Archive pour la catégorie Général

Le début du jour

mardi 15 février 2005

– Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
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La nature a horreur du vide

vendredi 11 février 2005

Hier soir, après le ciné, on est allés manger des sushis. Pendant que je me délectais d’un bout de saumon frais sur son canapé de riz gluant, elle m’a dit qu’elle avait enfin évincé son ex de ses pensées. Pourquoi cette maïeutique avait-elle été si pénible et si longue ? L’attachement lui paraissait irrationnel aujourd’hui, puisque cela ne faisait que la rendre malheureuse. Pourquoi le quitter pour de vrai, pour de bon, avait-il été si difficile ?

Recouvrer sa liberté, c’est se retrouver seul devant sa glace le matin. Et le soir, aussi. Ça laisse un grand vide dans la vie, et le vide fait peur. Il fait peur parce qu’il attire, parce qu’il avale, il engloutit. Sortir d’une relation-prison, c’est faire le grand saut dans l’abîme de la liberté, et sans parachute. Cela peut faire peur, je le conçois, je le crois en tous cas. Quand de l’amour il ne reste plus que des souvenirs, qu’une souffrance dans la présence de l’autre, cette présence est encore quelque chose. Mettre fin à la souffrance, cela ne se fait qu’au prix du dernier sacrifice, de l’abandon, du deuil de cette présence. C’est peut-être là ce qui fait toute la difficulté d’une vraie séparation, toute indispensable qu’elle apparaisse.

Pour cesser de souffrir, il faut trancher dans le vif, briser ces chaînes qui sont autant des entraves qu’une ligne de vie, et prendre la responsabilité de plonger sans savoir s’il y a un filet en-dessous. (En général il n’y en a pas, de toute façon.) L’instant d’avant le saut, c’est celui du nœud dans l’estomac, celui où rien n’existe que le vertige. Et là, on hésite toujours, comme quand on est assis au bord de la porte ouverte d’un avion en vol.

Mieux vaut être seul que mal accompagné… ou pas.

Abécédaire

vendredi 21 janvier 2005

Amour, parce que comme tout le monde j’en ai besoin. Plein.
Bleu, parce que c’est joli, le bleu. Parce que mon âme en est pleine, de bleus.
Couette, fidèle compagne, seule chaleur de mes nuits (sauf des fois).
Domination du monde, un objectif raisonnable.
Encore, continuer à faire face, chaque jour contre vents et marées.
Filles, parce que c’est doux.
Garçons, parce que c’est doux.
Humains, parce que c’est fragile, et que j’ai la plus grande tendresse pour la faiblesse humaine.
Impossible, peut-être, mais c’est pour ça que c’est intéressant de le faire.
Joueur, parce qu’il faut vivre pour de rire.
Kiwi, un tous les matins pour être en pleine forme, m’a-t-on dit.
Larmes, que je ne retiens jamais, et si les vrais hommes ne pleurent pas c’est que je dois être un faux.
Maman, je pense toujours à toi, je n’étais qu’un enfant jusqu’au jour où tu es partie.
Narcisse, parce que je le vaux bien.
Orpaillage, prendre la vie par petites flaques pour y chercher des pépites.
Parler, encore et toujours, inlassablement. Dire, même si ça fait mal, même si ça déchire, parce que je crois à l’infinitude du pouvoir salvateur de la parole.
Quête, enfin la vie quoi.
Rêver, et croire en ses rêves.
Souvenirs, les bons qu’il faut entretenir affectueusement, et les mauvais avec lesquels j’apprends à vivre, parce qu’on n’oublie jamais.
Trace, ce qu’il importe de laisser. Vivre un peu éternel par ce qu’on laisse visible pour celleux qui viendront après nous.
Unique, comme tout le monde.
Vérité, parce que je ne sais pas mentir.
Wistful, c’est « nostalgique » en anglais.
Xylocaïne, parce qu’il faut bien faire taire les petites douleurs quelquefois.
Yin et yang, parce que tout s’oppose. Ou pas.
Zéro, une bien belle invention.

Une tisane et au lit

lundi 17 janvier 2005

C’est ce que j’aurais pu me dire il y a bien trois heures, quand je buvais ma verveine menthe en regardant une ânerie télévisée, puisque Morphée ne m’avait pas pris dans ses bras un peu plus tôt, alors que je commençais à m’assoupir devant le poste. Ce doit être la faute à la relativité générale, par extension du principe d’Archimède qui veut que lorsqu’on plonge un corps dans une baignoire, le téléphone sonne. L’imbécile appareil m’a inopinément sorti de la torpeur vespérale qui m’avait envahi peu après le dîner. Je me suis retrouvé face aux images de choc d’un documentaire volontairement alarmiste, qui avait le mauvais goût de faire résonner quelques-unes de mes angoisses favorites. C’est idiot ? Peut-être… Je vais partir deux semaines, deux longues semaines, en vacances au loin. Avec un gros pincement au cœur et une terreur sourde : et si un cambrioleur jetait son dévolu sur ma maison à moi ?

Et puis de fil en aiguille, la broderie des peurs ordinaires se dessine sur la toile de mon cinéma intérieur. Je tourne en ronds sans savoir comment m’occuper les mains pour ne plus penser à ce que pense ma tête. Alors, quand celles et ceux aimés sont ailleurs et si loin, quand même la peur du vide, de l’avenir et la mort rigolarde sont de sortie, il reste juste la douleur tripale de savoir qu’il n’y a plus rien à attendre de ce jour de longtemps achevé, et que sans surprise il faudra finir par se résigner au rituel du coucher.

The show must go on, bien sûr. Ça ira mieux demain, puisqu’on sera un nouveau jour.

Plaisir solitaire

vendredi 14 janvier 2005

Il ne faut jamais se priver d’un plaisir solitaire. (Il faut vraiment une bonne raison pour se priver d’un plaisir dans le cas général, d’ailleurs). Aujourd’hui j’ai décidé de prendre l’air à midi. Au lieu de prendre un plat standard acheté au traiteur du coin et dégusté en vitesse dans une salle de réunion agréable mais tout ce qu’il y a de professionnel, je suis donc sorti. Profitant de l’heure un peu tardive, j’ai avisé une brasserie presque déserte, posé mon blouson sur la banquette et mon bouquin à côté de moi. Un saumon à l’oseille, un verre de mâcon, et le regard qui se promène sur les passant-e-s d’une rue de Paris, j’ai goûté le calme de l’instant. Est arrivé le fromage, et le moment délicieux d’étendre mes jambes et de siroter quelques pages d’Henry Miller pour accompagner le camembert. Enfin, le moment sacré, un café et l’addition. Le rituel était accompli, et la tradition honorée.

Ma grand-mère, elle aussi, adorait cet instant du petit café avant le boulot. Ça doit être héréditaire.

Le quart de siècle américain

lundi 10 janvier 2005

La crise de la vingt-cinquaine m’a été – m’est encore, restera – un passage pénible, la déchirure définitive du cocon de la jeunesse.

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L’Angleterre à la dérive

jeudi 6 janvier 2005

Si Greenwich flotte de quelques mètres à l’Ouest, est-ce que le méridien vient avec ?

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