Nous sommes ici par la volonté du peuple
mardi 31 mai 2005La Nation souveraine s’est exprimée. Elle a refusé d’approuver le projet de loi autorisant la ratification du Traité établissant une constitution pour l’Europe.
La Nation souveraine s’est exprimée. Elle a refusé d’approuver le projet de loi autorisant la ratification du Traité établissant une constitution pour l’Europe.
Je viens de me faire une hollandaise. Elle est bonne.
Daniel a garé sa voiture dans le grand parking. Il passe l’unique grille principale, montre son laissez-passer au factionnaire. À une centaine de mètres s’élève le béton du bloc J. Là où sont enfermés les condamnés : le couloir de la mort. Dans sa poche, le fax froissé lui indique l’heure et le lieu où il doit se présenter. 06:30, gate number J10.
Il y a deux semaines à peine, j’ai refait le vide autour de moi. Elle croyait peut-être en moi. Ou peut-être pas. Elle rêvait peut-être de moi. Ou peut-être pas. Mais j’ai pris soin de briser son rêve encore jeune, de le tuer dans l’œuf. Sa question, était-ce la dernière nuit, n’était pas posée pour les bonnes raisons. Ma réponse, « je ne suis pas amoureux », était cruelle à dire et cruelle à entendre. C’est le prix que coûte la vérité.
La liqueur huileuse de la solitude coule dans mes veines. C’est ma fée, mon absinthe, mon eau de vie. Mon pouvoir, ma folie. C’est un poison lent qui me garde en vie à petit feu. C’est une drogue addictive. On y goûte sans le vouloir, sans y penser, sans même l’avoir cherché. La première dose est gratuite.
Bien vite cependant, trop vite, s’installe la dépendance. L’accoutumance apprend au corps à apprivoiser la substance délétère. Elle devient partie de lui, et il se tord de douleur quand il en est privé trop longtemps. La torture, la fée grise, devient nécessité, aliment nécessaire d’un sommeil sans rêves.
Quatre ans j’ai cru être désintoxiqué. Être débarrassé d’elle. J’aimais, j’étais aimé, nous vivions ensemble, nous habitions chez nous un monde que nous avions fait à notre image. Je croyais être là mais j’étais absent à toi. Tu avais apprivoisé la bête, ma solitude, au point de pouvoir cohabiter avec elle, mais le monstre était toujours là, instillé dans mon cœur depuis combien d’années. J’avais réussi à être seul alors que tu étais à mes côtés chaque jour, chaque nuit. De cela tu as souffert, je crois. Mais c’est ainsi que je suis.
Je ne sais pas dormir avec quelqu’un dans mes bras. J’aime ce câlin du soir, cet instant d’une inifinie tendresse, pouvoir sentir ta tête là, tout contre mon cœur. Mais le sommeil ne vient, rédempteur, m’enlever qu’une fois mon corps rendu à moi-même, à moi seul.
Morphée ne partage pas.
Il suffit de pas grand’chose pour définir l’ambiance d’un chez-soi. Dans l’entrée, depuis deux ans, le bureau était le long de ce mur, là où je l’avais installé le jour de printemps, quand les copains étaient venus prêter main-forte pour le trimballer dans l’escalier. On avait partagé comme de juste la bière et le saucisson au milieu des cartons, épuisés, suants, et contents d’être là.
Depuis ce premier jour, depuis ce premier mai, c’était en deux mille trois, il restait ces boîtes d’archives à même le sol, ces deux tiroirs félins (ils doivent avoir neuf vies, ils m’ont accompagné dans quatre logements et quand je les ai eus ils étaient déjà vieux) dormant au pied du bar. Le pourtour de la pièce était cet entassement, et au centre un grand vide. Un grand vide encombré, transitoire. Illogique. Une pièce qui résumait que les choses étaient là un peu par hasard, et donnait l’impression, vingt-quatre mois après, que je venais juste d’arriver.
Et puis il a suffi de quelques bouts de câble, d’un après-midi rare où l’envie et l’énergie coïncident par chance, de bouger les tas de boîtes ici, les caisses de vin là, de mettre le bureau à la place, dans le coin, et de faire un saut chez le marchand de meubles scandinave pour mettre de jolies planches de bois clair autour des moches trucs qui traînaient.
Le bureau ne trône plus, absurde, au milieu d’un mur. Dans son coin, il a compris qu’il devait être là la bulle où je travaille, où je rêve, où j’écris. Je lui ai enseigné, avec une lumière douce pour éclairer mes mains quand je suis au clavier qu’il se fasse plus discret, et laisse à d’autres jeux le reste de la pièce.
Et l’âme de cet endroit semble se réveiller. Le vide est encore vide, mais maintenant il sait pourquoi il est là. Il recevra la table, et la table, les amis, le soir pour dîner, boire, et puis refaire le monde.
Texte concocté pour être envoyé sur Co… …tus, un jour proche.
Une nef emporte en des nues embrumées une cohorte de jeunes sous-chefs bourrés de compétence. C’est fête ce jour, et un jour encore. On est prêt pour bronzer : bob, verres obscurs et tube de crème. On veut conserver en tête cette journée comme concept, comme un succès dépourvu d’ombre.
C’est fermer ses yeux un peu trop sur un sujet dont dépend ce déport : notre nef, dépourvue des choses dont procède son essor que porte Zéphyr, demeure scotchée sur terre, comme une mouche démembrée.
J’ai un faible pour les cheveux rouges. Je l’ai déjà avoué publiquement, j’ai craqué sur Kate Winslet dans Eternal sunshine of the spotless mind (un film qui m’a par ailleurs touché, que j’ai revu avec plaisir). Je l’ai clamé sans fausse honte, et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Un mien camarade me demandait, ce tantôt, si les chevelures rougeoyantes faisaient toujours partie de mon petit monde fantasmatique, à quoi je lui ai promptement répondu par l’affirmative. Tout en sollicitude, il m’a fait parvenir alors un petit paquet d’images virtuelles.
J’ai été surpris.
On y voit en effet une demoiselle au sourire ultra-brite, aux cheveux teints d’un rouge de ceux qui me font rêver d’embrasement. Court vêtu sur les premiers clichés, elle abandonnait progressivement sa tenue – déjà réduite – et je suppose qu’elle devait se retrouver en tenue d’Ève vers le début de la page deux, que je n’ai pas consultée. Un rapide coup d’œil à la page quatre m’a confirmé sans équivoque l’esprit ludique du modèle, munie sur les derniers clichés d’un jouet qu’on ne trouve pas habituellement au rayon « Enfants » du supermarché local. En tous cas, pas dans le supermarché local en bas de chez moi.
J’ai lâché l’affaire et poubellisé les images en question. Je ne suis pas plus client. J’ai été interpellé autrefois sur la consommation habituelle que je faisais alors d’images pornographiques. Peut-être pas seulement interpellé pour de bonnes raisons, d’ailleurs. Mais interpellé néanmoins, et je me suis interrogé.
Sur la parenté entre la pornographie et la prostitution. Ce n’est pas la même chose, bien sûr. D’ailleurs, « la » prostitution n’est pas une notion qui va de soi, tant c’est un terme qui recouvre des pratiques et des vécus divers. Toujours est-il que ce sont des raisons pour lesquelles ce sont des jeux auxquels je choisis de ne pas jouer.
Derrière les prostitutions, derrière les images de sexes nus, il y a – souvent – la souffrance. Comme conséquence ou comme cause. Peut-être pas toujours, d’ailleurs. J’ai lu des témoignages de personnes qui se prostituent, qui revendiquent cela comme un libre choix de métier, qui refusent d’en être victimes. Mais qui reviennent aussi sur des violences passées, violences subies, traumatismes qui ne peuvent que m’interroger sur les déterminants de ce choix. Je ne crois pas au hasard ; je doute toujours de la nature du libre arbitre.
Derrière la femme qui s’enfonce en souriant un gode de plastique brillant devant l’objectif qui l’épie, il y a peut-être bien les substances qu’elle se met hors champ pour supporter, pour oublier… ou parce qu’elle en a juste besoin et que l’image de son corps nu est ce qu’elle avait de plus cher à vendre pour sa came quotidienne.
Je ne veux pas dire que toutes les prostituées sont des victimes. Je ne veux pas dire que tous les modèles pornos sont tout le temps sous coke. Mais je ne veux pas non plus entrer dans ce jeu économique. Ce monde-là n’est pas que ces travers, que ces extrêmes-là, mais il est cela, et de cela je ne veux pas pour moi.
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