Ô temps, suspends ton vol
Extérieur nuit. De petits groupes discutent sur le trottoir. Tu vas partir, mais j’ai pu te dire au revoir, alors il ne fait pas si froid. Nous parlons de tous et de rien en attendant que nos chemins se séparent. Une mèche tombe sur ton visage.
Maladroitement, ma main s’approche, l’écarte un peu et la repose sur ton oreille. Personne ne s’est aperçu de rien. Ai-je rêvé ? Tu n’as pas réagi, ne m’as pas repoussé, je n’ai pas croisé ton regard.
Longtemps, je n’ai pas su m’aventurer dans ce pays brumeux. Je n’ai pas su être ce funambule, j’avais peur d’affronter le vide en marchant sur le fil qui marque la frontière pour en savoir le contour. J’avais peur de l’instant où, parfois, les corps basculent.
Ce soir, pourtant, cette fraction de seconde, j’effleure ta peau du bout des doigts. Ce soir je me suis aventuré dans la zone des limites que l’on cherche à repousser, d’une main tremblante, d’un geste infinitésimal… Un de ces jours, peut-être, je te demanderai si tu te souviens de cet atome de temps.
C’est étrange comme le désir se manifeste par le moment où je franchis une limite. La main qui caresse, c’est la main qui transgresse.
6 mars 2005 à 02:34
Je suis de l’autre côté et tu me donnes envie de joindre paroles et gestes. J’ai farfouillé dans les textes de février, t’ai suivi dans le RER, ai lu ces vieux mails au-dessus de ton épaule… Je fais ctrl/D Reviendrai souvent
6 mars 2005 à 09:37
Délicat morceau de soupir.
7 mars 2005 à 13:44
En tout cas, c’est très joliment écrit et on imagine les gestes… et la non réaction.