Moments adultères
Ce sont des instants troubles, déliés du flux de temps. Des instants à l’écart, pour un moment seulement, où l’on s’éloigne un peu, à l’abri des regards. Ces instants anonymes où l’on glisse furtivement hors des chaînes de nos vies.
Dans les interstices du temps, j’ai croisé son regard. Elle l’a détourné. À moitié, tourmentée, partagée entre timidité et désir de s’offrir au désir de mes yeux. La fragrance du péché est un parfum subtil auquel je ne peux résister – j’ai goûté à ses lèvres comme un fruit défendu, et j’ai aimé cela et mes doigts sur sa peau.
Lorsque plus tard elle s’abandonnait en murmurant mon nom au creux d’un gémissement, sous les caresses conjointes de la lumière d’été, d’un souffle de vent frais et de mes mains sur elle, nous étions hors la vie, hors le flot. Une minute éphémère, le temps était en pause, et l’amour adultère pur et immaculé. Il a ceci d’unique que, mû par le seul désir, il n’est jamais sous l’ombre d’un dessein plus grand, jamais pris sous le poids des promesses passées et des projets futurs. Il ne connaît pas de lendemain. Seulement l’instant présent et la fragrance obsédante et douce du péché.
1 août 2006 à 09:57
Si vrai… Merci pour cet adultère poétique.
1 août 2006 à 13:10
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Aujourd’hui, Je me suis troublée sur un adultère Hier, J’ai ri sur un quai & je me suis laissée aller sur invitation Chaque jour, Je m’émeus sur des êtres sensibles & sensés Souvent, J’aimerais partir découvrir des…
3 août 2006 à 21:05
Joli… Il faudrait peut être un autre lieu pour évoquer cela?
5 août 2006 à 10:57
Parfois je me demande pourquoi les gens n’ont pas le punch de donner à leur amour officiel toute l’énergie, la véracité et la sensualité qu’ils peuvent donner à un adultère.
7 août 2006 à 16:05
Célinette, crois-tu qu’il faille moins d’énergie, de sincérité, de partage et de plaisir offert et donné pour porter une relation de quelque durée à travers les vicissitudes de la vie d’un couple que pour s’abandonner, l’espace seulement de quelques instants volés, à des voluptés interdites ?
8 août 2006 à 08:37
Thomas @ Célinette : je n’aurais pas su le dire mieux.
10 août 2006 à 09:53
Non je ne le crois pas… Je remarque juste que parfois certaines personnes s’investissent d’un élan merveilleux dans une relation adultérine, alors qu’ils se laissent bercer par les habitudes de la vie sans réagir pour leur relation de base.
Or je crois que les habitudes sont tueuses et que c’est là qu’il faut donner tout ce qu’on a pour ne pas laisser mourir son bel amour …
Belle journée,
TheCélinette
10 août 2006 à 22:33
Célinette, il n’est question ici ni d’habitude, ni de merveilleux. Plutôt de l’énergie d’un désespoir aigü qui seule peut payer le prix de cette fuite vers un corps inconnu.
Car la chair se paie de chair. Transgresser l’interdit, traverser le mur d’enceinte, c’est franchir à corps nus les barbelés qui cernent un amour exclusif.
Et la chair se paie d’âme. Pour prix de la jouissance, il y a le savoir, qu’on ne peut oublier, qu’en se faisant du bien on déchirera l’âme d’un autre aimé qui ne se doute encore de rien et qui croyait en vous. Pour prix d’un regard trouble, il y a la certitude de faire face bientôt au regard qui scrutera le fond des yeux coupables de l’avoir trahi.
11 août 2006 à 06:39
Merci de faire enfin référence à cet autre qui n’avait pas encore été mentionné.
11 août 2006 à 09:04
Tout le monde ne voit pas des barbelés (!!) autour d’un amour exclusif. Certains y verront un champ de coquelicots aux horizons infinis, un terrain idéal sur lequel on a envie de construire…
11 août 2006 à 17:06
Je pense que la question est toujours de savoir où on veut donner son énergie, s’impliquer:
dans la relation qu’on a? alors il faut se battre coute que coute (mais pas se battre tout seul bien entendu, l’idée n’est pas d’y laisser sa peau)
ailleurs? alors essayer de comprendre la raison qui nous pousse vers cet ailleurs et une fois la question élucidée prendre ses dispositions (parfois c’est partir, parfois c’est relancer la relation courante)
Quoi qu’il arrive, il importe de rester juste et sincère (faire de son mieux au moins), ne pas perdre ou brader ses rêves, s’écouter et se donner le droit au bonheur. 🙂
Chacun trouve son équilibre comme il veut ou comme il peut. Vive la diversité! 😉
13 août 2006 à 20:46
Et la réponse ne serait-elle pas de se laisser porter par l’Ecriture ? Celle que Thomas nous offre au-delà de l’acte en lui-même ?
Le débat est vaste et moi, personnellement, je me retire parce que j’ai le sentiment que j’entre dans une sphère trop intime et je ne veux pas prendre position. Je sais les douleurs. Je sais les faiblesses. Il faut du temps. Il faut comprendre. Chaque histoire est unique. On croit savoir quand on ne l’a pas vécu. Et un jour ça nous tombe dessus et tout est remis à zéro. On s’aperçoit qu’on ne savait rien. On vit la complexité des relations humaines. On renaît à soi. Une douleur, une épreuve mais une chance aussi : celle de vivre, celle d’aimer.
20 août 2006 à 18:52
J’ai vécu l’adultère en étant la victime, et tout d’un coup tout devient moins poétique… Comme c’est bizarre…
4 septembre 2006 à 08:37
Je le vis, en souffre tout en y prenant plaisir. Une lâcheté tout autant qu’un « courage », une fuite et une quête…
14 septembre 2006 à 07:19
quel bel écrin que vos mots pour cet amour, amour d’un soir, amour d’une heure… qui resplendit par la suite sur les coeurs….
l’instant, l’intense, la fameuse tentation jaillit de vos mots comme elle jaillit de tous ceux qui ont connu un tel instant…
mais quand l’instant se prolonge… quand les sentiments habitent l’instant…je rejoins le dernier com de Fab… »je le vis, en souffre tout en y prenant plaisir »…
qui suis je ??? je suis l’autre….sourire… la voleuse… sourire… la maitresse…. celle qui l’aime dans l’ombre…
merci pour ce partage de mots Thomas…
nathalie