Une vie et une mort le temps d’un voyage en métro
9 mars 2007Odéon, après le ciné. Je descends le quai, je mate, à mi-parcours je tombe en arrêt sur elle. Grande rousse, cheveux épinglés sage, au téléphone.
Montés dans la voiture. Elle continue à parler, je suis tout près, capturé par sa voix vive. Je la bouffe des yeux pendant que son sourire me dévore. Vivante. Lèvres rouges encore, elle sort d’un bar à sangria du quartier. Parle sans doute d’une rupture récente et d’une fête future. Amitié. Raccroche.
Lui parler, excusez-moi, vous êtes lumineuse radieuse très belle votre voix est envoûtante du miel de l’or vos lèvres j’ai envie de te prendre dans mes bras…
Le sourire solaire disparaît. Adossée à la porte, impériale, marmoréenne, traits parfaits, impénétrables et dignes. Elle cherche du regard le nom de la station. Elle descend ?
Non, encore un peu la voir désespérément. La foule s’est clairsemée, je pourrais m’approcher. Arrêt suivant, elle s’avance vers la sortie, descend.
Descendre la rattraper lui parler une dernière chance.
Je l’accompagne des yeux sans avoir pu bouger, spectateur cloué là impuissant, douloureux disloqué immobile, accroché debout au milieu du train. Elle disparaît sans que j’aie pu croiser son regard.
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