Je ne t’aiderai pas
jeudi 16 juin 2005Tu sollicites de l’aide pour mieux haïr à tout jamais ce que tu as chéri.
Je ne veux pas t’aider. Pas à cela.
Tu n’as qu’une vie à vivre, et préserver la rancune, laisser le couteau dans la plaie pour pouvoir le retourner de temps à autre, ne la rendra pas plus belle. Durcir, un peu, mais pas trop, ton cœur d’artichaut, le blinder pour l’empêcher de souffrir, cela peut être un mal nécessaire. Jeter du sel sur la plaie, par contre, cela ne la guérira pas plus vite, et c’est faire fausse route.
Tu peux détester celleux qui détruisent tes rêves, déçoivent tes attentes, tes espérances par leurs faiblesses, leurs errements, leurs égarements, ou simplement en vivant les vies que le hasard et la nécessité leur font. Ou tu peux les aimer d’êtres faibles, errants, égarés, juste vivant-e-s. Tu peux les aimer d’être elleux.
Tu peux te souvenir de m’avoir accueilli, de m’avoir écouté, un soir noir, froid d’automne, chaud de larmes. Elle fait une grosse connerie, sans doutes. Mais il le faut. Elle en a besoin. Son histoire l’exige, s’y opposer serait la détruire.
Tu peux chercher un peu d’inspiration chez Rudyard Kipling :
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre;
[…]
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent;
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant;
[…]
Tu seras un homme, mon fils.
Tu peux compter sur l’amitié.
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