Archive pour mai 2006

Électron périphérique

mercredi 31 mai 2006

Arrivé à Lyon par le train du matin, bondé à l’orée du week-end prolongé, je les avais rejoints pour déjeûner, puis nous nous sommes mis en route pour la maison familiale, perdue dans la campagne, isolée au point qu’il y faut mille acrobaties subtiles pour trouver le lieu et l’orientation adéquats chaque fois qu’on veut utiliser son téléphone mobile.

Nous allions être ensemble quatre jours, retrouvailles des copains, dix ans déjà qu’on fait les quatre cents coups. Ensemble. Eux naturellement s’assemblent, s’agencent, me semblent trouver chacun intuitivement son rôle, sa fonction. Machine qui glisse presque sans bruit, cliquetante, onctueuse comme le doux glissement d’une mécanique fine. Merveilleux orchestre des grégaires qui savent vivre en parfaite symbiose, qui l’ont appris tandis que je n’ai jamais su que graviter autour du noyau, à plus ou moins de distance, singulier, attaché et éloigné à la fois.

Les uns s’occupent du barbecue, les autres en cuisine concoctent des sauces succulentes, d’autres encore prennent un apéro bien mérité au retour des courses matutinales.

Au milieu d’eux je me débats, je m’agite, je m’épuise à chercher comment prendre part à cela. Je désespère de ce sentiment d’inutilité profonde. Et ce n’est qu’à la nuit noire, dans le silence de la maison endormie, que je trouve enfin une place. Je range les derniers verres, la bouteille presque vide de vieux malt, je m’assure que ceux qui dans quelques heures se lèveront tôt trouvent une table propre et vierge. Farouche et solitaire, je n’existe que seul au cœur de la nuit.

Passage avide

mardi 23 mai 2006

Les premiers jours du printemps s’envolent à tire d’aile. À bouchées doubles d’heures, je dévore le temps des soirées encore fraîches. Je me remplis la vie par soif inextinguible. Avide d’apprendre toi, ce que tu as été, et de te raconter comment je t’attendais. Avide d’inventer nous et d’écrire un futur où demain prend un s.

À secrets échangés au cœur de la nuit noire, pierre après pierre, on construit ensemble ce qui sera mais que les mots retenus ne savent pas encore nommer. Peut-être se poseront-ils ici lorsque je les aurai apprivoisés.

Faire réduire à feu vif

dimanche 14 mai 2006

Un après-midi de mai, l’un des premiers ensoleillés. J’avais même laissé mon pull dans la voiture. Tant pis, pour le cimetière, ce serait en t-shirt. Les morts ne m’en voudraient pas.

Le petit groupe s’est rassemblé autour de la bière de chêne clair. La chaleur nimbait la scène immobile. Un rayon de soleil brillait, brûlant, sur le scellé de cire rouge qui semblait sur le point de fondre de nouveau. Un dernier instant de silence. Pour mémoire. Étouffé de chaleur. La main de l’enfant s’est glissée dans la mienne et je l’ai serrée pour qu’elle ne soit pas seule. La cérémonie simple et grave a lentement concentré l’émotion en une substance épaisse qui devenait palpable.

La terre a englouti le cercueil. Les derniers mots d’adieu, solennels et clairs, sont tombés dans la fosse avec une pluie de roses jaune pâle. Les larmes de l’enfant ont ruisselé sur ses joues, sans que nulle parole ne vienne les entraver.

Les jolies voix de mai

mardi 9 mai 2006

Tiens, voilà le mois de mai qui revient, les premiers beaux jours un printemps pourri comme on les aime. Il pleut, donc il faut occuper les longs après-midi froids et les soirées solitaires. Pour y mettre un peu de chaleur et de musique, avec mes camarades de All That Jazz, on vous a donc concoctés, bande de petits veinards, un nouveau programme pour les prochains concerts.

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L’appel du devoir

lundi 8 mai 2006

J’ai toujours eu une conscience aiguë de mes devoirs envers mon employeur. J’ai donc décidé, ces jours-ci, d’apurer avec zèle le solde de mes congés à prendre avant fin mai. C’était là une tâche éreintante, heureusement qu’il y a une semaine de boulot pour s’en remettre !

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Un lundi au soleil, fragment 6 — Petite musique d’avril

mardi 2 mai 2006

La musique d’abord. Tout doucement se rapprocher, fermer les yeux et oublier même les notes. Juste être là et toi dans mes bras. Et puis plus tard, au creux des nuits, connaître ton corps sur le bout des doigts.

Et apprendre tes yeux par cœur.