1984, année 7 — Le petit monde

Dans notre classe de CE1, on fait un journal. Il s’appelle Le petit monde. Le titre de Rédacteur en chef m’est échu. Je ne sais pas très bien pourquoi ni comment, ni ce que ça veut dire, mais ça me plaît bien. On a fait un bel article sur les avions renifleurs, parce qu’en ce moment on ne parle que de ça à la télévision. On a mis un beau dessin d’un gros avion avec un nez qui fait Snif, snif ! Ça fait une jolie une pour notre premier numéro.

C’est au second numéro que tout va se gâter. La conférence de rédaction a choisi les articles. Les auteurs ont livré leur prose et leurs illustrations soigneusement tracées au carbone sur les clichés de papier glacé. On a monté le tout sur le petit duplicateur à alcool de la classe. Et puis la maîtresse est allée s’occuper d’un autre groupe. On a commencé à tirer les premiers exemplaires.

Catastrophe, le rendu me semble bien pâlichon. Presque illisible. Allez, c’est pas grave, on va dire que celui-ci est raté et on va refaire quelques exemplaires de plus. Une ramette plus loin, l’institutrice revient, effarée devant le tas de feuilles dont on lui annonce qu’il s’agit de rebut. Mais franchement, on y pouvait quoi, si la machine sortait des copies toutes pâles ?

En tous cas, on n’a plus eu le droit ensuite de toucher au duplicateur.

Sept de trente petits cailloux.

3 réponses à “1984, année 7 — Le petit monde”

  1. yoogx a dit :

    Ahhh, le duplicateur à alcool .. ronéographe non ?
    J’avais ça aussi en CE1, j’étais assis juste à côté du reste, donc à chaque fois qu’on distribuait des feuilles, elles étaient encore bien imbibées et sentaient bon .. ça séchait vite après ..

    Entre ces duplicateurs et la colle cléopatra, y’avait vraiment de quoi finir junkie au primaire du reste 😉

  2. Calamity a dit :

    C’est amusant de faire un article sur un renifleur avec du papier qu’on reniflait. Je me souviens bien de ce papier où c’était écrit en violet et qui sentait fort.

  3. Thomas a dit :

    Yoogx, il s’agissait en fait d’un polycopieur à alcool (variante du procédé hectographique), qui est basé sur un principe différent de la ronéotypie.

    En ronéo, on imprime par dépot d’encre à travers un cliché perforé (stencil), sur un principe qui ressemble un peu à la sérigraphie. Le procédé à l’alcool, pour sa part, consiste à déposer une image sur le cliché au moyen d’un carbone spécial, puis à en transférer une fine couche sur chaque copie, humectée d’alcool au préalable.

    Voir à ce sujet Quelques procédés d’impression et de reproduction (Études et documents d’éducation n° 11, UNESCO, Paris, 1955).

    Calamity, on avait aussi des carbones verts pour imprimer en deux couleurs .

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