Un lundi au soleil, fragment 1 — L’envol du temps
mercredi 19 avril 2006La journée n’avait pas été de tout repos. Le matin tôt, j’avais fermé la maison pour la semaine, et j’avais embarqué pour le bureau chargé comme un baudet, avec armes et bagages, et aussi cette pointe d’angoisse qui accompagne chaque départ pour une contrée lointaine. Une journée de travail remplie au maximum pour libérer ma tête des affaires en souffrance avaient finalement gommé la peur sournoise qui me nouait les tripes, et la fatigue l’avait même transmuée en une ivresse joyeuse et inoxydable. Tous ensembles nous partions pour un coin de paradis sur Terre.
À près de neuf mille kilomètres de là, nous descendons de l’avion. Sorti sur le tarmac en tenue parisienne, je marche quelque pas dans la moiteur brûlante avant de m’arrêter là, tant il est impérieux, par simple réflexe de survie, de quitter sur-le-champ pull et blouson. Le hall est heureusement climatisé. Nous confions nos bagages aux GO venus nous accueillir, et nous nous posons là, à la terrasse du bar, terrassés de chaleur.
Épuisé par la dette de sommeil des jours précédents conjuguée aux heures de sommeil tordu sur un siège de charter, hébété de lumière et de canicule, je ne sais déjà plus très bien quel jour on est. Je ne sais pas très bien non plus quelle heure il est, et à ce moment-là en vérité cela n’a pas vraiment d’importance. Je ne pense même pas à régler ma montre sur le fuseau horaire local. Tout cela me devient étrange, étranger, je sens confusément que j’ai perdu de vue ce que pouvaient signifier ces aiguilles qui se courent après sur mon poignet.
Pour un moment fugace, le temps se défile, sa trame se relâche, et je glisse entre les mailles.
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