L’adieu aux larmes
Sept heures, le bip-bip du réveille me vrille les tympans. Dorine dort encore près de moi. Je me lève sans bruit, la laisse profiter d’encore un peu de sommeil.
Huit heures, sur le trottoir, sous la pluie, nos yeux encore gonflés de sommeil affrontent la lumière laiteuse du temps d’automne. Mais on s’est mal compris sur l’organisation de la matinée, elle doit être dans une heure à l’autre bout de Paris. Notre planning est fichu, on s’est levés pour rien.
La tension est palpable. Tous les deux épuisés, contenant difficilement notre énervement. Tâchant maladroitement de dire ce qui ne va pas, luttant contre la pente pour ne pas glisser dans l’affrontement. À grand-peine on s’explique, un peu. Reproches échangés, discutés, pour ne pas laisser la rancœur se construire sur l’incompréhension. Les mots peinent à sortir. Que de travail pénible pour un incident si banal, si insignifiant.
La gorge nouée, mes mots et mes pensées se brouillent. La colère qu’on ravale laisse un goût amer dans la bouche et une douleur tenace dans les entrailles. Je sens mon visage se déformer, tâche de retenir, à force de volonté, les larmes qui montent. Je ne veux pas pleurer, là, dans ses bras, pour si peu, pour un rien.
Je ne tiens pas longtemps. Je laisse l’eau chaude et salée inonder son épaule en silence. Je reprends un moment le contrôle, au revoir, un baiser, elle s’en va. Je m’effondre, liquéfié.
10 novembre 2005 à 16:44
J’aime beaucoup ce que vous écrivez.
10 novembre 2005 à 18:12
du mal, du mal.
11 novembre 2005 à 23:26
… no sé qué décir…
12 novembre 2005 à 19:34
C’est simple, beau, émouvant. Rien à dire.