Tout, tout de suite
mardi 17 avril 2007Il y a eu en premier les amours jamais dites. Une photo sur mon bureau d’adolescent, mais jamais elle n’a su. Des années de secrets griffonnés, anonymes, sur les tables du lycée, et celle-là a fini par savoir. À demi-mots passés subrepticement en dédicace. Et ce fut la première qui m’a dit ça me touche beaucoup mais j’ai déjà quelqu’un.
Ensuite sont venues celles que j’ai attendues. Je les ai croisées sans savoir leur nom, mais jour après jour, sans même le savoir, elles ont pris leurs quartiers dans un coin de mon cœur. Chaque fois j’ai mis des mois à seulement leur parler, chaque fois un ami providentiel a fait un pont entre elles et moi. J’ai pris pied timidement sur ces passerelles ténues. J’ai fait tomber leurs gardes, les ai faites mes complices et je les ai aimées. Elles se reconnaîtront.
C’était en d’autres temps. Après, ç’a été autrement.
Suffit, le temps de la patience ! J’avais trop morflé, seul, enragé au miroir, hurlé au désespoir et à l’injustice de voir autour de moi celleux pour qui le bonheur semblait tellement facile. J’ai changé, un peu. Souri et écouté. Charmé, joué du regard, appris un soupçon d’effronterie. Navigué aux limites. Cabot(in)é parfois. J’ai perfectionné l’art de la perte de séparation, savouré cet instant suspendu qui précède d’un battement de cil celui où le démenti plausible va s’évanouir. Ce juste-avant du point de non retour. J’ai fait face quand il a fallu, j’ai recomposé en une fraction de seconde des sourires présentables quand des châteaux de cartes s’écroulaient dans mes tripes. Mais j’ai connu aussi l’oubli au monde lorsque je pose mes lèvres sur des lèvres inconnues.
Je les ai approchées de plus ou moins de mots. Accrochées d’un regard, d’un sourire échangé. J’ai joué mes yeux comme on abat ses cartes, au détour d’un silence, dans le temps d’une soirée. J’ai joué le blitz, à l’intuition, et ce furent des parties vite gagnées. Je les ai enchaînées avec une frénésie addictive, histoire de me remplir, de faire taire une bonne fois le vide au creux du corps.
Le vide a perduré. À avoir tout, tout de suite, à ne noter qu’en sténo la chronique de mes amours fragiles, j’ai collectionné les histoires en impasse. Foutues dès le début d’avoir été conquises sans prendre le temps de le perdre.
Était-ce cela, le prix pour que je finisse par apprendre ? Hâte-toi lentement.
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