23 janvier 2008
C’est la nuit.
Voile d’ombre et de froid sur la ville. Laisser la chaleur derrière, au ventre des maisons et aux boyaux de la terre. Il faut de l’erre pour que l’âme tranche ses paupières cousues. Se rince l’œil de pluie fine et glacée.
Il baise comme il respire et il respire plus fort, suffoque de trop de vent glacé. L’amant pressé, le souffle court, court vers des corps à l’envers du décor.
Il y a un avant derrière et un après devant. Il court sans savoir s’il s’empresse vers l’un, s’il s’enfuit de l’autre. Au fond il court sur place, incertain d’où.
La particule… Et l’âme hante, erre… Sens ? à voir. Où elle va.
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9 janvier 2008
Dans l’ombre au loin une plainte.
Pas un cri qui déchire l’obscurité. À peine le bruit d’une larme qui coule le long d’une joue. Cela suffit.
J’étais résolu à n’en plus vouloir, mais on ne choisit pas. C’était l’heure du sommeil passée d’un bon moment, et je me suis assis. Je l’ai laissée tout doucement m’ouvrir le tiroir sombre des angoisses qui lui nouaient le ventre.
— Bon, raconte-moi. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Une nuit encore j’ai écouté.
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2 janvier 2008
Plouf.
Plouf. Plouf. Plouf.
Trente (et un) petits cailloux jetés dans les vagues. Et subsiste en-dedans un ballet d’ombres. Elles hurlent la nuit en silence, elles ont toute la place, c’est plein de vide, ici. Au fond, je me terre et je les regarde voler sans bruit. Je voudrais écrire leur portrait, aux hideuses créatures. Encorder de mots le faune et la faucheuse.
Mais devant le clavier je n’entends que la mer.
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26 décembre 2007
C’était un hôpital psychiatrique de banlieue et elles s’ennuyaient ferme, de garde. L’omelette lyophilisée de l’établissement était la seule perspective culinaire que leur promettait le soir. La télévision jouait, ordinaire, à jeter des paillettes au vulgaire pour laver les esprits avant l’heure de la pub. Mon réfrigérateur, lui, débordait de restes succulents des agapes de la veille, et le temps d’un après-midi de Noël s’alanguissait devant moi.
On est donc convenus que je les rejoindrais muni des denrées dites et d’un jeu de tarot.
Le café réchauffé de la salle de garde nous a accompagné de partie en partie tandis que je perdais avec application. Je ne sais toujours pas très bien compter les atouts. Parfois par accident j’en gagnais une quand même. Parfois encore le bip du téléphone sonnait et il fallait alors que le Docteur s’en aille sauver les âmes des autres. Alors on papotait.
Puis l’heure est arrivée du gueuleton improvisé. La volaille grasse et tendre, les pommes de terre dorées, les fromages odorants (brie de Melun en tête) et le pain aux noix sont sortis du panier. On a dîné gaiement en jouant à dire du mal de nos contemporains et à se raconter, aussi, un peu les gens qu’on aime.
Vers la minuit enfin, je suis ressorti seul sous la pluie fine d’hiver. Je me suis calé là, dans la voiture à quai du métropolitain, et j’ai fini Lire aux cabinets.
Les fous étaient tranquilles cet après-midi là.
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9 décembre 2007
Ça faisait bien deux ans que ces machins traînaient dans un coin de mon bureau.
Ça faisait deux mois que la date du déménagement était fixée.
Ça faisait deux semaines que j’avais fini par me résoudre à décider de les jeter.
Ça faisait deux jours que je les avais mis dans les grands sacs poubelles.
Ça faisait deux heures que j’avais reçu le mail : j’allais finalement en avoir besoin.
Ça faisait deux minutes que les poubelles avaient été descendues.
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18 novembre 2007
Je tire toujours la langue sur les photos. Je fais toujours du vélo sous la pluie. Je suis toujours capricieux et inconstant. J’aime toujours les câlins et les gratouilles entre les oreilles. Je lis toujours des bandes dessinées. Mes amis collent des centaines de post-its dans tous les coins le soir de mon anniversaire. On liquide deux paquets de chamallows et une boîte de bonbons chimiques en lançant des cotons-tige sur le toit des voisins.
Aujourd’hui, j’ai trente ans.
Dernier de trente petits cailloux.
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11 novembre 2007
J’étais arrivé seul au rendez-vous. Illes étaient presque tou-te-s là. On allait ensemble au spectacle. J’étais ravi de les revoir. Eux et elles. On est entrés et on s’est répartis dans les rangs successifs de fauteuils, rouge velours. Elle m’a attendu, s’est assise près de moi. Rien encore n’était dit, un regard extérieur n’aurait vu que deux spectateurs sur deux sièges voisins.
À la sortie le groupe a rejoint un bistrot du quartier. Il y a eu un instant suspendu avant qu’on prenne place tous autour de la table. Du coin de l’œil essayer de prédire chacun quelle place l’autre choisirait. S’attacher à ce que fortuitement l’on se retrouve côte à côte.
Puis on a commandé nos bières et parlé de choses et d’autres. J’ai souri, sans doutes. J’élaborais des stratégies subtiles, évaluais les signes, conjecturais les réactions prochaines. Je me demandais si…
C’est à ce moment-là qu’elle a posé sa main sur la mienne.
Vingt-neuf de trente petits cailloux.
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