Défenestration
Je viens de me faire une hollandaise. Elle est bonne.
Elle allait très bien avec ce pavé de saumon. Pourtant, ce n’est pas facile d’émulsionner le jaune d’œuf juste tiède avec le beurre fondu et le jus de citron.
Un dîner seul, un samedi soir, cela ne veut pas dire qu’il faut se laisser abattre. Une bonne bouffe, une grande bière fraîche, ça aide à faire face au soir d’été. C’est une vie étrange que celle que je vis en ce moment. Toujours dehors les soirs de semaine. Mais quand arrive le week-end, ces vendredis et ces samedis où tout le monde s’apprête à faire la fête, je me retrouve tel qu’en moi-même.
Je voulais aujourd’hui – pour une fois – profiter du soleil, histoire de ne pas voir le soir voiler la ville et la lumière du ciel en me disant « zut, encore pas sorti cette fois-là, ce sera pour la prochaine fois ».
J’ai arpenté Paris, appareil photo en bandoulière, casquette vissée sur la tête, en jouant au touriste pour mieux voler quelques images d’une journée qui avait presque un goût d’été, un goût de vacances. Salué les courageux ouvriers qui, en plein cagnard, construisent l’extension du square Villemin. Croisé quelques regards au passage, rêvé à quelque distance des couples amoureux qui s’embrassaient le long du canal Saint-Martin, caressés de soleil et de la fraîcheur de l’eau. Croisé quelques sourires aux terrasses des cafés. Glané un « Je t’aime » bombé sur un trottoir rue Bichat. Glané encore un reflet dans une flaque d’eau, et raté le portrait en contre-jour de la statue de la République.
Et puis mes pas m’ont ramené sans se presser vers la maison. Parti seul, marché seul, rentré seul. J’ai vu la nuit tomber par la fenêtre.
29 mai 2005 à 05:05
Rentré seul, moi aussi. Je vois le jour se lever par la fenêtre. Tu me passes le relais, Thomas ?
Combien de coeurs solitaires dans Paris aujourd’hui ? Combien qui écrivent aussi bien que toi ?
29 mai 2005 à 12:32
Je me suis fait
Un grand noir
Il est parfait
Au coeur de poire
Le jus coulant
Se glissant
Dans mon corps
Encore et encore
Pas de doute
Toutes ces gouttes
Provoquent l’émoi
Au fond de moi
En racheter
Car ce café
Emoustille
Mes papilles
29 mai 2005 à 14:47
c’est très beau fort belle accroche ma foi
29 mai 2005 à 15:37
Voulais-je, moi aussi, voir la nuit tomber ? Le jour se lever ? Volet, ote-toi de mon soleil !
Quelle est la définition de coeur solitaire ?
30 mai 2005 à 03:21
C’est toujours étrange de vivre en « tête bêche ». Sortir la semaine, se solitairer le W.E… Rassurant de croiser des mots qui ont ces drôles de rythmes aussi.
5 mars 2008 à 19:47
Je suis tombée par hasard sur ton site
Je trouve que tes textes sont magnifiquement écrit.
Voilà et Bonne Continuation
Bises
8 mars 2008 à 00:20
Merci Marie-Claude, bienvenue…