Le spectre innommé
mardi 3 janvier 2006Dans le silence de la nuit, nous avons mêlé nos larmes. J’ai écouté ton corps, elle a réchauffé le mien. Nos âmes entremêlées se sont nouées un temps. Un instant seulement. Dix mois, un coup d’aile, un souffle qui n’a fait qu’effleurer les ombres qui toujours voletaient dans ses yeux.
D’un coup de griffe, elle a tranché le lacs. J’ai désinfecté la blessure vive d’une lampée d’alcool. Ça a brûlé. J’ai arrosé le feu de larmes salées. Le feu s’est éteint. La plaie s’est refermée, elle a tiré un peu pendant quelque temps et puis s’est fait discrète cicatrice. Je ne la montre pas ; parfois sans doute on peut la sentir, infime irrégularité qui subsiste, si l’on explore mon âme du bout des doigts.
À l’inventaire de l’histoire, elle convoque les fantômes. Mais le mien n’est pas de ceux qui sont appelés à boire au souvenir des amours mortes. Spectre parmi les spectres, elle ne lui donne pas même la chance d’avoir été.
Alors la cicatrice suinte encore quelques larmes d’oubli.
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