La ligne cinq vers le Sud

Tu viens de croiser les visages matinaux de la gare de l’Est. Comme toi, les autres voyageurs ont des restes de nuit dans les yeux.

Tu n’as pas beaucoup dormi, tu traînes encore derrière toi des lambeaux de sommeil. Tu descends dans le métro. Tu t’installes dans la rame, calé sur la banquette. Ta tête s’appuie contre la vitre qui vibre. Le train s’enfonce dans le boyau sombre et tiède. Tu finis ta nuit là, bercé par les bruits de la foule, le ronronnement des moteurs, la caisse qui craque et les portes qui claquent.

On s’arrête à Bastille. Puis c’est encore un tunnel sombre. Arsenal, station-fantôme, les quais perpétuellement déserts. Et puis tu sens venir de l’autre bout du train des couleurs plus vives, un air différent. C’est le bout du tunnel, tu le sens, il est là, sur toi. Quai de la Râpée, on repart. Tu prends le soleil en pleine gueule, comme un paquet de mer. Ça pique les yeux et ça caresse le visage. Le ciel est pur, l’air sans doute glacé. La Seine brille et t’éblouit.

Le train entre en station, Gare d’Austerlitz. C’est beau, un froid matin d’hiver.

Une réponse à “La ligne cinq vers le Sud”

  1. akynou/racontars a dit :

    C’est beau comme ton texte

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