Une vie et une mort le temps d’un voyage en métro
Odéon, après le ciné. Je descends le quai, je mate, à mi-parcours je tombe en arrêt sur elle. Grande rousse, cheveux épinglés sage, au téléphone.
Montés dans la voiture. Elle continue à parler, je suis tout près, capturé par sa voix vive. Je la bouffe des yeux pendant que son sourire me dévore. Vivante. Lèvres rouges encore, elle sort d’un bar à sangria du quartier. Parle sans doute d’une rupture récente et d’une fête future. Amitié. Raccroche.
Lui parler, excusez-moi, vous êtes lumineuse radieuse très belle votre voix est envoûtante du miel de l’or vos lèvres j’ai envie de te prendre dans mes bras…
Le sourire solaire disparaît. Adossée à la porte, impériale, marmoréenne, traits parfaits, impénétrables et dignes. Elle cherche du regard le nom de la station. Elle descend ?
Non, encore un peu la voir désespérément. La foule s’est clairsemée, je pourrais m’approcher. Arrêt suivant, elle s’avance vers la sortie, descend.
Descendre la rattraper lui parler une dernière chance.
Je l’accompagne des yeux sans avoir pu bouger, spectateur cloué là impuissant, douloureux disloqué immobile, accroché debout au milieu du train. Elle disparaît sans que j’aie pu croiser son regard.
9 mars 2007 à 15:09
Ouf j’ai eu peur. En lisant le titre je m’imaginais deja que ca se terminait tragiquement pour la belle rousse ou pour le narrateur. Bon c’est triste, un peu, mais c’est beau, beaucoup.
9 mars 2007 à 15:13
Mais non c’est pas triste Tilly, c’est juste la petite mort tragique et familière des crushes métropolitains.
9 mars 2007 à 15:20
les rousses…les blondes…
🙂
9 mars 2007 à 16:53
cruches vides ou pleines??
9 mars 2007 à 19:51
Ah ces moments souterrains où l’on partage de manière fugace la vie des gens… Ces regards qui accrochent ou se cherchent sans se trouver, ces possibles jamais concrétisés, ces instants où l’imagination se débride et la rencontre se fantasme quelques secondes, entre deux stations, comme coupés du temps… J’en ai vécu tant quand je prenais le métro qu’aujourd’hui parfois ils me manquent, ces croisements de vies. Un monde de possibles…
9 mars 2007 à 19:59
Le site Paribulle permettra peut-être à certains ayant vécu la même chose que toi de se recroiser… 😉
10 mars 2007 à 12:34
Zoé, la probabilité de la croiser de nouveau dans le métro me semble — d’expérience — infiniment supérieure à celle de la retrouver sur ce genre de site.
23 mars 2007 à 09:45
Ah, que le métro devien intéressant, quand on ne lit pas et que l’on ne se concentre pas seulement sur son Epod !
12 février 2009 à 17:19
c’est pour ce genre de moment que j’aime le métro…
regarder les gens…
et regarder les gens qui regardent les gens…
en musique, cela peut donner cela
http://www.myspace.com/geraldgenty (voir « le Métro »)…