Une vie et une mort le temps d’un voyage en métro

9 mars 2007

Odéon, après le ciné. Je descends le quai, je mate, à mi-parcours je tombe en arrêt sur elle. Grande rousse, cheveux épinglés sage, au téléphone.

Montés dans la voiture. Elle continue à parler, je suis tout près, capturé par sa voix vive. Je la bouffe des yeux pendant que son sourire me dévore. Vivante. Lèvres rouges encore, elle sort d’un bar à sangria du quartier. Parle sans doute d’une rupture récente et d’une fête future. Amitié. Raccroche.

Lui parler, excusez-moi, vous êtes lumineuse radieuse très belle votre voix est envoûtante du miel de l’or vos lèvres j’ai envie de te prendre dans mes bras…

Le sourire solaire disparaît. Adossée à la porte, impériale, marmoréenne, traits parfaits, impénétrables et dignes. Elle cherche du regard le nom de la station. Elle descend ?

Non, encore un peu la voir désespérément. La foule s’est clairsemée, je pourrais m’approcher. Arrêt suivant, elle s’avance vers la sortie, descend.

Descendre la rattraper lui parler une dernière chance.

Je l’accompagne des yeux sans avoir pu bouger, spectateur cloué là impuissant, douloureux disloqué immobile, accroché debout au milieu du train. Elle disparaît sans que j’aie pu croiser son regard.

Sans les mots

26 février 2007

Un dimanche comme ça, abrutir la fatigue à coups d’heures de sommeil jusqu’à ce qu’elle cède, la carne. Pour quelques heures seulement avachies sur le canapé à attendre qu’elle revienne en mangeant à des pas d’heures des fromages gouteux et des raisins sucrés.

À l’arrivée précipitée du soir, mouillé de pluie après l’après-midi gris par la fenêtre, faire le compte des mots prononcés. Ah, si, ce coup de fil providentiel de M. en détresse, code perdu au pied d’un immeuble de banlieue cossue. À ceux-là près, pas un.

Instant de vide. C’est là qu’on le sent le pire au creux du ventre. C’est celui-là que je ne parviens pas à remplir, parce que tous les corps nus du monde ne peuvent rien à la torpeur d’un soir d’absence.

Fragile dans la nuit

16 février 2007

Après la soirée chez les copains, elle m’a accompagné. Au creux de la nuit, au creux de mon lit, au chaud sous la couette, je l’ai réchauffée.

Elle m’avait dit juste un câlin jusqu’au matin, rien d’autre, j’avais dit OK, j’ai promis, ça serait dur mais tant pis, ce serait doux aussi. Alors il y a eu mes lèvres dans son cou et mes mains sur sa peau, et son corps chaud collé contre moi. Entre nous de fines épaisseurs de coton et de soie encore.

Mais de baisers longs en souffle court la chambre a bruissé de désir. Mes mains sur sa peau et mon corps entre ses cuisses serré et mon visage enfoui dans l’odeur sucrée de ses cheveux. Et mes lèvres qui jouaient avec le lobe de son oreille et sa langue qui jouait à se faire attraper. Et de la promesse elle m’a délié.

« Je te veux, Doux… Me fais pas mal… »

Fragile, craintive, hantée de fantômes d’il y a tant d’années, elle a abandonné sa fine armure de soie et m’a plaqué contre elle. « Me fais pas mal, Doux… »

Non je ne veux pas te faire mal, je veux te faire qu’on se fasse du bien… Tout doucement… Ma peau contre sa peau, sa peur s’est éloignée.

Et bien plus tard : « Encore ! »

Les chats et la souris

11 février 2007

Il y a celle qui sans doute de temps en temps se planque. Adolescente avec ses secrets partagés entre copines, les transgressions minuscules et l’interdit qu’on goûte à ces âges-là en cachette des parents. Elle se sait si discrète, elle ne se doute pas qu’eux aussi ont beaucoup d’imagination, qu’ils ont été enfants, et qu’ils savent encore grapiller de minuscules indices. Mais ils jouent son jeu parfois, car c’est leur rôle écrit, celui de ne rien voir.

Ce soir sa mère l’a emmenée avec elle pour une soirée entre ami-e-s. On chante, on mange, on boit un peu aussi. Les même-pas-trentenaires sont les plus jeunes du groupe, on papote en cuisine tandis qu’au salon on ressort de vieux tubes, aidés de deux guitares et puis d’un peu de vin. Et à l’office on roule un peu aussi, près de la fenêtre ouverte, OCB et boulette à côté de la boîte de manger pour le chat. Un murmure circule lorsqu’on retourne au salon, comme entre conspirateurs. Surtout, la petite ne doit rien apercevoir.

Ce soir ce sont les chats qui se cachent de la souris. Qui croient qu’elle n’a rien vu.

On est pas là pour se faire engueuler

8 février 2007

Ce soir c’était Paris Carnet, quarante-troisième du nom, onzième édition de suite chez O’Cantina, près Montgallet.

Lire la suite de cet article »

Je thème ?

4 février 2007

Une question en forme de sujet de dissert’ : Selon vous, un blog doit il avoir un thème ?

Lire la suite de cet article »

Tragi-comédie téléphonique en quatre temps

29 janvier 2007

Prologue

C’était au croisement des couloirs du métro, elle prenait la 8, je crois, moi la 5, je n’ai jamais eu la mémoire des chiffres. Une autre fois c’était dans un coin sombre d’un bistrot enfumé. Au décours de la soirée, j’avais attendu le dernier moment mais j’avais fini par passer outre timidité et inhibition, je lui avais demandé son numéro de téléphone. L’instant me semblait opportun. J’espérais avoir trouvé le ton souriant et désinvolte qui convenait afin que ma requête trouvât un accueil favorable.

Gagné, elle me l’avait donné avant de disparaître dans la nuit. Mais la victoire venait avec son cortège de mille poisons ancillaires.

Lire la suite de cet article »