Archive pour la catégorie Général

Comment cultiver le manque de sommeil en passant ses vacances à Paris

lundi 2 juin 2008

En écoutant lundi soir Lynda Lemay à l’Olympia. Ri, pleuré (aux endroits attendus et puis encore à d’autres), et resté scotché à la fin d’une ou deux chansons. Putain, elle est forte. Merci Mlle Toi.

En courant les magasins mardi pour renouveler ma garde-robe d’été et trouver un cadeau d’anniversaire. Ce sera Millenium. En arrosant tes trente-et-quelques, le soir, avec elleux tous.

En écoutant mercredi Didier Super au Point-Virgule avec les copines et les copains book-crosseux.

Jeudi en pensant avoir enfin une soirée où buller et dormir par suite d’annulation de choses prévues, et en changeant de programme par suite de désannulation. En chérissant les garde-manger vides qui offrent un prétexte commode pour inviter à dîner dehors.

En entreprenant un lointain et périlleux voyage vendredi soir (on a pris le RER jusqu’à Gagny, c’est dire !) pour fêter l’anniversaire d’une amie d’enfance de Melie.

En mettant au point un éclairage de spectacle avec les moyens du bord samedi. C’est tellement plus drôle d’illuminer un plateau quand on ne peut accéder ni au gril, ni aux patches. Tant pis, j’attendrai le prochain week-end de via ferrata pour étrenner mon tout beau baudrier bleu.

En redécouvrant au creux de la nuit les joies insoupçonnées de l’électroménager moderne. On oublie trop souvent l’effet que ça peut faire, un glaçon sur la peau. Ou tout ce qu’on peut faire sur une machine à laver.

En courant tout dimanche de la régie à la scène, et retour, parce que c’est bien plus drôle de faire les photos de plateau en même temps que les lumières.

En concluant le week-end en revoyant Créatures au théâtre de l’Épée de Bois. C’est toujours aussi chouette.

* * *

Et cette semaine je ne dors pas non plus, puisque c’est spectacle tous les soirs. Viendez, les gens !

Le coup de la panne

mardi 27 mai 2008

On était jeunes, on était beaux. Les filles étaient arrivées en retard, bien sûr, le temps qu’elles se pomponnent. Avec Bob, en attendant, on s’était fait des pâtes à l’ail. Avec à peine un petit quart d’heure de retard, en fin de compte, on avait sorti la voiture. Elle affichait fièrement un demi-réservoir. Très bien, on ferait le plein là-bas. On s’en allait au fin fond de nulle part, aux confins, après Montargis. C’est là qu’on mariait J.-G. et M., ce samedi-là. On serait sur place presque à temps pour répéter les chants de messe.

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How to Succeed in Business Without Really Trying

jeudi 22 mai 2008

How to Succeed in Business Without TryingLorsque J. Pierrepont Finch arrive au boulot ce matin-là, il est simple laveur de carreaux. Mais il a en poche un opuscule qui pourrait bien changer le cours de sa vie professionnelle : How to Succeed in Business Without Really Trying. S’il met en pratique chacun de ces bons conseils, il est promis à une ascension fulgurante… À moins que l’amour ne vienne s’en mêler ?

Suivez son plan de carrière dans la dernière comédie musicale produite par l’English Theatre Club de l’ENST Télécom ParisTech : How to Succed in Business Without Really Trying, de Frank Loesser (paroles et musique), Abe Burrows, Jack Weinstock et Willie Gilbert (livret).

Mardi 3, mercredi 4 et jeudi 5 juin 2008 à 20:00, amphithéâtre Thévenin à Télécom Paris[1]. Entrée libre.


  1. 49, rue Vergniaud – Paris XIIIe – métro Corvisart ou Glacière, RER Cité universitaire. Se munir d’une pièce d’identité.

Au vert

dimanche 11 mai 2008

La grande maison est posée au milieu de nulle part. Il y a un champ, quelque vaches. En bas de la colline, le petit cimetière. On enterre encore un peu, ici. On marie, parfois. On ne naît plus. C’est ici qu’on s’est retrouvés, avec les copains-copines (quatre couples, six enfants en bas âge, deux célibataires).

Je surveille le barbecue. Il faut pas mal de braise pour les côtes de bœuf. Fendre du bois, préparer le feu, l’entretenir : activités ancestrales et solitaires. C’est propice à la réflexion. Progrès notable depuis Neanderthal, on peut s’accompagner d’une bière fraîche. De fait, le soleil cogne. Ce soir il faudra tartiner de crème les premiers coups de soleil de l’année.

Dans le silence d’ici j’ai tout le temps d’être taraudé de questions. Elles dansent dans ma tête. Eux ici ne posent pas de questions, n’en sauront rien, ou si peu.

Rappelle-toi

mardi 29 avril 2008

Rappelle-toi que tu n’es pas ici pour plaire. Pas ici pour séduire. Qu’ici n’est pas le lieu seulement du beau, du joli. C’est le lieu du dedans avec des larmes, du sang, du sperme, aussi. Rappelle-toi qu’à force de vouloir montrer une surface lisse et blanche, immaculée, tu n’arriveras jamais qu’à construire un mur sans aspérités. Rappelle-toi que tu n’es pas tout blanc ou tout noir. Tu es gris, tu es vert, vert glauque, vert prairie, c’est selon, bleu, rose. Rappelle-toi que tu n’écris pas pour donner en spectacle de l’aimable polissé.

Rappelle-toi d’être toi-même. Ah, bien sûr, tu as choisi d’écrire sous ce nom-là, celui des pères et des pères de nos pères, et celleux-là dont tu croiseras le regard demain savent bien que tu es celui qui s’expose ici. Ce serait si pratique, hein, de n’avoir l’air de rien. Mais n’oublie pas l’injonction qui est à l’œuvre, l’envie, le désir d’écrire qui rampe et s’empare de ta main. Ne cherche pas à la tordre pour en faire autre chose. Tu n’es que l’instrument. Laisse couler ce qui doit.

Rappelle-toi qu’il est vain d’être lisse et stérile. Et alors de nouveau tu arriveras à écrire.

Quiche power

mercredi 23 avril 2008

Nous avons survécu. Quatre quiches en week-end à Amsterdam. J’ai commencé très fort en perdant ma sacoche (incluant portefeuille, papiers d’identité, carte bleue…) dans le Thalys. Ç’a été un grand moment d’émotion et de solitude mêlées quand je me suis aperçu, dans le tram, que je ne l’avais plus avec moi. On a repris la direction de la gare, histoire de passer le plus tôt possible au bureau des objets trouvés. Ça tombait bien, d’ailleurs, vu qu’on s’était trompé d’hôtel (il y a pas moins de cinq Hotel Rembrandt à Amsterdam) et que le bon se trouvait à l’opposé de là où on était, par rapport à la gare.

Nos sacs enfin déposés dans la chambre, on s’est mis en quête de la maison d’Anne Frank, et devant la file d’attente on a finalement opté pour une pizza (calzone quatre fromages, spécialité locale de la Rembrandtsplein qu’on n’a retrouvée nulle part ailleurs) et un coffeeshop. En rentrant on chantait à tue-tête du Balavoine au bord du canal. On n’avait même pas froid, pourtant l’une d’entre nous avait oublié son pull au coffeeshop.

Levés tard dimanche, on s’est remis en route vers la maison d’Anne Frank après un petit café, en espérant que l’heure de midi serait moins fréquentée. Hélas, la file était encore plus longue que la veille, et nos pas se sont portés vers les clairs-obscurs du Rijksmuseum, après un détour par un hamburger en terrasse. Notre premier déjeûner dehors de la saison ! Ensuite, on est rentrés à l’hôtel, après une petite pause au coffeshop (avec récupération de pull). On a fait un tarot en se disant qu’on irait à la maison d’Anne Frank plus tard dans la soirée, puisque c’était ouvert jusqu’à vingt-deux heures. Finalement, on est allés voir les dames dans les vitrines du quartier rouge. M. a pris peur parce qu’elle pensait qu’on était suivis par des types patibulaires. On a filé manger un morceau. Après, il était tard, on est rentrés, et on a ouvert grand la fenêtre de la chambre pour ne pas déclencher le détecteur de fumée.

En fin de compte, on n’a pas vu la maison d’Anne Frank, j’ai récupéré presque tout le contenu de ma sacoche, et on s’est vraiment bien amusés.

Mad at you?

dimanche 30 mars 2008

Are you mad at me? Elle m’a demandé ça avec un sourire au milieu de la foule sur le dance-floor noyé de gros son et de bière trop chère. Mad at you? Why so?

Avec l’Homme des Bois, on les avait retrouvées à dix-sept heures à Luxembourg, toutes les quatre, qui avaient déjà battu le pavé parisien toute la journée. On leur avait donné le dress-code de la soirée : casual sexy. Ça, en tous cas, c’était ma version. En italien, elles avaient traduit ça en medio abbagasciato con stile. Ça veut dire « moyen pute mais avec de la classe » — je n’y suis pour rien, c’est le terme consacré. (Sois prudent tout de même si tu réutilises la locution, des fois ça passe mais ça peut aussi ne pas passer. Tu es prévenu.) Elles ne s’étaient pas foutues de nous.

Je leur ai fait voir les bonnes adresses du quartier. Un chocolat chez Chocolat, quelques bières au Pantalon, et puis on est allés tous ensemble, avec les amis d’amis d’amis qui nous avaient rejoints, manger au Maharadjah. Elle à côté de moi et moi tout près, près comme mes doigts frôlent un peu tout le temps sa peau, là, tu vois ?

Alors plus tard naturellement sur le chemin de la Flèche d’or il faisait froid, elle avait froid et mon bras l’enveloppait pour la réchauffer un peu. Plus tard encore déchaînée sur le dance floor elle avait chaud et elle me donnait chaud aussi. Lascive lovée contre mon corps, mes mains, les siennes, deux souffles mêlés et la douceur de sa joue tiède que je sentais sur ma peau.

À cet instant du récit tu t’attends à mes lèvres qui cherchent ses lèvres qui cherchent ma bouche qui trouve la sienne… Mais en fait non. En fait, on s’en fout. On jouait à tourner autour du désir dans un corps à corps torride, et c’était bon. Moi, je n’étais pas sorti avec une check-list détaillée :

  • 1. talk to her
  • 2. make her laugh
  • 3. dance with her
  • 4. kiss her

J’ai pu la rassurer. I’m enjoying every bit of it, and no I’m not mad at you.