Édulcorant de synthèse
lundi 28 novembre 2005Novembre fuit, novembre meurt. L’automne s’étiole, transi : il a neigé avant-hier. Pluie aujourd’hui. Elle m’envoie de loin des mots qui sentent la poussière rouge et le sable chaud. Je reste ici, une dernière bulle de lumière à mon bureau. La rue et la maison bruissent du silence de la nuit.
Je vis comme en-deça, ou peut-être à côté, du monde tangible d’ici et maintenant. À peu de distance, j’observe la vie qui glisse et je reste là, sans comprendre. Ça bouge, les gens vont, viennent, me voient me débattre et pensent que je m’agite comme l’un des leurs, sans doute. Je demeure au milieu de la foule, saisi de stupeur.
J’apprends le goût de l’absence, chaque jour. Il ressemble à la liberté comme un mauvais édulcorant. Une fois qu’on l’a en bouche, on ne sait plus que faire, attendre qu’il s’estompe ou tenter, si l’on peut, d’en pallier l’amertume par quelque autre saveur.
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