1994, année 17 — Tchao, banlieue

Je me suis levé tôt ces matins de juin. J’ai planché avec tant d’autres. Attendu, avec un peu d’anxiété que certains ont sans nul doute jugé déplacée. Enfin je suis allé chercher ma collante. De l’impression, au moment où le jury m’a tendu la feuille, que mon dossier n’était pas passé complètement inaperçu, j’ai tiré une certaine fierté.

Ça y est, me voilà étudiant d’une prépa parisienne. J’achète ma première carte orange. Je ne reverrai plus mes anciens camarades, ceux que j’ai cotoyés jusqu’ici. Enfin je fuis le béton gris de la banlieue nord et mon passé ; ici je renais, vierge.

Mes plus anciennes amitiés d’aujourd’hui datent de ce jour de septembre où j’entre dans les vieux murs de l’ancien couvent des capucins. Il n’y a plus de moines en capuchon ici, comme cet ecclésiastique condamnant Gilles de Rais que j’incarnais sur scène en février (dernier spectacle pour l’heure – la prépa ne me laissera guère de temps pour cela, je prends deux ans de pause). À leur place, khâgneuses et taupins envahissent la cour du cloître.

Dix-sept de trente petits cailloux.

7 réponses à “1994, année 17 — Tchao, banlieue”

  1. RCerise a dit :

    L’erreur de trop survoler le titre: je me suis dit: « mais attend, il est encore étudiant, Thomas???!! ». Après, j’ai compris que c’était les ricochets! 🙂

  2. Thomas a dit :

    Décidément, tout le monde me prend pour un gamin. Avant-hier aussi, au bar de l’hôtel, dans un coin du Connecticut, la barmaid a demandé à voir mon passeport pour vérifier si j’avais bien plus de vingt-et-un ans.

  3. µ a dit :

    ah; on va se rencontrer bientôt 😉

  4. Otir a dit :

    Tu as l’air de séjourner pas trop loin de chez moi alors si tu es dans un « coin du Connecticut », bien que des coins, il y en ait beaucoup…

    Amitiés

  5. Thomas a dit :

    Otir, j’étais au bord du Long Island Sound, à Westbrook. (Et maintenant en direct de Manhattan).

  6. Thomas a dit :

    µ, stay tuned, film at 11.

  7. tilly a dit :

    Alors tu peux chanter comme Madeleine Peyroux (après Joséphine) ?

    Ma-nhattan est bell-eu
    Mais à quoi bon le ni-er
    Ce qui m’ensorcelle
    C’est Paris, Paris tout entier !

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