Un peu plus près du ciel
jeudi 3 septembre 2015AF6, le Paris-New York de l’après-midi. Je suis entré le dernier, ou peu s’en faut, dans l’A380. Faire la queue, ce n’est pas mon truc, j’attends aussi bien assis. J’avais la place que j’aime bien, 45J, près des galleys, couloir, place pour les jambes.
Lui, il était au 45K. Allemand, il avait retrouvé fortuitement son amie américaine juste avant d’embarquer. Elle aurait bien voulu échanger, d’ailleurs, mais le 45A, emprisonné contre le hublot, je ne peux pas. En avion, je suis un peu claustro. À sa droite, 45L, la jeune maman italienne installait confortablement son bébé de deux mois.
Il a posé son ordinateur sur la tablette. Moi, j’ai rangé mes journaux (Le Monde, Libé, mais pour cette fois pas Le Canard, que j’avais prêté, ni Courrier international, parce qu’il n’y en avait plus) et sorti mon bouquin.
Je lisais, il écrivait. À la fin d’un chapitre, mon regard baladeur s’est posé sur l’écran.
Inventory of my fears
Le titre en gras a retenu mon œil. Une pensée pour soi-même ? Un de ces monologues que j’aurais pu glisser sur les pages blanc crème de mon vieux Moleskine ? Non, c’était une missive, à la deuxième personne. Confidence ? Confession ? Non plus, je ne crois pas. Nul ami bienveillant n’apaiserait ses craintes. Perclus d’humanité, il ne confessait à nul marabout sombre le péché de son doute. Auprès de nul saint intercesseur il ne cherchait le réconfort. Il ne plaiderait pas par procureur.
En anaphore.
God, ….
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