Archive pour le 3 mai 2005

Les cheveux rouges

mardi 3 mai 2005

J’ai un faible pour les cheveux rouges. Je l’ai déjà avoué publiquement, j’ai craqué sur Kate Winslet dans Eternal sunshine of the spotless mind (un film qui m’a par ailleurs touché, que j’ai revu avec plaisir). Je l’ai clamé sans fausse honte, et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Un mien camarade me demandait, ce tantôt, si les chevelures rougeoyantes faisaient toujours partie de mon petit monde fantasmatique, à quoi je lui ai promptement répondu par l’affirmative. Tout en sollicitude, il m’a fait parvenir alors un petit paquet d’images virtuelles.

J’ai été surpris.

On y voit en effet une demoiselle au sourire ultra-brite, aux cheveux teints d’un rouge de ceux qui me font rêver d’embrasement. Court vêtu sur les premiers clichés, elle abandonnait progressivement sa tenue – déjà réduite – et je suppose qu’elle devait se retrouver en tenue d’Ève vers le début de la page deux, que je n’ai pas consultée. Un rapide coup d’œil à la page quatre m’a confirmé sans équivoque l’esprit ludique du modèle, munie sur les derniers clichés d’un jouet qu’on ne trouve pas habituellement au rayon « Enfants » du supermarché local. En tous cas, pas dans le supermarché local en bas de chez moi.

J’ai lâché l’affaire et poubellisé les images en question. Je ne suis pas plus client. J’ai été interpellé autrefois sur la consommation habituelle que je faisais alors d’images pornographiques. Peut-être pas seulement interpellé pour de bonnes raisons, d’ailleurs. Mais interpellé néanmoins, et je me suis interrogé.

Sur la parenté entre la pornographie et la prostitution. Ce n’est pas la même chose, bien sûr. D’ailleurs, « la » prostitution n’est pas une notion qui va de soi, tant c’est un terme qui recouvre des pratiques et des vécus divers. Toujours est-il que ce sont des raisons pour lesquelles ce sont des jeux auxquels je choisis de ne pas jouer.

Derrière les prostitutions, derrière les images de sexes nus, il y a – souvent – la souffrance. Comme conséquence ou comme cause. Peut-être pas toujours, d’ailleurs. J’ai lu des témoignages de personnes qui se prostituent, qui revendiquent cela comme un libre choix de métier, qui refusent d’en être victimes. Mais qui reviennent aussi sur des violences passées, violences subies, traumatismes qui ne peuvent que m’interroger sur les déterminants de ce choix. Je ne crois pas au hasard ; je doute toujours de la nature du libre arbitre.

Derrière la femme qui s’enfonce en souriant un gode de plastique brillant devant l’objectif qui l’épie, il y a peut-être bien les substances qu’elle se met hors champ pour supporter, pour oublier… ou parce qu’elle en a juste besoin et que l’image de son corps nu est ce qu’elle avait de plus cher à vendre pour sa came quotidienne.

Je ne veux pas dire que toutes les prostituées sont des victimes. Je ne veux pas dire que tous les modèles pornos sont tout le temps sous coke. Mais je ne veux pas non plus entrer dans ce jeu économique. Ce monde-là n’est pas que ces travers, que ces extrêmes-là, mais il est cela, et de cela je ne veux pas pour moi.