Ce qui est ajouté à la fin

D’habitude, quand je cherche un mot dans le dictionnaire, il y est. Il y a presque toujours dans le néologisme improbable un parfum subtil, un goût différent sur la langue au moment où on le prononce, qui fait qu’intuitivement on sait qu’on ne le trouvera pas ; et a contrario les mots si familiers, usuels, qu’on a entendus cent mille et une fois nous on forgé l’oreille à les reconnaître sans même avoir besoin de leur prêter attention.

Or donc je m’assurais ce soir, par routine et dans le souci de l’exactitude pointilleuse, de l’orthographe d’un terme au sujet duquel je venais de signaler à une amie qu’elle l’avait molesté dans un récent billet. Par pur acquit de conscience – ou du moins le croyais-je.

Seulement, j’ai dû bien vite me rendre à l’évidence : quelque chose clochait. J’avais levé un lièvre. Car dans mes dictionnaires, pas plus d‘*addendum que de beurre en broche.

Le Trésor de la langue française informatisé ne l’a pas. Le Littré non plus. Le petit Robert est muet sur la question, tout autant que le dictionnaire de l’Académie. Alors que ces gens-là savent de quoi ils parlent. Stupeur et consternation. J’en restais bouche bée, c’est bien la première fois que je perdais un mot.

Je l’ai retrouvé un peu plus tard caché dans un coin. Grevisse, au paragraphe des mots latins, évoque les collectifs errata et addenda, liste d’erreurs, liste d’éléments qu’il convient d’ajouter (en cohérence avec l’étymologie, participe passif pluriel du latin addere). Il propose le singulier erratum comme un item d’errata, et sous-entend que pour addendum ça devrait marcher substantiellement pareil. C’est d’ailleurs l’avis des anglais, puisqu’eux utilisent bien couramment addendum comme le singulier associé au pluriel addenda.

Le Robert et Collins, d’ailleurs, a le bon goût de donner donner une traduction pour l’anglais addendum : addendum.

10 réponses à “Ce qui est ajouté à la fin”

  1. palpatine a dit :

    C’est fou, je l’utilise presque couramment ce mot, je n’aurais jamais cru qu’il fut si difficile de le trouver dans un dico… En fait, c’est mon prof de maths de terminale qui m’a contaminé ; ceci dit, je l’ai retrouvé dans un livre (un vrai, évidemment), mais je ne sais plus lequel…

  2. Oli a dit :

    En même temps, vu qu’il s’agit d’un mot latin, on devrait s’attendre de facto à le trouver dans un dictionnaire latin sui generis, a fortiori dans un dico français-latin mais pas nécessairement dans un dico français. Un peu comme quand on corrige un post (billet) en mettant edit (correction) à la fin. 🙂

  3. So a dit :

    Le beurre en broche… on en apprend tous les jours, et non là où l’on s’y attend ! La chute le prouve si bien. 🙂

  4. Melie a dit :

    Addendum, c’est comme « primum movens » ou « ad integrum« , ce sont des termes que j’ai appris en cours ou en staff… à l’oral (les médecins raffolent de ce genre de termes)

  5. Jonas de Dieppe a dit :

    Je n’écris pas un billet sans qu’il ne passe au tamis des dicos, grammaires et autres correcteurs : j’ai cette névrose des automatismes qui me font parfois douter des mots les plus simples, comme lorsque j’étais gosse face à la dictée du cours préparatoire.

  6. fcrank a dit :

    Ca m’a turlupiné donc j’ai vérifié. Dans mon dico, pourtant un Petit Larousse illustré bien pourri de 1999, on trouve bien addenda, défini comme « Ajout d’articles, de notes, etc., fait à un ouvrage pour le compléter.

  7. Thomas a dit :

    Fcrank, on trouve bien addenda, indiscutablement. Mais pas addendum.

  8. fcrank a dit :

    oups, j’ai perdu une occasion de me taire ne pas commenter 🙂

  9. dem a dit :

    Pourquoi se poignarder avec une saucisse ? Un dico n’est pas un recueil exhaustif des mots autorisés !
    Personne ne m’empêchera d’utilser des mots latins, grecs, même anglais ou allemands si le coeur m’en chante.
    je continuerai à faire un addendum et des addenda, na !

  10. Thomas a dit :

    Grand bien t’en fasse, dem.

    Je ne cherche pas ici à imposer à quiconque une approche normative et autoritaire. Je n’ai même pas l’intention d’expurger ma prose de tout terme qui n’ait pas préalablement été sanctionné par le lexicographe. Par contre, quand j’emploie des mots dont l’usage n’est pas attesté, je préfère savoir ce que je fais.

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