Archive pour janvier 2006

Secondes intercalaires

dimanche 29 janvier 2006

Lundi d’il y a deux ou trois semaines, sortie du bureau. La journée a été éprouvante, mais au moins je ne rentre pas trop tard. Mes jambes savent m’emmener toutes seules dans les couloirs du ventre de la ville. Tant mieux, ma tête est occupée à autre chose.

Un escalier mécanique. Un niveau après l’autre, je m’enfonce sous la terre à la lumière artificielle. Un coup d’œil à peine au tableau des trains au départ, quai trente-deux dans cinq minutes.

J’ai le temps de remonter le train à quai pour être près de la sortie à la prochaine station. Je lève rituellement les yeux vers le panneau lumineux. Départ, dix-neuf heures zéro sept.

Un escalier mécanique. Tiens, cette fois-ci, il monte. C’est étrange.

D’habitude, avant d’être sur l’escalier qui monte, il y a le signal sonore, les portes qui claquent, le train qui roule dans le tunnel. Il y a l’arrêt en station, descendre du train, croiser les voyageurs qui montent et la flaque d’eau sous la voûte qui fuit.

Mais là il y a juste le quai avant de partir. Et puis plus rien. Jusqu’à cet escalier qui monte. Je cherche les panneaux des lignes en correspondance. Manifestement, je suis bien arrivé. Il est dix-neuf heures onze. J’ai le mal de mer. Ça arrive, parfois, quand le temps est agité.


Ça arrive aussi à Jun.

La ligne cinq vers le Sud

dimanche 22 janvier 2006

Tu viens de croiser les visages matinaux de la gare de l’Est. Comme toi, les autres voyageurs ont des restes de nuit dans les yeux.

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Accusés de réception

dimanche 22 janvier 2006

[…] une comédie musicalissime et drôlesque – L’écho des ragots

Le mystérieux Monsieur P., aventurier richissime, sera-t-il de la partie ? La réception du Grand Chambellan est l’événement stratégique du moment, car c’est là que Jack Collin-Parker espère obtenir le financement de sa pièce pour les grandes festivités royales. Mais Monsieur P. a bien d’autres soucis. Découvrira-t-il le secret de ses origines ? Et son amour de jeunesse, que fait-elle ici ce soir ?

La Grange et Compagnie est de retour à Paris pour sa saison hivernale 2006. Chic ! Ils présentent cette année une comédie musicale originale, Accusés de réception.

Ce sera les samedi 18 février à 20:30, dimanche 19 février à 17:30 et lundi 20 février à 20:30 au Théâtre de Ménilmontant[1].

Plein tarif : 9,50 € / étudiants, chômeurs, moins de 18 ans : 6,50 € / tarif de soutien : 12,50 €.

Informations et réservations : Jean-Sébastien 06 86 97 6408 / le site du spectacle.


Accusés de réception a été retenu parmi les 6 meilleurs scripts au concours SACD 2006 du festival de comédies musicales de Béziers, Les Musicals.

Notes

[1] 15, rue du Retrait – Paris XXe – métro Gambetta

Nous sommes tous des pornographes

mercredi 18 janvier 2006

C’est l’histoire de Garfieldd.

Garfieldd avait un blog. Il y avait, en ce temps-là, un lien qui pointait d’ici vers là-bas. Un lien qui voulait dire « je te lie parce que je te lis », parce que j’aimais lire le blog de Garfieldd. J’y trouvais sous chaque mot la trace de ce qu’il était : un humain.

Il me parlait, il nous parlait, de ses doutes d’humain, de ses désirs d’humain. Il nous parlait des garçons qui lui plaisaient, parfois. Oui, Garfieldd aime les garçons. Il l’a dit, comme chacun d’entre nous, blogueurs, avons pu dire nos envies, nos fantasmes, nos espoirs. Il l’a dit avec délicatesse, avec finesse, et jamais sous sa plume n’a coulé la vulgarité ou le déballage pour le plaisir du spectacle.

Garfieldd nous racontait son métier, aussi. Son métier de proviseur. Je ne connais pas les établissements dans lesquels il a exercé. Il ne les nommait pas, d’ailleurs. Je sais seulement qu’il vivait ce métier avec passion, avec engagement, avec à cœur de servir ses élèves et ses enseignants. Bien sûr, souvent il doutait. C’est inévitable lorsqu’on est constamment exigeant envers soi-même. Il était apprécié et respecté.

Aujourd’hui, Garfieldd est sous le coup d’une mesure de révocation prononcée par le ministre de l’Éducation nationale, au motif que son blog serait « pornographique » et que par conséquent Garfieldd aurait manqué au devoir de réserve.

Si parler de soi, avec de vrais bouts d’humanité dedans, c’est de la pornographie, alors je suis, comme Garfieldd, un pornographe.


Une pétition adressée au ministre de l’Éducation nationale pour lui demander de faire droit au recours gracieux déposé par Garfieldd est actuellement en ligne. Signons-là nombreux.

Laurent recense les billets évoquant cette décision inique.


Ajouté le 3 février 2006 : Le Ministre de l’Éducation nationale a annulé la décision de révocation. Garfieldd retrouvera à la rentré de septembre ses fonctions, ce métier qui lui tient à cœur. C’est bien pour lui. Et c’est mieux encore, je n’en doute pas, pour ceux qui le côtoieront dans son prochain établissement.

Amour digital

dimanche 15 janvier 2006

C’était en 20.., le soir du quatorze juillet. Avec elle, j’étais allé au bal des pompiers, juste un peu, pour s’amuser et prendre une coupe de champagne. Nous avions été sages et rentrions à pieds. La nuit estivale était douce.

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Berceuse

mercredi 11 janvier 2006

Dodo… Fais dodo, petit Thomas que j’aime
Dodo, jusqu’à demain, petit Thomas que j’aime bien.

Fragment de voix…

L’agnelet dort près de sa mère
Les oiseaux dorment dans leur nid

Il devait y avoir un autre vers là…

Viens dormir aussi…

Doooooooooooooodooooooooooooo
Doooooooooooooodooooooooooooo.

J’ai oublié presque tous les mots. De la voix qui m’accompagnait à l’orée de la nuit, il ne reste que l’écho, dans un coin de mon cœur.

Le spectre innommé

mardi 3 janvier 2006

Dans le silence de la nuit, nous avons mêlé nos larmes. J’ai écouté ton corps, elle a réchauffé le mien. Nos âmes entremêlées se sont nouées un temps. Un instant seulement. Dix mois, un coup d’aile, un souffle qui n’a fait qu’effleurer les ombres qui toujours voletaient dans ses yeux.

D’un coup de griffe, elle a tranché le lacs. J’ai désinfecté la blessure vive d’une lampée d’alcool. Ça a brûlé. J’ai arrosé le feu de larmes salées. Le feu s’est éteint. La plaie s’est refermée, elle a tiré un peu pendant quelque temps et puis s’est fait discrète cicatrice. Je ne la montre pas ; parfois sans doute on peut la sentir, infime irrégularité qui subsiste, si l’on explore mon âme du bout des doigts.

À l’inventaire de l’histoire, elle convoque les fantômes. Mais le mien n’est pas de ceux qui sont appelés à boire au souvenir des amours mortes. Spectre parmi les spectres, elle ne lui donne pas même la chance d’avoir été.

Alors la cicatrice suinte encore quelques larmes d’oubli.