Banlieue chaude

L’après-midi se termine, écrasé de soleil. En face de moi, la vieille femme tricote un gilet de laine qui détonne par ce temps. Laide, trop maquillée. Le rouge s’étale en veinules capillaires dans les sillons des rides de sa bouche. Trop parfumée, c’est entêtant.

L’homme fatigué porte un costume sombre fatigué de forte laine. Comment fait-il pour tenir, par trente degrés à l’ombre, avec son chapeau épais ? C’est peut-être pour ça qu’il somnole. De son soulier s’échappe un lambeau de sac plastique de supermarché déchiqueté, en manière de chaussette. Il s’appuie sur sa béquille.

Des hommes et des femmes de toutes les couleurs tripotent leurs téléphones mobiles. Ça leur donne une contenance dans l’air surchauffé. L’enfant blonde raconte à sa mère blonde ses futurs voyages. Sa poupée blonde les observe, impassible.

Bus 304, Gennevilliers, juin 2006.

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