Ma grande jeune
lundi 9 mars 2009Elle m’appelle « mon p’tit vieux » depuis plus loin que je ne peux me rappeler. Alors je l’appelle « ma grande jeune ». Ça nous a toujours fait rire. Enfin, jusqu’à ce qu’elle oublie que j’étais son p’tit vieux. Jusqu’à ce qu’elle oublie qu’elle me connaissait. Depuis tout petit.
Il y a quelques semaines, elle a été malade. Les poumons pleins de flotte et d’autres trucs visqueux. Des tuyaux qu’elle voulait arracher. Le verre d’eau qu’elle ne pouvait plus boire. Et puis ses poumons ont guéri, et elle est restée là, comme vidée.
Visite après visite, à son chevet, on cherche son regard. Elle s’endort, les yeux mi-clos. S’éveille, terrorisée. Il y a bien longtemps qu’on a dû renoncer à chercher des mots sous les gémissements. Elle attrape nos mains, chercher à griffer, à mordre, elle a toujours de la poigne. Puis elle retombe endormie, épuisée, et je laisse ma main sur la sienne, de plus en plus fripée. Trop de peau, tout le reste a fondu. Tant de semaines qu’elle n’avale plus rien. Yeux ouverts, peur. Yeux fermés, épuisement. À longueur d’heures.
L’hôpital pue la mort. On dépose un baiser sur son front et puis on s’esquive, las d’impuissance, vaincus, le cœur trop plein de sa souffrance noyée de morphine.
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