Rappelle-toi
Rappelle-toi que tu n’es pas ici pour plaire. Pas ici pour séduire. Qu’ici n’est pas le lieu seulement du beau, du joli. C’est le lieu du dedans avec des larmes, du sang, du sperme, aussi. Rappelle-toi qu’à force de vouloir montrer une surface lisse et blanche, immaculée, tu n’arriveras jamais qu’à construire un mur sans aspérités. Rappelle-toi que tu n’es pas tout blanc ou tout noir. Tu es gris, tu es vert, vert glauque, vert prairie, c’est selon, bleu, rose. Rappelle-toi que tu n’écris pas pour donner en spectacle de l’aimable polissé.
Rappelle-toi d’être toi-même. Ah, bien sûr, tu as choisi d’écrire sous ce nom-là, celui des pères et des pères de nos pères, et celleux-là dont tu croiseras le regard demain savent bien que tu es celui qui s’expose ici. Ce serait si pratique, hein, de n’avoir l’air de rien. Mais n’oublie pas l’injonction qui est à l’œuvre, l’envie, le désir d’écrire qui rampe et s’empare de ta main. Ne cherche pas à la tordre pour en faire autre chose. Tu n’es que l’instrument. Laisse couler ce qui doit.
Rappelle-toi qu’il est vain d’être lisse et stérile. Et alors de nouveau tu arriveras à écrire.
30 avril 2008 à 23:08
Le premier paragraphe…un plaisir sinon une vérité.
1 mai 2008 à 12:50
pas évident… voir sur rue89 l’article sur « effaceurs du web »… couler ce qui doit… mais couler où?
3 mai 2008 à 12:28
Ah oui… moi je dis oui!