1983, année 6 — Apprendre à lire
J’entre à l’école élémentaire. J’ai la même maîtresse que l’an dernier, en grande section de maternelle. C’est Mauricette, c’est aussi la voisine du dessus et la maman de mes copains. C’est elle qui nous accompagne dans ce tournant crucial, cette charnière, le début de la grande aventure. On va apprendre à lire. Les petites phrases en relief sur les biscuits, les affiches dans la rue, les livres petits et gros. Un monde nouveau. Non, mille.
Il y a dans la bibliothèque de la classe un bouquin dont je ne me lasse pas : l’histoire d’un petit garçon qui tombe malade et va à l’hôpital se faire opérer de l’appendicite. Je le lis et le relis semaine après semaine, toujours aussi avidement.
L’écriture, c’est plus difficile. Je me souviens de mon premier cahier. Une ligne de gros caractères (les majuscules, c’est plus facile à dessiner, alors je refuse obstinément de tenter la cursive) étalés sur toute une double page. À force de persuasion, cependant, Mauricette arrive à me faire faire mes premières lettres sur la ligne. Je n’ai pas dit mon dernier mot, et j’aurai bien d’autres occasions, plus tard, de renâcler aux travaux de plume. Mais elle a parié sur le long terme, pour quand, bien des années plus tard, j’y prendrai goût.
Six de trente petits cailloux.
5 juin 2007 à 20:14
C’est marrant, je t’imagine tout a fait avec un petit air tres appliqué et un cartable trop lourd…
6 juin 2007 à 16:47
C’est génial, de lire tes souvenirs d’enfance, ça m’en fait remonter quelques uns, genre comment j’ai appris les chiffres, avec des supers dessins. Bon en réalité je me souviens surtout du trois, avec les trois cerises bien rouges…
7 juin 2007 à 18:12
je confirme, tout comme Mélie, c’est super sympa comme concept 🙂
9 juin 2007 à 10:05
Raphaele, tout ça date de l’époque lointaine où j’étais un petit garçon sage… Il doit y avoir quelque part au fond d’un album une photo de ce temps-là où j’ai l’air très studieux.
Melie, je ne sais plus quand j’ai apprivoisé les chiffres. Par contre je sais que j’ai appris les lettres devant Les chiffres et les lettres chez mes grands-parents paternels.
Nezumi, c’est une idée de Kozlika.
Pour moi l’exercice n’allait vraiment pas de soi, j’avais l’impression qu’il y aurait beaucoup trop d’années pour lesquelles je n’arriverais pas à trouver un souvenir saillant. J’avais pourtant envie de me lancer pour tout un tas de raisons sur lesquelles je reviendrai peut-être plus tard. Donc, j’ai pris mon cahier et mon stylo (finalement l’écriture repasse toujours par là, en dernier ressort) et j’ai numéroté les lignes, avec en regard les années, les âges, les classes. Et sur chaque ligne j’ai fini par trouver un sujet possible (auquel je ne me tiendrai pas nécessairement, mais qui m’assure au moins de ne pas avoir de « trous » dans la chronologie). Muni de ça, je pouvais y aller…