Amour digital

15 janvier 2006

C’était en 20.., le soir du quatorze juillet. Avec elle, j’étais allé au bal des pompiers, juste un peu, pour s’amuser et prendre une coupe de champagne. Nous avions été sages et rentrions à pieds. La nuit estivale était douce.

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Berceuse

11 janvier 2006

Dodo… Fais dodo, petit Thomas que j’aime
Dodo, jusqu’à demain, petit Thomas que j’aime bien.

Fragment de voix…

L’agnelet dort près de sa mère
Les oiseaux dorment dans leur nid

Il devait y avoir un autre vers là…

Viens dormir aussi…

Doooooooooooooodooooooooooooo
Doooooooooooooodooooooooooooo.

J’ai oublié presque tous les mots. De la voix qui m’accompagnait à l’orée de la nuit, il ne reste que l’écho, dans un coin de mon cœur.

Le spectre innommé

3 janvier 2006

Dans le silence de la nuit, nous avons mêlé nos larmes. J’ai écouté ton corps, elle a réchauffé le mien. Nos âmes entremêlées se sont nouées un temps. Un instant seulement. Dix mois, un coup d’aile, un souffle qui n’a fait qu’effleurer les ombres qui toujours voletaient dans ses yeux.

D’un coup de griffe, elle a tranché le lacs. J’ai désinfecté la blessure vive d’une lampée d’alcool. Ça a brûlé. J’ai arrosé le feu de larmes salées. Le feu s’est éteint. La plaie s’est refermée, elle a tiré un peu pendant quelque temps et puis s’est fait discrète cicatrice. Je ne la montre pas ; parfois sans doute on peut la sentir, infime irrégularité qui subsiste, si l’on explore mon âme du bout des doigts.

À l’inventaire de l’histoire, elle convoque les fantômes. Mais le mien n’est pas de ceux qui sont appelés à boire au souvenir des amours mortes. Spectre parmi les spectres, elle ne lui donne pas même la chance d’avoir été.

Alors la cicatrice suinte encore quelques larmes d’oubli.

Modus amandi

1 janvier 2006

Il y a les amants de toujours, ou de si longtemps qu’on ne sait plus bien quand. Ceux-là parfois font des enfants. Un, deux déjà…

Il y a celles et ceux qui papillonnent. Une conquête après l’autre, ils alignent les histoires, un jour, deux semaines, trois petits tours et puis s’en vont.

Il y a celleux qui sortent un soir dans un bar et, au hasard, tissent une rencontre d’un soir d’un fil intense et éphémère.

Il y a ceux qui s’aiment au loin, s’attendent, se retrouvent bientôt.

Il y a ceux qu’au contraire la distance sépare, déchire puis abandonne, jetés chacun de son côté sur le rivage d’un continent à explorer.

Il y a celle qui est incapable de rester seule.

Et celui qui en est tellement capable qu’il a peur, parfois, de ne plus savoir vivre autrement.

Suicide ferroviaire dans une petite gare de province

26 décembre 2005

Laval, 17:41, samedi 24 décembre. Le TGV 8091 entre en gare, deux minutes d’arrêt. Le nez dans mon bouquin, je ne jette même pas un regard aux voyageurs emmitouflés sur le quai – je continue jusqu’à Saint-Malo, le champagne et les huîtres sont déjà au frigo.

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Ce qui est ajouté à la fin

23 décembre 2005

D’habitude, quand je cherche un mot dans le dictionnaire, il y est. Il y a presque toujours dans le néologisme improbable un parfum subtil, un goût différent sur la langue au moment où on le prononce, qui fait qu’intuitivement on sait qu’on ne le trouvera pas ; et a contrario les mots si familiers, usuels, qu’on a entendus cent mille et une fois nous on forgé l’oreille à les reconnaître sans même avoir besoin de leur prêter attention.

Or donc je m’assurais ce soir, par routine et dans le souci de l’exactitude pointilleuse, de l’orthographe d’un terme au sujet duquel je venais de signaler à une amie qu’elle l’avait molesté dans un récent billet. Par pur acquit de conscience – ou du moins le croyais-je.

Seulement, j’ai dû bien vite me rendre à l’évidence : quelque chose clochait. J’avais levé un lièvre. Car dans mes dictionnaires, pas plus d‘*addendum que de beurre en broche.

Le Trésor de la langue française informatisé ne l’a pas. Le Littré non plus. Le petit Robert est muet sur la question, tout autant que le dictionnaire de l’Académie. Alors que ces gens-là savent de quoi ils parlent. Stupeur et consternation. J’en restais bouche bée, c’est bien la première fois que je perdais un mot.

Je l’ai retrouvé un peu plus tard caché dans un coin. Grevisse, au paragraphe des mots latins, évoque les collectifs errata et addenda, liste d’erreurs, liste d’éléments qu’il convient d’ajouter (en cohérence avec l’étymologie, participe passif pluriel du latin addere). Il propose le singulier erratum comme un item d’errata, et sous-entend que pour addendum ça devrait marcher substantiellement pareil. C’est d’ailleurs l’avis des anglais, puisqu’eux utilisent bien couramment addendum comme le singulier associé au pluriel addenda.

Le Robert et Collins, d’ailleurs, a le bon goût de donner donner une traduction pour l’anglais addendum : addendum.

Vingt choses que vous ignoriez peut-être

18 décembre 2005

Melie m’a demandé vingt révélations me concernant. Toujours joueur, et un peu exhibitionniste aussi, comme nombre de blogueurs n’est-ce pas, je me livre à l’exercice de la confession impudique.


J’ai couché avec trois fois plus de filles que de garçons. Exactement. (À ce jour.)

J’ai une liste à jour (pour le moment).

Je n’ai pas de liste de tous les gens que j’ai embrassé-e-s. Il y en a dont je ne connais pas (ou dont j’ai oublié) le prénom.

J’ai déjà causé un chagrin d’amour. C’était l’hiver de la classe de Première. Ce sera sans doute le regret de toute ma vie. (A… si tu me lis…)

J’ai horreur qu’on m’appelle « jeune homme ». Je trouve ça terriblement condescendant.

J’ai peur de la mort.

Je ne crois pas en Dieu. C’est peut-être pour ça que j’ai peur de la mort (parce que je n’ai rien à espérer pour après).

J’ai des complexes sur mon physique.

Je ne bois plus de blended depuis une nuit du printemps 1997 où j’ai beaucoup vomi. Je n’ai jamais été malade avec un single malt.

Quand j’étais petit, j’achetais des billet de Tac-O-Tac. Je voulais gagner plein de sous pour acheter un tigre. Comme ça, à l’école, personne ne m’aurait plus embêté.

Je n’ai rien contre coucher le premier soir.

Certaines personnes ne savent pas que je ne les aime pas.

Certaines personnes ne savent pas que je les aime.

Je n’ai jamais fumé (jamais tiré une taf, ni sur une cigarette, ni sur un joint, ni sur une pipe, ni sur un narguilé…) et plus le temps passe plus je suis heureux de n’avoir jamais commencé.

J’aimerais avoir des enfants un jour, et vivre avec leur maman et eux.

Un jour mon père m’a dit « Thomas, va t’faire couper les ch’veux. » Je lui ai dit « D’accord, dans vingt ans, si tu veux. » Finalement, j’ai tenu dix ans, et je les ai coupés de ma propre initiative, parce que j’en avais envie. De l’avis général, c’était une bonne idée.

Je n’ai fait les vitres chez moi qu’une fois en deux ans et demi.

Entre la sonnerie du réveil et le moment où je m’extrais de sous la couette, il s’écoule très rarement moins d’un quart d’heure, quelquefois plus d’une heure. Et sous la douche, c’est vingt minutes minimum (sauf absence d’eau chaude). Toujours en écoutant France Info.

Je m’offre de droit un pain au chocolat si j’arrive au boulot avant dix heures.

J’ai des secrets.


Je suis supposé passer la main à trois victimes. Elles se reconnaîtront.