Scoop
Un soir de fin de vacances, vous avez passé la journée d’avant à ne rien faire que cuver votre réveillon et celle-ci à tourner en rond sans pouvoir vous décider à sortir faire quelque chose d’utile. Vous vous dites que ça commence à bien faire et que ce n’est pas parce que les amis sont aux quatre vents (et que de toute façon vous ne vous sentez pas l’énergie d’organiser quoi que ce soit) et que vous êtes seul à Paris ce soir que vous ne pouvez pas vous faire une bonne soirée ciné-resto.
Vous vous prenez donc par la main pour vous habiller et sauter dans le RER. Direction le MK2 Hautefeuille, puisqu’il a le bon goût de projeter encore le dernier Woody Allen. Votre billet pris une bonne heure à l’avance, vous vous calez, tranquille, dans un coin de brasserie, un œil sur le trottoir à travers la large baie, l’autre oreille en aguet aux discours anglophones de la table adjacente, Un keer royale & trwâââs white russians, s’eel voo play. Pour vous ce sera un confit de canard, un verre de bordeaux et un café. Quelques pages de Jonathan Safran Foer pour le dessert.
Et puis enfin vous vous installez dans la salle obscure. Dès les premières minutes, vous riez à la mort, parce qu’avant même d’être à l’écran Allen est là avec ses pires angoisses qui sont aussi les vôtres, et que le mieux qu’il sache pour s’en garder c’est de vous faire marrer, histoire de distraire un instant seulement la faucheuse pressée. Par un tour de passe-passe, il fait la nique au nocher et renvoie sur la terre, en apparition express, un reporter vedette qui tient le dernier scoop de sa vie premier scoop de sa mort.
C’est à la journaliste en herbe Sondra Pransky (Scarlett Johansson[1]) qu’échoit le bébé. Elle se fait fille adoptive putative d’un vieux prestidigitateur (juif et new-yorkais, bien sûr), obsessionnel et logorrhéique (Woody Allen) ; ces deux-là vont se livrer à une course-poursuite aux trousses d’un mystérieux tueur en série en s’infiltrant avec effronterie et suffisamment d’ingénuité pour avoir juste l’air excentriques dans la bonne société aristocratique londonienne. Indispensables l’un à l’autre, ils n’auront de cesse de se contredire l’un l’autre, sûrement un peu pour le plaisir, campant chacun farouchement sur sa position, quitte à les échanger de temps en temps.
Vous restez bien au fond de votre siège jusqu’à la fin du générique et vous sortez ravi d’avoir ri sans retenue. Vous vous y attendiez parce que c’est Woody, vous n’êtes pas déçu d’y être Allen.
Scoop de Woody Allen (USA – 2006).
Également chez Matoo, RCerise.
- Rhaaa, lovely ! ↩
6 janvier 2007 à 19:21
voui 🙂 j’ai toujours adoré ce type 🙂
7 janvier 2007 à 07:40
Et Safran Foer alors ? C’est pas génial aussi, dans un autre genre ?
7 janvier 2007 à 13:03
Oui Melie, mais j’en suis pas encore au bout (je lis vachement moins vite en VO, mais en général ça vaut la peine, et en particulier pour ce bouquin-là ce serait vraiment dommage de le lire en adaptation).
11 janvier 2007 à 14:41
Oui hein, rhaaa lovely…
15 janvier 2007 à 09:44
Thomas+Aurele: hmmm… on a décidément pas les mêmes goûts en matière de filles.