La course de Noël
Samedi 16 décembre. Neuf jours avant l’échéance et je commence seulement les achats. Émergé tard de sous la couette, le jour tombe déjà quand je me mets en route vers les vitrines étincelantes et les échoppes regorgeant de cadeaux petits ou gros et de clients en foule compacte. Les Halles, me voici.
Je file en premier chez Artès. C’est la troisième année que je viens là à Noël, je compte beaucoup sur des objets décalés et rigolos. C’est la déception, ils ne distribuent presque plus la collection Atypyk. Dommage. Je me rabats sur quelques bouquins d’art avant de me replier sur la FNAC.
Mais l’inspiration ne vient pas. Quelques livres encore qui devraient toucher juste, mais tant d’autres parents et amis à qui j’aimerais faire plaisir mais pour qui je ne trouve rien. Je change d’approche. Les bouquins, c’est un sentier trop balisé, ça doit être ça qui me paralyse. J’entre dans une boutique, et puis une autre encore. Plein de belles choses, bien sûr, mais rien dont je ne me dise « c’est ça qu’il lui faut, qui lui fera plaisir. ».
Bien sûr je pourrais demander, « Tu veux quoi comme cadeau ? Tu as des idées ». Ou, pire encore, laisser aux autres le soin d’acheter eux-même leur cadeau et me contenter d’arriver le soir dit, de les rembourser et de leur offrir un beau paquet dont je n’aurais jamais vu que le papier d’emballage. Trop glauque, je m’y refuse. Je n’admets pas, je ne me résigne pas.
Ce serait une solution de facilité. Je n’en veux pas. Alors je reste désemparé. C’est ma famille, ces gens si proches dont je me sens si loin. J’ai de plus en plus de mal à sentir comment leur faire plaisir, je me suis coupé d’eux. J’ai fui vers les lumières de la ville, il y a déjà tant d’années. Je les ai laissés me devenir des inconnus. Et je m’en rend compte là, au milieu de la foule en pleines emplettes de Noël, et j’ai envie de pleurer doucement pour essorer ma solitude. J’ai la gorge nouée et la tête n’y est plus. La course de Noël c’est fini pour ce soir.
24 décembre 2006 à 21:21
Je m’y suis résigné. Noël devient le moment obligatoire pour offrir. Je préfère l’absence d’occasions. C’est plus magique. Bonnes fêtes.
25 décembre 2006 à 11:39
grmmml
j’avais écrit un commentaire fort a propos expliquant pourquoi j’aimais pas les fêtes de noël mais y a eu plantade et il a été perdu!!!
Thomas je soupçonne un parti pris là … 😉
28 décembre 2006 à 09:17
Très joli, très vrai, un peu autoflagelleur mais c’est ce qui semble déclencher l’écriture chez toi.
28 décembre 2006 à 14:14
Justine, le terme d’auto-flagellation est mal choisi, il n’en est pas question ici, mais par ailleurs il est certain que la souffrance est souvent partie prenante de mon besoin d’écrire.
28 décembre 2006 à 14:14
Un parti-pris par qui et en faveur de quoi, Nezumi ?
29 décembre 2006 à 13:18
Je rigolais, comme si ton blog doué une intelligence autonome avait décidé de couper la chique à ceux qui fustigeraient les fêtes de noël. 😉
(j’avoue c’est seulement moi qui ai completement planté la saisie de mon commentaire) 🙂