on a ca le reste marche :o)
Ma retraite a Toulouse a fait de moi un Moine Shaolin… ;o) dans 3 semaines je serai une vraie Crocodile Dundee!!
5 février 2006 à 17:32
Pareil que Nezumi. Le bonheur est une chose trop importante pour être confiée aux autres.
5 février 2006 à 22:22
Le bonheur est un véritable effort de volonté et de détermination, et pas un « dû » qui tombe d’on ne sait où. C’est à chacun d’aller le chercher, personnellement, malgré la douleur (passagère…).
6 février 2006 à 17:24
Pas mal écrit comme texte. D’ailleurs, j’aime bien ce que tu écris. Etonnant. Pour ma part, je ne crois pas au Bonheur, avec un grand B; ou alors, je le verrais plutot comme une quete ultime, et inaccessible. Il faut profiter de chaque petit instant de joie, des gens qu’on aime, et puis revenir à son quotidien d’angoisses, banal… et peut etre qu’au final, quand on fait la somme de tous ces ptits instants, c’est ça le Bonheur?
6 février 2006 à 17:29
Bien sûr Carpettediem, je veux juste saisir au vol les p’tits bonheurs qui passent par là. Profiter de chaque seconde. Mais parfois ça nécessite aussi de trancher dans le vif, pour aller mieux après.
7 février 2006 à 10:31
de passage
7 février 2006 à 14:09
Est-on vraiment heureux, même si l’on avait décidé avant que tout ne se passe, de la fin ? Les sentiments n’évoluent-ils pas pendant ? C’est triste.
7 février 2006 à 19:09
C’est beau. (C’est pas constructif comme commentaire, mais j’m’en fiche. ) Ton texte est magnifique.
13 février 2006 à 03:22
Je sais.
J’ai moi aussi cru que ce jour là les yeux avait pissé tous les ruisseaux du monde. Mais il arrive encore que certaines nuits il en reste des rus.
Mais chut.
13 février 2006 à 10:02
« Life is what happens when you’re busy making other plans… »
17 février 2006 à 08:51
Je découvre ton blog par ce billet. Il m’a touché. Je repasserai avec plaisir ! Bise a toi …
19 février 2006 à 23:52
Bienvenue à bord Peio !