Identité nationale
Être français… Pour moi ?
C’est avoir honte qu’à d’autres qui comme moi sont né-e-s ici, dont les ancêtres se sont battus aux côtés des miens pour défendre le même drapeau, et qui n’ont jamais supposé être d’ailleurs qu’ici, de prouver sur trois générations qu’ils ont bien le droit de se réclamer français. Honte que se réclame de la France une autorité administrative qui sait juger un homme bien assez français pour aller crever pour elle au combat, mais qui y regardera à deux fois pour lui donner une carte d’identité, quand même. C’est d’avoir honte encore de ceux qui nous gouvernent, de leur mépris affiché pour la raison et l’intelligence, du souci qu’ils prennent à infantiliser, enfermer, cantonner les français dans le seul rôle de masse consommante, de soupe émotionnelle qu’il convient de touiller une fois de temps en temps pour éviter qu’elle ne refroidisse trop et commence à réfléchir. Réfléchir ici est devenu incongru.
C’est redouter le jour proche où pour écrire ici il me faudra passer sous les fourches caudines d’un sous-fonctionnaire obscur délégué à l’assurance d’un Internet insipide, inodore, sans saveur et sans menace pour les intérêts généraux ni particuliers du bon peuple endormi. Bien sûr, filtrer l’Internet, c’était pour protéger les gens de la pédopornographie[1]. Mais finalement, une fois le pied dans la porte, pourquoi s’en tenir là ? (Et tant pis si le filtrage est une mesure techniquement inadaptée, la réflexion n’est pas de mise, on a dit.)
C’est avoir mal au cœur de lire ceux qui se disposent à exercer sur nous des violences physiques juste parce qu’on se ferait des bisous.
C’est espérer encore[2] qu’il serve à quelque chose d’exprimer consciencieusement mon suffrage à chaque fois que j’y suis appelé, fût-ce seulement pour honorer la mémoire de celles et ceux qui ont versé leur sang pour que j’en aie le droit.
11 février 2010 à 20:03
Bien d’accord! Vraiment, le fond de l’air sent mauvais, en ce moment, en France. J’ai envie d’écrire à mon député et de l’envoyer lire ce texte, je peux?
11 février 2010 à 20:31
Techniquement, les gens qu’on emmerde quand ils font renouveler leur carte d’identité sont plutôt ceux qui sont nés à l’étranger que ceux qui sont né(e)s ici… (sourire triste)
Mais je pourrais rajouter des éléments dans la liste : ça peut aussi être d’avoir eu honte d’être française le jour où, en séjour linguistique en Angleterre, j’ai appris que ce n’était pas Jospin qui était passé au second tour. Les dirigeants actuels nous prennent vraiment pour des cons, mais malheureusement les problèmes remontent à avant 2007.
11 février 2010 à 20:37
Merci.
Mais forcément, celui qui critique est un « antisarkozyste primaire », atteint par « l’angélisme forcené » et qui « refuse de voir les réalités » et de « répondre aux attentes des Français ».
La démocratie se meurt. L’odeur est chaque jour un peu plus pestilentielle.
12 février 2010 à 08:37
@Jaina : Le droit du sol n’est malheureusement plus ce qu’il était. Nombreux sont ceux qui sont nés ici et qui doivent prouver leur nationalité et notamment celle de leurs parents et grand-parents pour être reconnus comme français.
Thomas : très beau post. ça valait la peine d’attendre. Merci.
12 février 2010 à 08:46
Merci Thomas, et hélas, entièrement d’accord avec C qui m’a précédée. J’ai vraiment une sensation d’années 30 italiennes, la technologie en plus.
Le problème du vote est qu’en face je ne vois pas qui. Si tant est que je parvienne à avoir à temps ce qu’il faut comme papiers (puisque je sens qu’à cause de ces changements dans l’application des textes, je vais tomber dans le cas long et compliqué), je ne vais pas trop savoir via quel parti exprimer mon désaccord avec la politique actuelle. Rien ni personne ne me semble porteur d’un quelconque espoir.
12 février 2010 à 08:52
Nico, je t’en prie !
Jaina, pas seulement. Aussi ceux nés en France de parents français nés à l’étranger, ou de parents français nés en France dans des territoires aujourd’hui indépendants, cf. les liens susmentionnés. Et bien d’accord pour ajouter le 21 avril à la liste des dates maudites à ne pas oublier.
C, M, merci à vous d’être passé-e-s.
12 février 2010 à 08:56
Gilda, oui, d’autant qu’une fois qu’on a coupé les extrèmes et les actuels, il ne reste que peu de choix, et aucun de nature à susciter un enthousiasme positif. Tout au plus un « moindre mal » ou un « tout mais plus jamais ça ».
12 février 2010 à 09:19
.. hmm il faudra que je prenne le temps de mettre par écrit tout ce qui tourne dans ma cervelle sur ces sujets (identite nationale et xenophobie en tout genre…)
« tout n’est pas si simple » …
Merci pour ce billet
12 février 2010 à 09:22
Silken, je serais très intéressé par ton point de vue d’expat’ sur ces sujets !
12 février 2010 à 10:00
Allez, cela pourrait être pire, nous pourrions être en Chine :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/02/12/une-artiste-qui-derange_1304618_3246.html
Oups, j’ai mal lu.
12 février 2010 à 11:23
@Thomas : je tacherai de faire cela un de ces jours … au moins pour la partie identité nationale (aussi parce que j’en ai besoin ne serait-ce qu pour me mettre au clair avec mes idees !)
mais là … grumf … avec tous les trolls qui trainent sur ce billet… si je réponds … j’vais passer pour « moi = Bon-Blanc-Catho-Réac-(Hétéro)-Bien Pensant-Pour qui la vie est facile-Ne comprenant rien à l’art »… :/ .. il est des conversations bien difficile à mener par écrit !
12 février 2010 à 16:57
Merci pour ce billet
13 février 2010 à 11:52
Très bien dit.
16 février 2010 à 16:49
[…] pied dans la porte en commençant par la “pédopornographie” (sur laquelle, comme Thomas, je ne suis jamais tombé en quelque 20 ans d’Internet), mais ce critère est probablement […]
26 février 2010 à 13:33
tout cela ce sont des mots qui relèvent d’un verbiage » philosophique » et surtout très hypocrite , ds ce débat personne ne parle d’une culture islamique complètement différente de la notre , à l’opposé de nos valeurs républicaines , et bien cette culture là je n’en veux pas