Sans les mots
Un dimanche comme ça, abrutir la fatigue à coups d’heures de sommeil jusqu’à ce qu’elle cède, la carne. Pour quelques heures seulement avachies sur le canapé à attendre qu’elle revienne en mangeant à des pas d’heures des fromages gouteux et des raisins sucrés.
À l’arrivée précipitée du soir, mouillé de pluie après l’après-midi gris par la fenêtre, faire le compte des mots prononcés. Ah, si, ce coup de fil providentiel de M. en détresse, code perdu au pied d’un immeuble de banlieue cossue. À ceux-là près, pas un.
Instant de vide. C’est là qu’on le sent le pire au creux du ventre. C’est celui-là que je ne parviens pas à remplir, parce que tous les corps nus du monde ne peuvent rien à la torpeur d’un soir d’absence.
26 février 2007 à 07:28
Ah, notre époque… On est dépendant à l’hypercommunication et les sevrages ponctuels sont rudes. Est-ce qu’on ne se vide pas un peu de notre monde intérieur (imaginaire, fantasmatique) à échanger des mots tout le temps ?
26 février 2007 à 18:33
J’ai passé de nombreuses soirées voire des journées entières dans ce genre de solitude. Dans mon cas d’ailleurs, il ne s’agissait pas forcément d’un sevrage : je n’ai jamais été très friande des longues conversations téléphoniques ou sur des chats ou des blogs.
Mais ça reste forcément un sentiment terrible, de se rendre compte un soir qu’on n’a pas ouvert la bouche de la journée pour parler à quelqu’un.