Archive pour la catégorie Général

Suicide ferroviaire dans une petite gare de province

lundi 26 décembre 2005

Laval, 17:41, samedi 24 décembre. Le TGV 8091 entre en gare, deux minutes d’arrêt. Le nez dans mon bouquin, je ne jette même pas un regard aux voyageurs emmitouflés sur le quai – je continue jusqu’à Saint-Malo, le champagne et les huîtres sont déjà au frigo.

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Ce qui est ajouté à la fin

vendredi 23 décembre 2005

D’habitude, quand je cherche un mot dans le dictionnaire, il y est. Il y a presque toujours dans le néologisme improbable un parfum subtil, un goût différent sur la langue au moment où on le prononce, qui fait qu’intuitivement on sait qu’on ne le trouvera pas ; et a contrario les mots si familiers, usuels, qu’on a entendus cent mille et une fois nous on forgé l’oreille à les reconnaître sans même avoir besoin de leur prêter attention.

Or donc je m’assurais ce soir, par routine et dans le souci de l’exactitude pointilleuse, de l’orthographe d’un terme au sujet duquel je venais de signaler à une amie qu’elle l’avait molesté dans un récent billet. Par pur acquit de conscience – ou du moins le croyais-je.

Seulement, j’ai dû bien vite me rendre à l’évidence : quelque chose clochait. J’avais levé un lièvre. Car dans mes dictionnaires, pas plus d‘*addendum que de beurre en broche.

Le Trésor de la langue française informatisé ne l’a pas. Le Littré non plus. Le petit Robert est muet sur la question, tout autant que le dictionnaire de l’Académie. Alors que ces gens-là savent de quoi ils parlent. Stupeur et consternation. J’en restais bouche bée, c’est bien la première fois que je perdais un mot.

Je l’ai retrouvé un peu plus tard caché dans un coin. Grevisse, au paragraphe des mots latins, évoque les collectifs errata et addenda, liste d’erreurs, liste d’éléments qu’il convient d’ajouter (en cohérence avec l’étymologie, participe passif pluriel du latin addere). Il propose le singulier erratum comme un item d’errata, et sous-entend que pour addendum ça devrait marcher substantiellement pareil. C’est d’ailleurs l’avis des anglais, puisqu’eux utilisent bien couramment addendum comme le singulier associé au pluriel addenda.

Le Robert et Collins, d’ailleurs, a le bon goût de donner donner une traduction pour l’anglais addendum : addendum.

Vingt choses que vous ignoriez peut-être

dimanche 18 décembre 2005

Melie m’a demandé vingt révélations me concernant. Toujours joueur, et un peu exhibitionniste aussi, comme nombre de blogueurs n’est-ce pas, je me livre à l’exercice de la confession impudique.


J’ai couché avec trois fois plus de filles que de garçons. Exactement. (À ce jour.)

J’ai une liste à jour (pour le moment).

Je n’ai pas de liste de tous les gens que j’ai embrassé-e-s. Il y en a dont je ne connais pas (ou dont j’ai oublié) le prénom.

J’ai déjà causé un chagrin d’amour. C’était l’hiver de la classe de Première. Ce sera sans doute le regret de toute ma vie. (A… si tu me lis…)

J’ai horreur qu’on m’appelle « jeune homme ». Je trouve ça terriblement condescendant.

J’ai peur de la mort.

Je ne crois pas en Dieu. C’est peut-être pour ça que j’ai peur de la mort (parce que je n’ai rien à espérer pour après).

J’ai des complexes sur mon physique.

Je ne bois plus de blended depuis une nuit du printemps 1997 où j’ai beaucoup vomi. Je n’ai jamais été malade avec un single malt.

Quand j’étais petit, j’achetais des billet de Tac-O-Tac. Je voulais gagner plein de sous pour acheter un tigre. Comme ça, à l’école, personne ne m’aurait plus embêté.

Je n’ai rien contre coucher le premier soir.

Certaines personnes ne savent pas que je ne les aime pas.

Certaines personnes ne savent pas que je les aime.

Je n’ai jamais fumé (jamais tiré une taf, ni sur une cigarette, ni sur un joint, ni sur une pipe, ni sur un narguilé…) et plus le temps passe plus je suis heureux de n’avoir jamais commencé.

J’aimerais avoir des enfants un jour, et vivre avec leur maman et eux.

Un jour mon père m’a dit « Thomas, va t’faire couper les ch’veux. » Je lui ai dit « D’accord, dans vingt ans, si tu veux. » Finalement, j’ai tenu dix ans, et je les ai coupés de ma propre initiative, parce que j’en avais envie. De l’avis général, c’était une bonne idée.

Je n’ai fait les vitres chez moi qu’une fois en deux ans et demi.

Entre la sonnerie du réveil et le moment où je m’extrais de sous la couette, il s’écoule très rarement moins d’un quart d’heure, quelquefois plus d’une heure. Et sous la douche, c’est vingt minutes minimum (sauf absence d’eau chaude). Toujours en écoutant France Info.

Je m’offre de droit un pain au chocolat si j’arrive au boulot avant dix heures.

J’ai des secrets.


Je suis supposé passer la main à trois victimes. Elles se reconnaîtront.

Le principe entropique

vendredi 16 décembre 2005

Je n’ai pas d’animaux familiers. Je n’aime pas les chiens, c’est bête et ça fout des poils partout. J’aime bien les chats (enfin, ceux des autres) parce que c’est intelligent (et cruel parfois), mais ça fout aussi des poils partout.

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Dans le parc du midi

mercredi 14 décembre 2005

Melie, attentionnée comme à son habitude, m’a offert mon portrait South Park. Il me plaît bien, j’espère que vous le trouverez ressemblant.

Thomas South Park

Merci Melie !

Rayonnement du corps noir

vendredi 9 décembre 2005

Je voudrais caresser ta peau… si tu étais là.
J’aimerais effleurer ton corps… mais tu ne le sais pas.
J’adorerais fermer les yeux et embrasser tes lèvres… si j’osais m’approcher.

De loin je t’adresse une pensée. D’ici je soutiens ton regard. Pour toi, voici un sourire.

Et bordé de silence, je vous rêve ensemble, obscurs objets de mon désir.

Édulcorant de synthèse

lundi 28 novembre 2005

Novembre fuit, novembre meurt. L’automne s’étiole, transi : il a neigé avant-hier. Pluie aujourd’hui. Elle m’envoie de loin des mots qui sentent la poussière rouge et le sable chaud. Je reste ici, une dernière bulle de lumière à mon bureau. La rue et la maison bruissent du silence de la nuit.

Je vis comme en-deça, ou peut-être à côté, du monde tangible d’ici et maintenant. À peu de distance, j’observe la vie qui glisse et je reste là, sans comprendre. Ça bouge, les gens vont, viennent, me voient me débattre et pensent que je m’agite comme l’un des leurs, sans doute. Je demeure au milieu de la foule, saisi de stupeur.

J’apprends le goût de l’absence, chaque jour. Il ressemble à la liberté comme un mauvais édulcorant. Une fois qu’on l’a en bouche, on ne sait plus que faire, attendre qu’il s’estompe ou tenter, si l’on peut, d’en pallier l’amertume par quelque autre saveur.