Archive pour la catégorie Général

Parole de plombier

mardi 20 septembre 2005

Il avait dit « quinze heures ». J’ai été là, en avance, prêt à l’accueillir, sauveur qu’il était de ma tuyauterie défaillante. Je l’attendais, anxieux, plein d’espoir aussi. Presqu’une semaine déjà que ma douche était froide.

À quinze heures trente, je suis allé aux nouvelles. Il m’avait « oublié », il n’avait pas noté. J’étais déçu bien sûr, j’avais pris une demi-journée de congé. Spécialement pour lui, je sacrifiais mes vacances sur l’autel de l’artisanat parisien. Il m’a promis de me rappeler. Très vite. Une demi-heure tout au plus.

C’était à seize heures ce tantôt. Il fait maintenant nuit noire, et je sais que cet homme n’est pas sérieux. Il n’est pas professionnel. Il n’a pas de respect pour moi, son client, pas de respect pour son travail, pour son métier. Pas de respect pour lui-même non plus, tant il salit son âme à trahir ses mots, à cracher sur la parole qu’il a donnée.

Finalement je suis presqu’heureux qu’il ne soit pas venu. Je n’aurais pas voulu qu’il touchât ma chaudière.

Addendum – 21 septembre, 15:50, le téléphone sonne…

– Allô, bonjour, c’est pour l’entretien de la chaudière… [Non, c’était un dépannage sur une fuite de gaz. ]
– C’est un peu tard, vous deviez me rappeler hier avant seize heures pour convenir d’un rendez-vous, vous ne l’avez pas fait, j’ai contacté une autre entreprise.
Mais votre copine ou votre femme nous a dit de venir aujourd’hui !
– Je vis seul, Monsieur. Au revoir et bonne journée.

La fin de la sieste

dimanche 18 septembre 2005

Je suis revenu de Florence. Dans le train qui m’emportait de l’aéroport, l’excitation montait. Dans une demi-heure, je serais à la maison. Je terminais Madrapour de Robert Merle (lecture de circonstances pour un retour par transports aériens), tandis que je glissais vers la ville, les essieux bien huilés soufflant les minutes qui me séparaient de l’instant du retour, les joints de rail rythmant le parcours de la rame à travers les gares de banlieue presque toutes désertes à cette heure-là du soir.

Parvenu Gare du Nord, j’ai quitté le train. La maison était proche. Doucement euphorique, je dévorais des yeux chaque recoin connu dans le dédale d’acier, de béton et de verre. Avide de la cité. J’ai remonté les escaliers de la bouche de métro, j’ai aspiré une grande rasade de nuit. L’air était merveilleusement doux, curieusement parfumé, c’était surprenant tant Paris, d’habitude, sent plutôt la fumée des voitures ou cette odeur si particulière de l’enrobé poussiéreux qui recueille les grosses gouttes au début d’un orage estival.

Demain je retrouverai la ville de nouveau bruissante. Elle n’est plus écrasée par la chaleur d’août, vidée, fermée, recluse et temporairement absente. Elle s’ébroue, se rafraîchit, se dore une dernière fois au soleil avant l’automne. C’est la fin de la sieste, bientôt ce sera le soir.

Il est cinq heures de l’année. Paris s’éveille.

Premier café

dimanche 4 septembre 2005

La nuit a été courte. La sonnerie du réveil a déchiré le silence du matin cinq heures après que nos corps s’étaient abandonnés au sommeil. Peau contre peau, nous nous étions endormis sous la caresse d’un souffle d’air nocturne.

Je l’abandonne quelques instants pour préparer deux expressos. De la cuisine, je vois des taches de soleil qui jouent sur le carrelage. La maison bruisse du jour qui commence. Une dosette de mouture fine… Il faut bien tasser. De mes mains s’élèvent des odeurs de café et de sexe mêlées.

C’est le premier café du premier matin. Il fait beau dehors et dedans.

Nuit grise

jeudi 1 septembre 2005

Minuit. Il va falloir penser à finir les rangements et le ménage.

Une heure. C’est bon, c’est fait. Je vaque aux derniers rituels avant de me glisser sous la couette. Maintenant, lire un peu.

Deux heures, déjà. Éteindre vite. Dormir sept heures au moins. Et en attendant ne plus sentir ce cœur qui bat trop vite et trop fort. Respirer moins vite. Tout va bien, mes paupières sont lourdes, la fatigue est là. Le sommeil ne va pas tarder.

L’heure passe. Chercher une position confortable. Cette couette est trop chaude. Cet oreiller pas bien calé. Il fait noir et ce cœur cogne trop fort. Je n’arrive pas à faire le vide.

L’heure passe. Les « trucs » et les recettes aussi. Mais le ronronnement lancinant des bruits de la maison ne suffit pas à absorber mon esprit. Tac, poum, tac, poum. Le cœur, trop vite. Tac, poum, tac, poum. Les pensées, trop fort.

Trois heures. Le sommeil n’est pas là. Et soudain mes paupières se soulèvent sans effort. Les yeux grand ouverts, je fixe l’obscurité. C’est le signe que rester couché ne servira plus à rien.

Vous qui n’êtes pas des geeks

dimanche 14 août 2005

Vous qui êtes médecin, professeur, écrivain, hommes et femmes d’esprit et de cœur,
Vous pour qui la technique semble simple ou magique,
Vous qui nous demandez l’impossible, parce que vous savez que ce n’est pas à ça qu’on s’arrête,

Apprenez combien de sang et de larmes sont derrière tout cela.
Apprenez les heures sombres de ceux qui sont derrière la scène, dans la coulisse.
Apprenez le poids du résultat qu’on attend d’eux, et le poids de l’exigence qu’ils s’imposent à eux-mêmes, qu’ils choisissent comme leur honneur : faire en sorte que ça marche.

Sachez qu’ils luttent à chaque minute pour que tout ici fonctionne tout seul ; que ce qui marche tout seul ne le fait qu’à la force du poignet et de la vigilance constante des hommes qui veillent au chevet des machines.

Sachez qu’ils souffrent parfois de ne pas plutôt veiller les humains.

Plaisir des yeux

jeudi 11 août 2005

Justine livrait récemment aux regards concupiscents de son public attentif le récit anonyme d’un jeune homme sauvé par un pépito salvateur alors qu’il venait de tomber victime d’un râteau caractérisé.

Cette histoire, qui incidemment aurait tout-à-fait sa place dans la sympathique communauté potagère Rateaux sur Orkut), ce joli petit récit m’inspire une réflexion de fond dont on pourrait, je crois, utilement débattre ici.

Il s’agit de la question, cruciale encore en cette fin d’été, du pantalon-taille-basse-avec-string-qui-dépasse (ou butting, pour faire chic et sophistiqué dans les salons). Il est de bon ton, en tous cas dans certains des cercles que je fréquente, de s’offusquer de cette pratique en hurlant à la vulgarité provocante avec des petits cris de première communiante, tout en poursuivant par ailleurs avec entrain une discussion à bâtons rompus sur les sujets, sexuels ou non, les plus crus.

Et là, je dois m’inscrire en faux. En effet, en général, j’aime bien. Ces petites bandes de tissu qui tracent une fine ligne sur la peau, donnent à imaginer qu’on voit plus qu’on ne devrait. Elles invitent à rêver leur prolongement, leur continuation, évoquent sans montrer, tout comme l’invitation de la naissance d’un décolleté, ou le creux d’une aine dévoilé à la lisière d’un paréo diaphane. Ça peut être diablement érotique, et je revendique là le plaisir du voyeur urbain qui caresse du regard les peaux lisses des jeunes gens et des jeunes filles qu’il croise dans le métro, parce que c’est au moins aussi intéressant que de rester le nez dans son bouquin.

La provocation, la séduction, le jeu de ce qu’on montre et de ce qu’on suggère, c’est une discipline sur le fil du rasoir. Bien sûr, le piment est difficile à doser, et en excès il gâte le goût. Mais juste ce qu’il faut de piquant, c’est bien agréable quand même.

Paréologie

dimanche 7 août 2005

Thomas au paréo Hier au soir on a fêté l’anniversaire d’Artefact. Comme elle a une chouette terrasse où on peut faire des photos tranquillement sous le regard lubrique du voisin du dessus, je lui ai piqué son paréo Têtu et j’ai demandé à Melie de me prendre sous mon meilleur profil, pour participer au petit jeu proposé par Batims. Hop, c’est fait.