Mais en fait, t’es qui ?
Ce jour-là, il y a quelque temps, je suis allé bosser en métro. C’était un de ces matins grisouilles, humides et encore froids, où l’hiver tient bon devant un printemps qui n’ose pas dire son nom. Ça ne motive pas pour enfourcher Belzébuth. Quand je suis monté dans le train, je l’ai remarquée, adossée à la porte opposée. Elle était plutôt jolie, brune et fine, l’air vaguement familière. De vagues réminiscences la raccrochaient à une soirée chez L., je crois, sans toutefois pouvoir en jurer. En tous cas elle m’a souri et m’a tapé la bise. Salut, comment tu vas ?
Zut. Zut zut zut. C’était quoi, cette soirée ? Elle avait un prénom ? Non, c’est pas A., elle lui ressemble un peu mais c’est pas elle. Zut, zut zut zut. Gagner du temps, small talk et cold reading en attendant qu’elle lâche par inadvertance une bribe d’information qui me permettra de repêcher son dossier dans les tréfonds de ma mémoire bordélique. Je me justifie maladroitement d’être là — ce n’est pas la station la plus proche de la maison, mais je viens de déposer Choupinette chez sa nourrice. Ah, oui, mumblemumblePèreLachaise, elle marmonne un truc indistinct, semble accepter mon explication.
Rha, je suis naze…, elle fait. Bon, ça veut dire que je suis supposé savoir ce qu’elle a fait hier soir, imaginer pourquoi elle serait fatiguée ? Je suppose que c’est le moment où la perplexité se lit sur mon visage en lettres de feu. C’est là qu’elle percute :
— Euh, excuse-moi, je crois que je t’ai confondu avec quelqu’un d’autre… Raphaël, il a deux filles, il vient de se séparer… Mais… tu as fait comme si tu me connaissais !
— Euh, oui, mais je sais que j’ai une mauvaise mémoire des visages…
Je suis du même coup soulagé, pour cette fois ma mémoire avait raison de me dire « inconnue au bataillon ».
Elle est allée s’asseoir, à la fois rigolarde et penaude. J’ai plongé dans mon bouquin en la regardant en coin. Quand je suis descendu on s’est souhaité Bonne journée !
29 mars 2013 à 00:25
C’est un peu le genre de trucs qui pourrait m’arriver d’autant plus qu’à présent j’ai une strate de mémoire appelée « clients » et qui pour les plus sympas et réguliers d’entre eux vient foutre le bazar parmi mes souvenirs de rencontres côté « vie personnelle ». En plus que tu le racontes bien et qu’on VOIT la scène.
29 mars 2013 à 00:28
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29 mars 2013 à 02:01
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29 mars 2013 à 06:57
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29 mars 2013 à 09:07
Il y a pire: le type ou la nana qui se souvient parfaitement de toi … et dont tu n’as aucun souvenir. Ca m’est arrivé une fois dans un train. Le trajet d’une heure a été très long.
29 mars 2013 à 09:45
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29 mars 2013 à 09:45
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29 mars 2013 à 09:45
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29 mars 2013 à 09:45
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29 mars 2013 à 14:25
Très heureuse de te lire à nouveau.
29 mars 2013 à 17:46
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17 avril 2013 à 16:33
Je lis une nouvelle de Nora Ephron, « Qui êtes-vous ? » dans le recueil « Je ne me souviens de rien et autres réminiscences » et je souris en pensant à ces petites mésaventures que nous avons tous à l’un ou l’autre moment.
10 novembre 2013 à 14:14
Peut-être aimeriez-vous la nouvelle « Le contrôleur bulgare », dans le recueil de nouvelles « le traducteur kleptomane », de Dezsö Kosztolanyi.
14 mars 2015 à 17:46
Merci Siobhan, je viens de lire ça ! Excellent en effet, tout comme le Traducteur.