Secondes intercalaires

Lundi d’il y a deux ou trois semaines, sortie du bureau. La journée a été éprouvante, mais au moins je ne rentre pas trop tard. Mes jambes savent m’emmener toutes seules dans les couloirs du ventre de la ville. Tant mieux, ma tête est occupée à autre chose.

Un escalier mécanique. Un niveau après l’autre, je m’enfonce sous la terre à la lumière artificielle. Un coup d’œil à peine au tableau des trains au départ, quai trente-deux dans cinq minutes.

J’ai le temps de remonter le train à quai pour être près de la sortie à la prochaine station. Je lève rituellement les yeux vers le panneau lumineux. Départ, dix-neuf heures zéro sept.

Un escalier mécanique. Tiens, cette fois-ci, il monte. C’est étrange.

D’habitude, avant d’être sur l’escalier qui monte, il y a le signal sonore, les portes qui claquent, le train qui roule dans le tunnel. Il y a l’arrêt en station, descendre du train, croiser les voyageurs qui montent et la flaque d’eau sous la voûte qui fuit.

Mais là il y a juste le quai avant de partir. Et puis plus rien. Jusqu’à cet escalier qui monte. Je cherche les panneaux des lignes en correspondance. Manifestement, je suis bien arrivé. Il est dix-neuf heures onze. J’ai le mal de mer. Ça arrive, parfois, quand le temps est agité.


Ça arrive aussi à Jun.

3 réponses à “Secondes intercalaires”

  1. Aurele a dit :

    Ça m’arrive aussi de temps en temps. Plus jeune, ça m’est déjà arrivé plusieurs fois en voiture, alors que je conduisais. Impossible de dire si j’ai été attentif pendant ces moments perdus, je n’en ai aucun souvenir.

  2. cossaw a dit :

    Ca m’arrive tellement souvent en ce moment… Pour la voiture, ça m’est aussi arrivé – et ça m’a effrayé au point de m’arrêter sur le bord de la route et dormir pendant 2h !

  3. Melie a dit :

    Moi aussi ça m’arrive… et parfois en pleine conversation (ou en voiture, ce qui me fait très peur, mais ne le dites à personne susceptible de monter avec moi…), et quand on « revient » c’est très étonnant, inquiétant même. J’avais pensé, en bonne hypocondriaque, être la proie d’une épilepsie sournoise, et puis j’ai abandonné cette idée.

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