Un lundi au soleil

18 avril 2006

Silence radio complet la semaine passée… car j’étais à neuf mille kilomètres de la maison, et hors d’atteinte de toute espèce d’accès Internet. J’ai ressorti les cahiers et les crayons, noté ce qui me passait par la tête, et surtout profité du soleil, du sable blanc et de l’eau turquoise du lagon. Dès demain, le soleil des Maldives s’invitera ici pour quelques pages du carnet de voyage.

Hors limites

10 avril 2006

Jamais avec les ex. Tu m’avais dit il y a longtemps qu’on renonçait au sexe quand l’histoire était finie. Les anciennes amours et les amantes de passage une fois perdues de vue, c’était zone interdite. J’ai fait mienne cette règle, fièrement intègre, droit dans mes bottes, jusqu’au jour où.
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Contrat Première Étreinte

2 avril 2006

C’était soirée Nineties revival. La reine du disco avait convié toute la diaspora anglo-estudiantine, plus quelques copains. Le deux-pièces rue Sainte-Croix était bondé et bruyant du son de notre adolescence et des conversations ; la sangria – une recette non canonique à base de quartiers de pomme et de Fanta citron – coulait généreusement.

J’avais avisé la-coloc’-de-l’amie en arrivant. Une blonde toute fine, plutôt jolie, avec en pendentif la clé d’un placard – celui, peut-être, où dorment ses secrets. Or donc la conversation s’engagea sur ses goûts en matière de garçons. Elle les aime beaux, bien sûr, intelligents, aussi. Et attentionnés ? Surtout pas, je préfère les connards !

Elle nous chambre, bien sûr. Cela ne fait aucun doute. Aucun ? Elle développe. Les mecs gentils, c’est trop facile, c’est gagné d’avance.

Elle est donc sérieuse. Elle aime le défi et l’insécurité permanente, toujours devoir gagner l’attachement de l’autre. Au jeu de la séduction, elle veut jeter sa victoire à la face du monde, triompher des plus durs. Elle veut se battre, se battre et gagner ; à vaincre sans combat, elle triompherait sans gloire.

Alors elle recherche l’amour vache, celui qui peut casser du jour au lendemain, sans justification dans la lettre de rupture. Diane chasse les connards sauvages, elle leur signe des deux mains un Contrat Première Étreinte.

Célibabstinence

27 mars 2006

Célibataire. C’est la liberté ? C’est pas de comptes à rendre ? Pouvoir draguer qui je veux, quand je veux ? C’est mon bordel chéri qui a le droit d’envahir l’appart’ sans que personne n’y puisse rien trouver à redire ?

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Soirée coton

24 mars 2006

La semaine et les microbes m’ont crevé. Lessivé. Las, quelques courses encore pour manger ce soir. Il est tard et le supermarché se vide peu à peu. Bien sûr l’homme devant moi paiera ses courses, sept euros cinquante-six, en un monceau de petites pièces. Bien sûr, quand la faim et la fatigue se font prégnantes, il faut attendre encore un peu. Ce n’est pas grave, va. J’ai la soirée devant moi.

Le froid est humide, pénétrant, et je me réfugie loin sous terre. Un niveau après l’autre, comme tous mes frères voyageurs, je m’enfonce dans les entrailles tièdes de la ville. Le train s’ébranle, glisse dans le tunnel sombre. Je suis ailleurs, détaché, flottant dans l’engourdissement qui gagne tous mes membres. Le médicament commence à faire effet. Mon nez ne coule plus, mon cerveau s’éteint à petit feu, la torpeur douce s’installe. J’aime cette sensation cotonneuse.

Une station. Vite, descendre, maintenant. Je suis bientôt arrivé. Remonté à l’air libre, je marche vers le nid qui m’attend. La maison m’accueille, enfin la douce chaleur. Enfin, se poser. Nourrir et réchauffer le corps. Abreuver et rincer l’esprit. Débrancher l’intellect. Oublier tout. Ce soir, je ne vois personne. Je suis seul. Je suis bien.

Système granulaire

19 mars 2006

Au commencement il y a le temps qui coule. Fluide, il m’emporte, parfois je veux m’accrocher un peu au bord et alors il roule contre moi et finalement m’entraîne de nouveau vers l’aval.

Dans le courant, un grain de sable. Du corps étranger dans un fluide en mouvement naît une zone de turbulence. Il suffit d’un mot, d’une phrase volée ici ou là, d’une sensation fugace au creux des tripes. Alors heure après heure, jour après jour, les limons s’amoncellent autour de l’aspérité originaire et l’idée prend corps, ridule sculptée quelque part sous mon crâne.

Ça percole tranquillement. Ça mûrit avec lenteur. Parfois bien sûr les mots débordent, s’épanchent et inondent l’un ou l’autre carnet avant que j’aie pu prendre garde de leur faire une digue. Hors les temps de vives eaux et les soirées d’orage, ils attendent sagement, sans faire trop de vagues. Je finis par m’asseoir, prêt enfin, seul et calme. J’écoute le silence de la ville et le café qui coule. Le breuvage brûlant, la mousse brune dans la tasse, c’est le signal. Les mots ici vont naître.

Coïtus Impromptus II, « Rituel d’écriture »

Résonance magnétique

16 mars 2006

Étrange écho, encore. Emmurée de silence d’avoir été brisée, elle abandonne son corps en rédemption muette. Épars, les souvenirs enfouis emprisonnent ses mots. Elle s’écrie que c’est bon, conjure les effluves d’enfer écrits sur son passé. Épuisée, son orgasme se délite et se mue en sanglots étouffés.

Encrés en moi, les stigmates du désespoir.