À l’ombre des diaristes en fleurs

14 juillet 2005

Après le chouette après-midi de juin, on s’est dit qu’on allait remettre ça. Alors c’est décidé, on organise de nouveau un pique-nique de carnetiers à Paris le dimanche 31 juillet au Parc floral !

Je suis sûr que ce sera sympa, alors j’irai. Avec ma salade.

Chonchon au réveil

10 juillet 2005

J’étais chonchon au réveil. Enfin, pour autant qu’on puisse parler de réveil quand on vient de passer deux ou trois heures plié en douze sur un coin de banquette arrière de Micra presqu’entièrement occupée par une rousse endormie, le dos meurtri par les machins de plastique saillant de la portière, tâchant tant bien que mal de trouver une position qui ne me vrille pas simultanément plus de trois articulations fragiles.

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La chimie amusante

7 juillet 2005

Hier, j’ai passé la journée à Dijon pour les RMLL. En coup de vent, malheureusement. J’aurais été ravi de pouvoir participer aux Nocturnes. J’ai promis de revenir bientôt.

Il fallait, ce mercredi soir, que je sois à Paris sans faute, notamment parce qu’il était convenu avec Melie que je la traînerais au ParisCarnet. Parce que cette jeune fille de multiples talents n’aurait pas osé y aller sans être assurée de pouvoir se raccrocher à une figure connue. Je crois qu’elle a frisé l’envie de meurtre à mon encontre, d’ailleurs, au début de la soirée, lorsque je me suis absenté inopinément[1] pour satisfaire à un besoin naturel et pressant.

Moi qui ai longtemps été un grand sociophobe devant l’éternel, je suis surpris maintenant de me retrouver, en quelque sorte, de l’autre côté du miroir. D’ailleurs je crois que les ParisCarnet y sont pour quelque chose. Quand je suis arrivé un soir de mars au Hall’s Beer, je ne connaissais aucun des participants. Pourtant cette soirée, et celles qui ont suivi, ont prouvé que non seulement je n’avais rien à craindre, mais encore que tous ces ex-inconnus que j’ai recontrés étaient surtout un tas de gens chouettes. J’en profite pour leur dire merci et leur faire une bise.

Quant à la soirée d’hier, elle est encore passée trop vite, sans que je m’en rende compte. Je ne regrette pas d’avoir emmené ma petite bande (Melie, Aurele et puis Artefact), d’ailleurs c’est grâce à eux que j’ai eu l’agréable surprise de me retrouver à la table d’Hémisphère M et Hémisphère V. Non seulement j’adore ce qu’elles font et je ne me prive pas de le dire, mais au surplus elles sont de fort agréable compagnie, et surtout elles ne se sont pas offusquées de ce que, dans mon imaginaire de lecteur de leur blog, je me figurais que l’un des deux hémisphères était un homme. Imaginaire ajusté, donc.

Les divers mélanges de personnalités semblent avoir bien fonctionné, donc. Le tube à essais du ParisCarnet a encore une fois fait de jolies couleurs et des étincelles improbables et joyeuses. La chimie, c’est amusant comme tout. (Et d’ailleurs il faut embaucher des chimistes. Vite. Plein. Surtout des qui font des solides vaisselle roses du plus bel effet et offrent de jolies éponges pour orner les chapeaux des messieurs).

Notes

[1] sans qu’elle s’y attende

Draguer en boîte

7 juillet 2005

Pourquoi n’ai-je rien tenté samedi soir ? J’étais déjà ivre de fatigue (mais pas d’alcool, heureusement) lorsque nous sommes arrivé-e-s au Tango. Qui pour s’asseoir, papoter et picoler, qui pour observer, sur la piste de danse, mais pas si loin du bord, la foule des danseureuses qui se déhanchaient, se cherchaient, parfois se rapprochaient, s’embrassaient, au hasard des attractions extemporanées de leurs atomes crochus.

Nadia m’enjoignait de passer à l’action et de sauter illico sur quelque beau mec. Malheureusement, ce soir-là, je n’en apercevais aucun qui fût à mon goût, à l’exception peut-être d’un ou deux, trop vite perdus de vue dans la foule. Et pourquoi ne partait-elle pas, elle, à la conquête d’une demoiselle qui lui plairait ? « Oh, les filles c’est trop compliqué, tu vois, il faut leur parler pendant des heures. Vous les mecs, un regard et hop, c’est bon ! » Facile à dire.

Et puis on est allés s’asseoir avec les copains et les copines et j’ai continué de perdre mes pensées dans son regard sans oser lui dire que son charme dévastateur était, pour l’heure, le point focal de mon attention et la raison majeure pour laquelle je n’arrivais pas vraiment à m’intéresser à qui que ce soit d’autre.

J’étais perdu quelque part dans les limbes d’une rêverie éveillée, déconnecté du temps et de l’espace de la conversation, quand l’un de mes camarades m’a rappelé parmi eux : « Eh, qu’est-ce que tu attends ? Vas-y ! » Son regard me montrait une jeune fille seule, de dos, à la table d’à côté.

Bien sûr je n’en ai rien fait. Un mec qui drague une fille dans une boîte homo, ç’aurait cruellement manqué de classe. Et de toute façon je n’ai jamais su draguer en boîte.

De battre mon cœur s’est arrêté

1 juillet 2005

Il a à peu près mon âge, mais il est plus nerveux, plus méchant. Sa mère est morte il y a longtemps, son père l’aime, il aime son père, mais ils ont du mal à communiquer. Il s’appelle Thomas, comme moi.

Je trouve en lui comme des échos de moi. Lui non plus ne veut pas vivre juste pour son boulot. Il s’accomode de sa propre violence, mais elle le ronge à bas bruit. Il a besoin de faire sortir autre chose de son être, de ses mains. Lui, c’est la musique. Il veut reprendre, devenir pianiste. Il y a du travail, beaucoup de travail. C’est dur. Il a la rage. C’est ça qui le fait avancer.

Au fond il n’est qu’un enfant. Ce n’est que sous le regard tendre des figures maternelles (Aline, Miao-Lin) qu’il arrive à passer la Toccata en mi mineur et qu’il laisse derrière lui – pour un temps – le souvenir du sang.

De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard – 2004.

Marche au soleil

26 juin 2005

Écrasé de chaleur, après une (fin de) matinée de promenade parisienne, j’étais encore indécis. Je revenais d’un petit tour entre Butte-aux-Cailles et place Dauphine, où les rosiers sont enfin en fleurs, mais où la façade du Palais de Justice est toujours en travaux. N’ayant rien prévu, je m’interrogeais. Marchera, marchera pas ?

Et puis Artefact a lancé un appel à motivation sur IRC. Alors, je me suis décidé, j’ai encore rentabilisé mon forfait GSM pour compter les troupes, et j’ai gaillardement chaussé de jolies pompes et une moche casquette, chargé ma besace d’une gourde d’eau et d’un flacon de crème solaire, au cas où. Et je me suis mis en route pour retrouver Artefact et les M&M’s, mes gouines préférées (les plus fondantes de Paris), au pied de la statue de Danton boulevard Saint-Germain.

Ponctuel au rendez-vous, j’attendais donc mon petit monde en sirotant une orange pressée bien fraîche lorsque j’ai vu passer un barbu dont la tête me disait quelque chose. C’est lui ? C’est pas lui ? Je n’ai pas confiance en ma mémoire des physionomies, je doute toujours avoir reconnu quelqu’un ou pas, et j’appréhende plus que tout la situation ridicule dans laquelle je me trouverais si je m’étais trompé en croyant identifier une personne. Réciproquement, j’ai aussi peur de me trouver quelque temps plus tard en face de la même personne, cette fois dans un contexte où son identité ne fait aucun doute, et de m’entendre dire « tiens, on s’est croisés il y a quelques jours, mais apparemment tu ne m’as pas reconnu ».

C’est pour ça que le plus souvent, quand je crois reconnaître quelqu’un dans le bus, dans le métro ou dans la rue, je m’arrange pour éviter le croisement des regards, et je fais l’autruche pour pouvoir prétendre que je n’ai rien vu si d’aventure l’autre m’a vu et m’en fait part plus tard. Cela permet aussi d’éviter l’angoisse de n’avoir rien à se dire, cette angoisse prégnante qui m’a longtemps rendu insupportable la simple idée d’aller prendre un verre en tête à tête avec un copain, une copine ou une simple connaissance, juste pour papoter.

Or donc, passait le barbu, et je m’interrogeais encore sur cette tête connue quand, coup de chance, il a sorti sa pipe : j’ai pu en toute confiance héler Laurent qui, lui aussi, passait dans le quartier, et qui m’a fait promettre d’être du prochain pique-nique ParisCarnet (moi je suis tout-à-fait partant !) J’attendais donc mes cops, cependant que Laurent se dirigeait vers le parcours de la marche, boulevard Saint-Michel.

Quelques minutes plus tard arrivaient enfin Melie, Marie et Artefact. Nous nous sommes alors mis en marche rejoindre le défilé. Sous le soleil de juin, nous avons remonté la parade de jolies filles et de beaux garçons.

Au passage j’accroche quelque regards, échange quelques sourires. Ah, la demoiselle à rayures. Un de mes grands fantasmes. Puis l’éphèbe du char du Banana, hâlé, imberbe, superbe, lunettes miroir et un torse sur lequel j’aurais bien fait glisser mes doigts… Complicités échangées l’espace d’un quart de seconde, qui font chaud au cœur à chaque fois, mais qui n’iront pas plus loin parce que je ne suis pas encore capable d’aborder un-e inconnu-e dans la rue pour lui proposer… je ne sais pas… d’aller prendre un verre… de se revoir… ou de l’embrasser là comme ça au milieu de la foule…

En remontant descendant parcourant vers le Sud le boulevard Saint-Michel, nous sommes successivement rejoints par deux copains, dont l’un nous fera plus tard bisquer en se faisant inviter, pistonné qu’il est, sur le char de FG. Nous continuons à pieds, nous, et nous arrêtons finalement place de la Sorbonne pour siroter quelques boissons fraîches en mangeant des p’tits chimiques. J’en ai profité pour subtiliser l’appareil de Melie et prendre quelques clichés des M&M’s.

Chacune, chacun est finalement rentré chez soi, après avoir admiré l’efficacité de la horde de camions verts de la Voirie (chapeau, les gars !), les pieds et le dos un peu endoloris, mais content-e-s d’avoir marché la tête haute (et le postérieur trémoussant) sous le soleil de juin.

Futur antérieur

20 juin 2005

Je m’efforce de vivre sans regrets.

Aurele, lui, accepterait un retour en arrière pour changer, en un point critique, le cours de sa vie.

Pour ma part je partage l’avis de Melie. J’ai un seul regret (la première peine de cœur que j’ai causée à quelqu’un), mais j’ai vécu tant de choses merveilleuses que je ne voudrais pas échanger cette vie-là contre une autre qui n’aurait peut-être pas été meilleure.

Par ailleurs, bien des carrefours de ma vie, bien des événements qui l’ont déterminée et en ont infléchi le cours, sont des jeux de hasards, des amours improbables nées aux petites heures de quelques matins tièdes, ou des croche-pieds vicelards de la camarde qui décide d’emporter n’importe qui, n’importe quand. À ces carrefours-là, on ne choisit pas la direction qu’on prend. On s’efforce de marcher quelque part et c’est déjà pas mal.