Archive pour juillet 2005

Draguer en boîte

jeudi 7 juillet 2005

Pourquoi n’ai-je rien tenté samedi soir ? J’étais déjà ivre de fatigue (mais pas d’alcool, heureusement) lorsque nous sommes arrivé-e-s au Tango. Qui pour s’asseoir, papoter et picoler, qui pour observer, sur la piste de danse, mais pas si loin du bord, la foule des danseureuses qui se déhanchaient, se cherchaient, parfois se rapprochaient, s’embrassaient, au hasard des attractions extemporanées de leurs atomes crochus.

Nadia m’enjoignait de passer à l’action et de sauter illico sur quelque beau mec. Malheureusement, ce soir-là, je n’en apercevais aucun qui fût à mon goût, à l’exception peut-être d’un ou deux, trop vite perdus de vue dans la foule. Et pourquoi ne partait-elle pas, elle, à la conquête d’une demoiselle qui lui plairait ? « Oh, les filles c’est trop compliqué, tu vois, il faut leur parler pendant des heures. Vous les mecs, un regard et hop, c’est bon ! » Facile à dire.

Et puis on est allés s’asseoir avec les copains et les copines et j’ai continué de perdre mes pensées dans son regard sans oser lui dire que son charme dévastateur était, pour l’heure, le point focal de mon attention et la raison majeure pour laquelle je n’arrivais pas vraiment à m’intéresser à qui que ce soit d’autre.

J’étais perdu quelque part dans les limbes d’une rêverie éveillée, déconnecté du temps et de l’espace de la conversation, quand l’un de mes camarades m’a rappelé parmi eux : « Eh, qu’est-ce que tu attends ? Vas-y ! » Son regard me montrait une jeune fille seule, de dos, à la table d’à côté.

Bien sûr je n’en ai rien fait. Un mec qui drague une fille dans une boîte homo, ç’aurait cruellement manqué de classe. Et de toute façon je n’ai jamais su draguer en boîte.

De battre mon cœur s’est arrêté

vendredi 1 juillet 2005

Il a à peu près mon âge, mais il est plus nerveux, plus méchant. Sa mère est morte il y a longtemps, son père l’aime, il aime son père, mais ils ont du mal à communiquer. Il s’appelle Thomas, comme moi.

Je trouve en lui comme des échos de moi. Lui non plus ne veut pas vivre juste pour son boulot. Il s’accomode de sa propre violence, mais elle le ronge à bas bruit. Il a besoin de faire sortir autre chose de son être, de ses mains. Lui, c’est la musique. Il veut reprendre, devenir pianiste. Il y a du travail, beaucoup de travail. C’est dur. Il a la rage. C’est ça qui le fait avancer.

Au fond il n’est qu’un enfant. Ce n’est que sous le regard tendre des figures maternelles (Aline, Miao-Lin) qu’il arrive à passer la Toccata en mi mineur et qu’il laisse derrière lui – pour un temps – le souvenir du sang.

De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard – 2004.