Archive pour le 18 janvier 2006

Nous sommes tous des pornographes

mercredi 18 janvier 2006

C’est l’histoire de Garfieldd.

Garfieldd avait un blog. Il y avait, en ce temps-là, un lien qui pointait d’ici vers là-bas. Un lien qui voulait dire « je te lie parce que je te lis », parce que j’aimais lire le blog de Garfieldd. J’y trouvais sous chaque mot la trace de ce qu’il était : un humain.

Il me parlait, il nous parlait, de ses doutes d’humain, de ses désirs d’humain. Il nous parlait des garçons qui lui plaisaient, parfois. Oui, Garfieldd aime les garçons. Il l’a dit, comme chacun d’entre nous, blogueurs, avons pu dire nos envies, nos fantasmes, nos espoirs. Il l’a dit avec délicatesse, avec finesse, et jamais sous sa plume n’a coulé la vulgarité ou le déballage pour le plaisir du spectacle.

Garfieldd nous racontait son métier, aussi. Son métier de proviseur. Je ne connais pas les établissements dans lesquels il a exercé. Il ne les nommait pas, d’ailleurs. Je sais seulement qu’il vivait ce métier avec passion, avec engagement, avec à cœur de servir ses élèves et ses enseignants. Bien sûr, souvent il doutait. C’est inévitable lorsqu’on est constamment exigeant envers soi-même. Il était apprécié et respecté.

Aujourd’hui, Garfieldd est sous le coup d’une mesure de révocation prononcée par le ministre de l’Éducation nationale, au motif que son blog serait « pornographique » et que par conséquent Garfieldd aurait manqué au devoir de réserve.

Si parler de soi, avec de vrais bouts d’humanité dedans, c’est de la pornographie, alors je suis, comme Garfieldd, un pornographe.


Une pétition adressée au ministre de l’Éducation nationale pour lui demander de faire droit au recours gracieux déposé par Garfieldd est actuellement en ligne. Signons-là nombreux.

Laurent recense les billets évoquant cette décision inique.


Ajouté le 3 février 2006 : Le Ministre de l’Éducation nationale a annulé la décision de révocation. Garfieldd retrouvera à la rentré de septembre ses fonctions, ce métier qui lui tient à cœur. C’est bien pour lui. Et c’est mieux encore, je n’en doute pas, pour ceux qui le côtoieront dans son prochain établissement.