Photons corrélés
samedi 16 avril 2005Il y a quelques jours je voulais dîner aux chandelles, et j’ai sorti du tiroir une de ces petites bougies du Monoprix, comme des bougies chauffe-plat, mais dans un petit godet en verre, avec de la gelée à la place de la cire et de petites étoiles dedans. Une boîte de six, il en restait quatre, alors j’en ai pris une, parce que je les trouvais jolies.
En la sortant, je me suis dit que ce n’était qu’une bougie. Qu’elle n’était jamais sortie de sa boîte, n’avait jamais voyagé, n’avait jamais éclairé un visage… Juste un objet qui venait du magasin et qui arrivait sur la table basse en face du canapé un soir de printemps, après tant de mois de sommeil banal dans un tiroir oublié.
Dans la pénombre du salon, j’ai frotté l’allumette, enflammé la mèche, et une faible lumière venue de par le temps a vacillé sur le plateau de verre. Là, par surprise, j’ai revu un instant perdu de ce halo jaune et fragile. Mes mains avaient creusé le sable de ce désert pour la protéger du vent. Assis sur le sol froid, au milieu de nulle part, je réchauffais ma solitude à la petite lueur, mon fil d’Ariane pour ce soir-là.
Je t’avais confié sa jumelle, elle brûlait aussi près de toi. Témoins l’une de l’autre, deux chaleurs solitaires seules et si loin tremblaient. Je lisais Kundera sous le ciel noir d’étoiles, je noircissais feuillet après feuillet, caressé par la lumière fragile. Malgré le vent, elle m’avait accompagné jusqu’à ce que le sommeil réclame mon corps épuisé.
Et comme dans ce lointain hiver, alors qu’elle avait brillé au milieu du désert, la faible lumière a lézardé la carapace de mon âme. Une larme a perlé dans la fêlure, et encore une fois dessiné sur ma joue une trainée brillante.
Les bulles de temps font parfois cela quand elles remontent à la surface.
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