La nature a horreur du vide
Hier soir, après le ciné, on est allés manger des sushis. Pendant que je me délectais d’un bout de saumon frais sur son canapé de riz gluant, elle m’a dit qu’elle avait enfin évincé son ex de ses pensées. Pourquoi cette maïeutique avait-elle été si pénible et si longue ? L’attachement lui paraissait irrationnel aujourd’hui, puisque cela ne faisait que la rendre malheureuse. Pourquoi le quitter pour de vrai, pour de bon, avait-il été si difficile ?
Recouvrer sa liberté, c’est se retrouver seul devant sa glace le matin. Et le soir, aussi. Ça laisse un grand vide dans la vie, et le vide fait peur. Il fait peur parce qu’il attire, parce qu’il avale, il engloutit. Sortir d’une relation-prison, c’est faire le grand saut dans l’abîme de la liberté, et sans parachute. Cela peut faire peur, je le conçois, je le crois en tous cas. Quand de l’amour il ne reste plus que des souvenirs, qu’une souffrance dans la présence de l’autre, cette présence est encore quelque chose. Mettre fin à la souffrance, cela ne se fait qu’au prix du dernier sacrifice, de l’abandon, du deuil de cette présence. C’est peut-être là ce qui fait toute la difficulté d’une vraie séparation, toute indispensable qu’elle apparaisse.
Pour cesser de souffrir, il faut trancher dans le vif, briser ces chaînes qui sont autant des entraves qu’une ligne de vie, et prendre la responsabilité de plonger sans savoir s’il y a un filet en-dessous. (En général il n’y en a pas, de toute façon.) L’instant d’avant le saut, c’est celui du nœud dans l’estomac, celui où rien n’existe que le vertige. Et là, on hésite toujours, comme quand on est assis au bord de la porte ouverte d’un avion en vol.
Mieux vaut être seul que mal accompagné… ou pas.
11 février 2005 à 22:53
Mais alors, que dire de tous ces individus qui restent mal-accompagnés par peur de la solitude ? Sont-il vraiment à l’abri du vide ? À mon avis, ceux-la nagent en plein dedans sans même s’en apercevoir.
Si ça se trouve nous sommes entourés de millions de couples maintenus uniquement par … l’illusion du non-vide!
La théorie thomaquinesque fait froid dans le dos !
…
PS: bon alors, c’est qui "elle" ?
11 février 2005 à 23:02
oui la nature a horreur du vide
d’ailleurs j’ai faim
12 février 2005 à 00:29
L’illusion du non-vide, précisément. Pour ne pas vivre seul.
« Pour ne pas vivre seule,
Moi je vis avec toi
Je suis seule avec toi,
Tu es seul avec moi.
Pour ne pas vivre seul
On vit comme ceux qui veulent
Se donner l’illusion
De ne pas vivre seul. »
http://www.paroles.net/chansons/...
14 février 2005 à 19:24
Nico : moi je sais, moi je sais 🙂
…ou pas.
18 février 2005 à 13:01
Moi j’ai eu peur de savoir, mais mes craintes ont été dissipées. Et d’ailleurs, vive le célibat.
18 février 2005 à 13:03
Pourquoi « peur » ?
18 février 2005 à 13:10
Aimerais-tu être totalement « évincé des pensées » de tes ex ? Moi non, c’est de l’amour-propre peut-être mal placé, mais je l’assume.
18 février 2005 à 13:23
Totalement ? Non, bien sûr… Mais j’espère aussi n’être pour aucun-e d’elleux une obsession qui leur empoisonne la vie et les empêche d’aller de l’avant. Marie (non, pas la rousse…), elle était entravée, accrochée, retenue quelque part dans son histoire passée. Plus maintenant.
18 février 2005 à 19:00
Pour ce qui est d’être évincé des pensées de ses ex, mon amour-propre a été récemment conforté quand une de mes miennes, un soir de DVD-couette avec ma chère et tendre, s’est soudain saisi de son téléphone pour me demander des nouvelles (d’un air langoureux) après 7 ans (!) de silence.
Elle: "Je crois t’avoir vu samedi du côté d’Odéon, mais come tu étais avec des gens, j’ai pas voulu te déranger" Et moi de me dire en pensée: "merde qu’est-cec que je faisais de coupable à ce moment-là ?" qui prononce un "ah bon" inoubliable, brillant hommage à mes talents réthoriques. Il s’en est suivi une conversatoin banale de deux minutes trente, qui me fut vertement reprochée par la suire. On se demande bien pourquoi.
Moralité: on peut être beau et con 🙂